Réflexion et Analyses 

François Jarraud

Une étude de l'Iredu montre l'importance des automatismes en orthographe et calcul mental

1Certaines compétences influent de façon décisive sur les résultats des élèves. "L’objectif de ce travail est de mieux comprendre comment les acquisitions se structurent au cours du cycle III de l’école élémentaire". Pour cela Sophie Morlaix et Bruno Suchaut ont établi une cartographie des compétences permettant de dégager celles qui sont "au centre des apprentissages des élèves".

 

Ainsi au CE2 ils ont pu établir une hiérarchie des compétences qui place à la base les capacités attentionnelles des enfants et les compétences en calcul mental. Elles déterminent la réussite dans les autres compétences.

 

Mais, suivant leur cohorte d'élèves jusqu'en 6ème, ils ont mis en évidence les relations entre les compétences de CE2 et de 6ème. " L’information la plus importante pour saisir le processus d’évolution des acquisitions des élèves est la place centrale occupée par les habiletés en calcul. En effet, et en premier lieu, les compétences des élèves à l’entrée en 6ème se rapportant à ce domaine sont fortement déterminées par les compétences en calcul mental évaluées trois années auparavant. En second lieu, ces habiletés numériques entretiennent de forts liens avec les performances dans le domaine de la compréhension à la fin du cycle III".

 

Le principal enseignement de leur étude est donc l'importance de ces entraînements. " Nos résultats montrent clairement que des activités systématiques qui génèrent des automatismes en orthographe et en calcul mental, sont nécessaires. Le fait que les élèves puissent mobiliser ces mécanismes et les rendre automatiques constitue certainement une aide majeure pour la réalisation de tâches variées de nature diverse. Ceci ne signifie pas que de telles activités ne sont pas pratiquées actuellement dans les écoles, elles demandent sans doute simplement à être développées. En outre, il est central de s’interroger sur la période de la scolarité la plus propice à l’action. Les résultats sont nets sur ce point en montrant que c’est bien avant le cycle III que doivent être mises en place ces activités systématiques, afin de mieux armer les élèves dans les dimensions des acquisitions les plus prédictives de la réussite ultérieure".

L'étude

Sur le Café : Le dossier Maths au primaire

 

Qui sont les élèves aujourd'hui ?

2"Aujourd'hui, il s'agit d'accueillir la quasi-totalité de la population pendant douze ou treize ans après le cours préparatoire dans le système primaire et secondaire, puis de permettre à 50 % de cette population une scolarité réussie dans le supérieur. Il ne sera pas possible de relever durablement ce défi sans tenir compte des différences, des particularités, des caractéristiques de chacun". José Fouque, président d'Education et Devenir, conclue le colloque de Rouen (mars-avril 2006) de son association par cette invitation.

Les actes rendent compte de la volonté d'Education & Devenir d'aborder la question de l'élève sous des axes différents. Ainsi Anne Barrère utilise ses travaux à la fois sur les enseignants et les élèves. Elle évoque les réticences des jeunes face aux matières scolaires pour montrer que "le rapport des jeunes actuels aux savoirs est beaucoup plus fragile que celui d'une élite sociale qui était préformatée pour considérer comme importantes  un certain nombre des avoirs classiques".

 

Jean-Paul Broonen revient sur la question de la motivation et propose de varier les approches pédagogiques.  Roger Establet, Jean-Luc Fauguet transmettent également les apports de leurs travaux sur les lycéens.  Mais Education & Devenir va plus loin en invitant un ingénieur Renault et une lycéenne à témoigner.

http://education.devenir.free.fr/Cahier9_qslea.htm

Dans le Café, article d'A Barrère sur les chefs d'établissement

http://www.cafepedagogique.org/disci/article/76.php

 

 

Comment former à mieux accompagner les élèves en milieux difficiles ?

Les élèves en milieux difficiles sont ceux qui amènent les enseignants à mettre en oeuvre des moyens supérieurs pour tenter d'obtenir des résultats.  XYZep, la revue du Centre Alain Savary, rend compte d'une conférence de consensus sur la formation à accompagner leurs apprentissages.  Cinq conférenciers (ML Peltier, D. Bucheton, A.Mercier, JY Rocheix et M. Demeuse) ont répondu aux questions d'un jury.

 

"Comment ces élèves peuvent-ils obtenir des résultats identiques à ceux des autres milieux ? Des modèles théoriques d’évaluation de la qualité ou de l’efficacité d’un système peuvent être mobilisés pour penser cette question. On observe alors que, parmi les variables qui sont de la responsabilité de l’école et qui influent sur les résultats des élèves, la compétence des enseignants occupe une place importante. Mais elle ne saurait pour autant occulter le rôle des variables organisationnelles ou des variables externes (comme le statut socio-économique ou le sexe des élèves)" conclue le jury.

 

A lire également dans ce numéro, une synthèse d'Agnès Van Zanten sur la montée de la parentocratie. "Une des questions centrales auxquelles les systèmes éducatifs sont actuellement confrontés concerne la montée de la « parentocratie », c’est-àdire le développement d’un suivi plus intense de la scolarité des enfants par les parents des classes moyennes. Ce changement s’inscrit dans un mouvement de renouvellement des stratégies de reproduction via l’école, celles-ci ne se fondant plus seulement sur des formes institutionnelles de clôture sociale (la délégation aux enseignants et le contrôle politique des institutions d’enseignement), mais sur un travail individuel au sein duquel le choix du « bon » établissement occupe une place importante à côté d’autres stratégies comme le recours aux cours particuliers" écrit A. Van Zanten.

 

"Ces enquêtes nous ont permis d’analyser quatre types de choix au moment de l’accès au « collège » – le choix du privé, le choix d’un établissement public autre que celui du secteur, la mise en place de stratégies résidentielles liées à l’école et la « colonisation » des établissements du secteur – et de les mettre en relation avec des facteurs d’ordre individuel et d’ordre collectif".

XYZep n°27

 

Des clés pour réussir au collège et au lycée

3"L'expérience du CLE (collège lycée expérimental) peut être utile à l'Education nationale, no pas seulement parce que les autres collèges ou les autres lycées  peuvent adopter tel ou tel dispositif… mais surtout parce que son histoire prouve que les nécessaires évolutions du système éducatif peuvent venir d'en bas". Françoise Rey et André Sirota ont réuni dans cet ouvrage des témoignages d'enseignants du collège lycée expérimental d'Hérouville Saint-Clair.

 

"Parler ensemble, penser ensemble, décider ensemble, non pas à l'occasion mais selon des procédures instituées, voilà à quoi tient la satisfaction des élèves et des enseignants qui travaillent au CLE". Mais l'ouvrage donne à voir également les pratiques personnelles dans telle ou telle disciplines.

 

De ces témoignages sort l'image d'un établissement où profs et élèves sont heureux de travailler ensemble. Alors faire bouger l'Ecole n'est pas un rêve impossible…

Françoise Rey et André Sirota, Des clés pour réussir au collège et au lycée, Erès, 2007,336 pages.

Présentation par J. Nimier

 

Jusqu'où comparer les apprentissages scolaires ?

"L’analyse des apprentissages scolaires et de leur qualité répond, dans un souci d’éducation comparée, à des processus complexes. La référence de plus en plus fréquente à un savoir de base universel, en rapport avec un socle de connaissances, pose la question suivant laquelle la mise en évidence comparative des facteurs d’efficacité de l’école est un exercice délicat". Jean Bourdon a voulu tenter l'essai d'une évaluation comparée d'élèves situés dans des niveaux scolaires équivalents, où la langue d’enseignement est la même, mais vivant dans des milieux sociaux économiques largement différenciés.  Par exemple de jeunes Français avec des Camerounais.

 

"Cette comparaison montre, malgré les différences de contextes, l’existence de similitudes dans la « production d’école » au niveau des apprentissages initiaux et ceci permettrait de définir ces savoirs comme un bien collectif dont il resterait évidemment à mieux décrire les sources de qualité".

L'étude

 

Ségrégation scolaire et ghettoïsation dans la revue Claris

" La notion de ségrégation s’avère en fait très pertinente pour saisir le passage des inégalités d’accès à certains niveaux d’enseignement aux inégalités d’accès à des cadres de scolarisation différents à l’intérieur d’un même niveau qui caractérise le paysage actuel des inégalités d’éducation. Ceci est d’autant plus le cas que la dimension spatiale y est très présente car la diversification de l’offre éducative entre établissements de même type a renforcé la territorialisation des inégalités. Par ailleurs cette notion, qui inclut l’idée d’une mise à l’écart de certaines populations, permet également de comprendre le processus, à la fois objectif et subjectif, de production de l’exclusion à l’intérieur même des institutions d’enseignement". Dans le numéro 3 de la revue du groupe Claris, Agnès Van Zanten analyse la ségrégation scolaire.

 

Ségrégation qu'elle montre puisque "il existe des différences entre les caractéristiques scolaires, sociales et ethniques du public des établissements d’enseignement et celles de la population enfantine ou adolescente de leur zone d’implantation". Encore faudrait-il évoquer les différences entre classes à l'intérieur même des établissements. Et pour A. Van Zanten, "les pratiques familiales jouent un rôle essentiel dans ces processus… Les politiques des établissements doivent aussi être pris en considération".

 

Son article éclaire un numéro totalement dédié à la ségrégation. Elle est évoquée par L. Mucchielli. Mario Oberti et Laurent Ott interviennent, de façon contrastée, dans le débat sur la carte scolaire.

http://90plan.ovh.net/~groupecl/IMG/pdf/Claris._La_revue_n3.pdf

 

 

Une étude valide l'appel à des auxiliaires pour assurer l'Education pour tous en Afrique

De nombreux pays africains, et particulièrement le Togo, le Mali et le Niger, ont fait appel à des auxiliaires pour faire face à la montée du taux de scolarisation et assurer l'objectif de la scolarisation pour tous. L'Iredu publie une étude de Jean Bourdon, Markus Frölich et Katharina Michaelowa sur la qualité des apprentissages des élèves qui leur sont confiés.

 

"De manière générale", écrivent-ils, "l’efficacité pédagogique des enseignants non titulaires est relativement plus efficace pour les enfants de niveau scolaire initial le plus faible dans les classes de grade inférieur ; alors que les enseignements titulaires tendraient à faire davantage progresser les élèves d’un bon niveau initial. Ceci tendrait à souligner l’apport de ces « nouveaux maîtres » pour faire accéder à l’école les populations les plus désavantagées".  

Mais l'étude souligne les différences entre les trois pays. D'effets positifs au Mali, les résultats des non-titulaires sont mitigés au Togo et négatifs au Niger.  Ce qui est en cause c'est le mode de gestion de ces auxiliaires. Les résultats sont meilleurs quand ils sont gérés localement.  "De manière nette, les effets positifs sur le Mali et le Togo paraissent liés à une plus forte implication des structures locales sur le suivi de ces enseignants ; alors qu’au Niger le processus n’a été que peu déconcentré".

L'étude

 

Education et croissance : l'exemple australien

L'éducation a-t-elle un impact sur la croissance économique ? En d'autres termes, est-elle rentable ? S. Matsushita, A. Siddique et M. Giles (University of Western Australia) tentent dans une étude de mesurer la contribution de l'éducation à la croissance économique australienne de 1969 à 2003. Selon eux, un tiers de la croissance sur cette période est due à l'éducation. Leur conclusion concerne les politiques. Pour eux l'accès à l'enseignement supérieur doit être rendu plus facile.

http://d.repec.org/n?u=RePEc:uwa:wpaper:06-15&r=edu

 

Par fjarraud , le vendredi 15 juin 2007.

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