Education à la sexualité : L'Ecole impuissante 

Par François Jarraud



   

L'intérêt médiatique pour l'augmentation des IVG chez les jeunes est venu accuser l'Ecole sur les insuffisances de l'éducation sexuelle.  Pourquoi l'Ecole n'arrive-t-elle pas à lutter de façon efficace contre les grossesses des adolescentes ?

 

Un rapport accuse. "La mission insiste sur la nécessité de se donner les moyens d’appliquer la loi en matière d’information et d’éducation à la sexualité à l’école, notamment à travers la mise en place d’un système de suivi opérationnel et de pilotage". L'enquête menée par Claire Aubin et Danièle Jourdain Menninger en 2009 met en évidence le fait que l'obligation légale en matière d'éducation sexuelle à l'école " soit très inégalement et partiellement appliquée". La loi impose trois séances annuelles d'éducation sexuelle : elles sont rarement faites. Le résultat c'est " la persistance dans la population française d’idées fausses et de lacunes importantes dans la connaissance de la contraception et des moyens pour éviter une grossesse non désirée".


La question des moyens. Evidemment le rapport a raison de poser la question des moyens. Si l'on veut inscrire l'éducation à la sexualité en plus des enseignements traditionnels, il faut bien pouvoir les financer. En février dernier, la ministre de la santé avait annoncé son intention de changer cela. "Avec Luc Chatel nous allons mettre le paquet sur l'information en milieu scolaire", déclarait-elle au Monde. Cette promesse a peu de chances d'être tenue...


Et celle des réticences. Mais on peut se demander pourquoi cet enseignement n'est pas simplement intégré dans les enseignements classiques. Il faut faire la part des réticences politiques des ministres face aux questions de la sexualité. Récemment l'affaire du Baiser de la lune, autorisé puis interdit, a montré le poids de la pruderie ministérielle. Les résistances à la diffusion du Pass contraception, par exemple à Poitiers, pourtant un outil efficace contre les grossesses précoces, montrent que le sujet reste  politiquement délicat.


Est-ce seulement la peur de la sexualité adolescente ? Le professeur Nisand a raison de déclarer au Monde que "l'on fait comme si la sexualité des ados n'existait pas". Il faut ajouter que c'est plus globalement l'existence du corps que l'Ecole réfute. La tradition scolaire française s'est construite sur le mépris des fonctions corporelles, comme une simple visite des toilettes scolaires le démontre. Mais pour autant elle n'a pas accordé plus d'estime à l'affectivité, à l'expression des sentiments et à l'épanouissement personnel des jeunes. Elle s'est barricadée dans une vision rationaliste qui l'a fondée mais qui se révèle aujourd'hui une carapace bien lourde à porter.  En ce sens, l'éducation à la sexualité est un indicateur particulièrement intéressant de l'évolution de l'Ecole.

Rapport IGAS

http://lesrapports.ladocumentationfrancaise.fr[...]


L'article du Professeur Nisand

"On fait comme si la sexualité des ados n'existait pas, dénonce, dans Le Monde, le professeur Nisand, gynécologue au CHU de Strasbourg. Quant à la loi sur l'éducation sexuelle à l'école, "il n'y a aucune région de France où cette loi est appliquée parce qu'il n'y a aucune volonté politique de la faire appliquer".  Cette vigoureuse réaction vient après la publication d'un rapport de l'IGAS qui montre une croissance des IVG chez les adolescentes. On serait passé de 10 000 à 13 000 IVG par an chez les mineures de 2002 à 2006.


En février, la ministre de la santé avait annoncé son intention de changer cela. "Avec Luc Chatel nous allons mettre le paquet sur l'information en milieu scolaire", déclarait-elle au Monde. Plus récemment , le dernier numéro du Bulletin départemental du Nord, consacré à l'éducation à la santé, aborde beaucoup de thèmes mais confirme que l'éducation à la sexualité reste tabou.

Article du Monde

http://www.lemonde.fr/societe/article/2011/03/0[...]

Bulletin Nord

http://www.ac-lille.fr/ia59/bulletin_departemental/pdf/[...]



Sur le site du Café

Par fjarraud , le lundi 21 mars 2011.

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