Une étude de l'Unicef ouvre les yeux sur les micro violences à l'école 

Par François Jarraud



Une recherche menée par l'Unicef et dirigée par Eric Debarbieux et Georges Fotinos, évalue à un enfant sur dix le nombre d'élèves subissant un harcèlement répété à l'école.  "Nous disposons d'un solide outil pour rendre visible cette situation, alerter les pouvoirs publics et la communauté éducative. C'est le préalable à l'action que nous appelons de nos voeux". Pour Jacques Hintzy, président de l'Unicef France, le chemin semble tracé : la communauté éducative ne peut plus fermer les yeux.


"Nous disposons d'un solide outil pour rendre visible cette situation, alerter les pouvoirs publics et la communauté éducative. C'est le préalable à l'action que nous appelons de nos voeux". Pour Jacques Hintzy, président de l'Unicef France, le chemin semble tracé : la communauté éducative ne peut plus fermer les yeux.


L'outil est effectivement solide. Grâce à un financement privé, l'enquête a touché 13 326 enfants de CE2, CM1 et CM2, répartis dans 157 écoles de 8 académies. Elle a été dirigée par Eric Debarbieux, et Georges Fotinos, de l'Observatoire international de la violence à l'école, en collaboration avec 7 laboratoires ou instituts de recherche. C'est bien une "enquête scientifique exceptionnelle" dont la méthodologie ne pourra pas être contestée.

 

"Il reste dans l'école des enfants heureux", tient tout de suis à signaler Eric Debarbieux qui veut rendre hommage aux enseignants. 95% des enfants jugent positifs les enseignements. 89% se sentent bien à l'école et ont de bonnes relations avec leur maître ou leur maîtresse. 72% aiment aller à l'école. Le rapport souligne aussi les progrès dans la baisse de la violence exercée par les adultes à l'école. Cependant il reste encore 5% d'élèves qui déclarent avoir été battu par l'enseignant.

 

Enfin presque... Mais le rapport égrène aussi des données plus douloureuses. Selon G Fotinos, 42% des élèves n'aiment pas leur cantine et 24% le personnel de cantine. C'est un pourcentage important d'enfants pour qui le temps du repas n'est pas vraiment celui de la relaxation. 28% n'aiment pas aller à l'école. 17% ont de mauvaises relations avec leurs camarades et 8% ont peur à l'école.  C'est que 12% des élèves sont victimes de micro violences répétées, c'est à dire de harcèlement. Un enfant sur dix est victime de moqueries. 7% de violences physiques fréquentes.  14% d'agression sexuelle (déshabillage forcé, voyeurisme etc.). En fait l'étude montre que ces violences se répètent sur les mêmes enfants. "Quand un enfant commence à être harcelé", explique E Debarbieux, "toutes les formes de violence sui tombent dessus". Ce harcèlement a des conséquences graves : dépression, suicide, fuite vers la violence, décrochage scolaire. Les agresseurs sont nettement plus souvent des garçons que des filles.

 

Que faire ? Pour Eric Debarbieux, il est possible de réduire ces souffrances. Il a cité les exemples des pays d'Europe du Nord qui ont réduit de moitié le harcèlement grâce à des programems mis en place dans les écoles. Or en France, "la notion même de programem est ignorée". Ces programmes apprennent aux enfants à contrôler leurs émotions, à détecter les émotions de l'autre, à respecter les règles du respect. Ils devarient être efficaces avec 80% des enfants. "10% des élèves sont un peu borderline", ajoute-il. "Ils ont besoin d'une intervention spécialisée que les Rased (que E Debarbieux soutient) savent faire. Il restera 2 à 4% plus durs. Il fait penser à eux". Le rapport relance l'idée d'une prévention précoce et donc d'un repérage de ces enfants. "Faut-il abandonner les enfants en difficulté ?", interroge E Debarbieux. Il estime qu'on peut faire ce suivi sans mesures liberticides.

 

Eric Debarbieux a été chargé par Luc Chatel d'un rapport sur la question du harcèlement à l’école. Il devrait être rendu fin avril et sera suivi d'Assises nationales début mai. C'est dans ce cadre, et dans la continuité des Etats généraux de la sécurité à l'Ecole, que des mesures pourraient être envisagées.

 

Liens :

Le rapport

http://www.unicef.fr/contenu/actualite-humanitaire-unicef/l-eco[...]

Il est temps de dé-idéologiser le débat

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/laclasse/Pages/201[...]

Les Etats généraux de la sécurité à l'Ecole

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2010/04/EtatsG[...]


Debarbieux remet un rapport sur le harcèlement à l’école

Éric Debarbieux, président du Conseil scientifique des états généraux de la sécurité à l’école, a remis à Luc Chatel le 12 avril un rapport sur le harcèlement à l’école. « En s’appuyant sur de nombreuses auditions, cette étude fait un point sur la connaissance, au niveau international, des phénomènes de harcèlement à l’école, dont le récent rapport UNICEF France a montré l’importance au niveau de l’école primaire française. Il met également en évidence la nécessité d’une politique nationale sur un sujet encore tabou en France et sur lequel l’ensemble de la communauté éducative doit aujourd’hui se mobiliser, à l’instar des dynamiques initiées dans plusieurs pays développés », explique le ministère. Selon lui, le rapport « fait de nombreuses propositions concrètes, structurées autour de quatre thèmes : connaissance et reconnaissance du harcèlement entre pairs, formation et intervention, mobilisation collective, prévention et sanction ». Il sera rendu public avant le 2 mai , date d’ouverture des assises nationales sur le harcèlement à l’école.

Communiqué

http://www.education.gouv.fr/cid55754/harcelement-a-l-ecole-rem[...]



Sur le site du Café

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