Carte scolaire et mixité sociale : le défi impossible de Darcos 

Par François Jarraud

"A terme, chaque établissement devra contribuer à la mixité. Je ne veux pas employer le mot de quota parce qu'il est horrible, mais nous allons essayer d'encourager la mixité géographique et sociale au niveau de chaque établissement. Au plus tard en 2010, nous aurons vraiment donné la liberté de choix aux familles. ". Cette promesse, Xavier Darcos est-il capable de la tenir ? Il nous semble que la mixité et la liberté parentale pourraient se fracasser sur deux obstacles.

 

85e3.jpgPour la mixité il faut accepter l'hétérogénéité. Ce n'est un secret pour personne qu'il y a un lien statistique entre la catégorie sociale des parents et le niveau scolaire de l'élève. Dans cette perspective, on ne peut mettre en place une réelle mixité sociale que si on prend le risque d'une réelle hétérogénéité en classe. Or l'expérience de la Fcpe de Paris (cf ci-dessous) montre que le risque d'hétérogénéité est justement un argument utilisé pour justifier la sélection dans certains établissements au titre que les enseignants ne sauraient pas faire face à un public différent.

 

Si le gouvernement voulait la mixité sociale, il lui faudrait donc  engager des moyens supplémentaires pour former et accompagner les enseignants des établissements les plus recherchés dans l'accueil d'élèves d'établissements plus populaire. En 2004, un rapport de l'Inspection générale sur l'académie de Paris montrait que "les maîtres parisiens sont plutôt moins innovants et impliqués" que la moyenne; les méthodes d'enseignement seraient "fortement marquées par les modèles magistraux". Résultat : "un écart s'installe très tôt entre les bons élèves, issus des milieux favorisés et les plus faibles". 

 

Le second obstacle c'est bien sûr la place des parents à l'Ecole. On sait que le système éducatif français s'est construit dans la méfiance envers les   parents. Le discours gouvernemental pourrait donner à penser que les parents pèsent plus lourd à l'école. Là aussi, les observations de la Fcpe de Paris montrent comment l'administration gère les affectations des élèves en "oubliant" les parents. Très spontanément, elle traite le problème seule.

 

Pour tenir sa promesse, X. Darcos devrait par conséquent engager une double bataille. Celle des moyens pour former les enseignants à gérer des classes hétérogènes et à accepter tous les enfants.  Celle de la culture professionnelle pour que les parents soient acceptés à l'Ecole. Sans ces efforts la suppression de la carte aboutira simplement à davantage de ségrégation.

Rapport de l'Igen sur paris

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/[...]

 

Révolution aux Etats-Unis : La Cour suprême abandonne la discrimination positive et s'oppose aux quotas raciaux à l'école

Est-ce le retour de la ségrégation ? Le New York Times pose la question après que la Cour suprême des Etats-Unis ait interdit deux politiques de discrimination positive menée par Seatlle et Louisville (Kentucky).

 

Les juges se sont appuyés sur le célèbre arrêt Brown vs Board of Education qui, en 1954, avait interdit la ségrégation. Pour la Cour, "le moyen de mettre fin à la discrimination raciale c'est de cesser de discriminer en fonction de la race".

 

La décision renverse un demi-siècle de politique de quotas raciaux dans les établissements scolaires et pourrait ramener les écoles au temps de la ségrégation.

Article du New York Times

http://www.nytimes.com/2007/06/28/us/28cnd-scotus.html?hp

Sur le site du Café
Par fjarraud , le samedi 15 septembre 2007.

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