Bibliographie 

 

Les résultats de Pisa 2003 vus par l’Éducation nationale

Il y a bien des façons de lire les résultats de l’enquête internationale Pisa. Avec un certain retard, la publication du ministère offre une lecture qui privilégie l’angle, classique pour une enquête internationale, de la comparaison internationale.

 

On apprend ainsi que « au sein des 30 pays de l’OCDE, la France obtient un score global de culture mathématique significativement au-dessus de la moyenne de ces pays. En compréhension de l’écrit, domaine majeur de l’évaluation précédente qui a eu lieu en 2000, le score des élèves français se maintient dans la moyenne de l’OCDE. En culture scientifique, le score national est toujours au-dessus de la moyenne, comme en 2000, et il affiche même une légère augmentation, statistiquement significative. C’est en résolution de problèmes, domaine transdisciplinaire évalué uniquement en 2003, que la France obtient son meilleur score. »

 

En culture mathématique, les jeunes français se situent majoritairement au dessus de la moyenne de l’Ocde avec peu d’élèves dans les plus bas niveaux. Le champ "variations et relations" est le point fort de nos élèves. Par contre le champ "quantité" montre que « nos élèves savent interpréter des tableaux, identifier, extraire des informations pertinentes, effectuer des calculs directement décrits, mais qu’ils éprouvent davantage de difficultés lorsqu’il s’agit d’effectuer des recherches, de prendre des initiatives ou encore d’argumenter un résultat ».

 

Nos élèves obtiennent de bons résultats en résolution de problèmes. Mais 17% d’entre eux ont de mauvais résultats en "compréhension de l’écrit".

 

L’analyse est pertinente et intéressante. Pourtant les résultats mériteraient une analyse plus approfondie des écarts entre les élèves français. L’étude ministérielle nous apprend qu’ils sont importants entre élèves redoublants et non redoublants. Mais on aimerait savoir ce que peuvent être les écarts entre établissements et entre groupes sociaux.

 

En septembre 2006, l’Ocde, parfois sous la plume du directeur de l’éducation, Andreas Schleicher, avait fait une lecture des résultats de Pisa qui n’avait pas plu à Paris. "Dans les pays de l’OCDE, les élèves issus des milieux les plus défavorisés sont en moyenne 3,5 fois plus susceptibles que ceux issus des milieux les plus privilégiés d’obtenir de faibles performances en mathématiques, c’est-à-dire de se classer au niveau 1 de l’échelle PISA, voire en deçà. En France, parmi les élèves issus de milieux défavorisés, 32 % se classent au niveau 1… Par opposition, parmi les élèves issus de milieux privilégiés, seuls 10 % se classent au niveau 1 ou en deçà. Ainsi, en France, un élève issu d’un milieu défavorisé a 4,3 fois plus de risques qu’un élève issu d’un milieu privilégié de se situer au bas de l’échelle d’aptitudes en mathématiques... C’est peut-être la plus grande déception des systèmes éducatifs européens. Nombre d’entre eux font des déclarations ambitieuses sur l’équité dans l’éducation. Mais l’étude PISA révèle que l’origine sociale joue un rôle plus fort dans les résultats scolaires en Allemagne, en France et en Italie qu’aux Etats-Unis." L’égalité des chances ce n’est pas le droit à l’éducation…

 

Dossier de l’éducation nationale

http://www.education.gouv.fr/cid4845/l-evaluation-internationale-pisa-2003.html

Rappel : L’Expresso du 13/9 /06

http://www.cafepedagogique.org/expresso/index130906.php

Les critiques de l’Ocde

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/80Schleicher.aspx

 

Cahiers d’Éducation et Devenir : quelle légitimité de l’école dans une société en crise ?

« Comment faire pour gérer cette contradiction fondamentale de notre système éducatif entre, d’une part le discours d’égalité des chances et, d’autre part, la logique de la distribution des places sur le marché du travail par le diplôme scolaire ? S’il y a une contribution difficile à vivre c’est bien celle-là et on la sous-estime souvent ». Cette remarque de Vincent Troger témoigne de la qualité des débats de la Journée d’étude d’Education & Devenir le 9 janvier sur le thème : « Quelle légitimité de l’école dans une société en crise ? »

 

Vincent Troger ouvre cet ouvrage avec une magistrale histoire de la légitimité de l’école. Il brise un mythe en décrivant une école républicaine inégalitaire et déconnectée du travail qu’il oppose à l’école actuelle qu’il juge décalée des rapports sociaux qui l’environnent. « Comment concilier les méthodes d’éducation libérales et démocratiques, à l’œuvre dans la majorité des familles, avec l’organisation du système scolaire » interroge-t-il ?

 

Cet écart les autres intervenants vont le décliner. Pierre Merle évoque l’humiliation individuelle et collective ressentie par les élèves. Il franchit lui aussi un tabou en parlant moyens. Pour lui, « On peut changer l’école à coûts constants. Mais il existe aussi certains changements qui posent un problème de moyens. On peut s’étonner que cette question ne soit pas davantage abordée. Par quel miracle une école appauvrie pourrait-elle partager plus équitablement les savoirs ? La limitation des moyens est encore un indice de la perte de légitimité de l’école. »

 

L’ouvrage aborde aussi avec Georges Felouzis la question de la ségrégation scolaire. Des magistrats, des élus, complètent ce tour d’horizon. Philippe Meirieu conclue la journée en revenant sur le décalage de l’école ave sa société.  « La demande d’école est socialement croissante : sans diplôme, sans école, on n’est rien. Selon les enseignants, l’école est en crise. En revanche la société demande de façon très urgente une école qu’elle ne connaît pas et que les enseignants ne connaissent pas. L’hiatus entre ces deux visions est énorme. »

 

Cet excellent numéro hors série des Cahiers d’Éducation et Devenir est vivement recommandé.

 

« Quelle légitimité de l’école dans une société en crise ? » Cahiers d’Education et devenir, CRDP de Lyon, 2006, 136 pages.

http://education.devenir.free.fr/actesenat_2006.htm

 

 

Par fjarraud , le dimanche 15 avril 2007.

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