Qui veut lutter contre la violence scolaire ? 

Par François Jarraud


Tous les profs vous le diront. On entre dans une période difficile, celle où les actes de violence et d'indiscipline se multiplient. Elle durera jusqu'au printemps. La déclaration de X. Darcos sur la violence scolaire est donc "de saison". Pour autant on ne peut qu'être sceptique devant ce énième"plan violence".

 

D'abord parce que le trait principal de la violence c'est sa stabilité. Même si on ne dispose plus des chiffres de Signa, les enquêtes de victimation montrent une quasi stabilité depuis une dizaine d'années. Dans un entretien qu'il nous accorde aujourd'hui, C. Lelièvre évoque le caractère ancien et inéluctable de la violence. Si elle est bien inhérente au système éducatif, impossible de viser le risque zéro. Mieux vaut apprendre à la gérer.

 

Ensuite parce qu'il y a erreur sur le diagnostic. Si toutes les formes de violence scolaire sont à combattre, le ministre, et les médias aussi, privilégient toujours les formes les plus spectaculaires de la violence, souvent celles qui font des victimes adultes. Or la violence scolaire c'est à 80% le harcèlement (le bullying) exercé par des élèves sur d'autres élèves. Cette forme là, qui n'est pas spectaculaire, a des effets négatifs très importants.

 

L'erreur de traitement n'est donc pas surprenante. Le rappel à la loi demandé par X. Darcos est déjà largement utilisé. Les règlements intérieurs sont généralement étudiés en classe. Croire que l'étude du règlement suffit à écarter la violence scolaire c'est méconnaître nombre d'études qui montrent l'importance du climat scolaire dans la lutte contre la violence.

 

Si les liens  entre établissement et police ne sont pas inutiles c'est bien pour ce qu'ils peuvent apporter sur ce terrain là. L'enseignant se sent davantage protégé; les incidents sont transmués en  procés-verbaux ce qui apprend à chaque partie à prendre du recul et à connaître les droits de l'autre. Ce qui n'est pas inutile pour le climat scolaire.

 

Mais aucun code au monde n'aidera un jeune à apprendre à contenir sa colère. Aucun code ne remplacera un emploi de surveillant. Aucun code ne permettre de sortir du ghetto ou même d'accepter l'injustice sociale.

 

Contre la violence, Darcos instaurera un enseignement du droit en lycée

"Je ne saurais accepter la multiplication des entorses à la tranquillité nécessaire à l'apprentissage. Je ne saurais accepter la banalisation des faits de violence". Xavier Darcos a annoncé le 16 janvier un énième plan violence. L'idée principale c'est " la rédaction d'un code de la paix scolaire national. Ce code rassemblera, dans une langue claire, concise et accessible à tous, les règles de conduite en vigueur au sein des établissements scolaires de notre pays ainsi que les sanctions prévues chaque fois qu'elles seront enfreintes. Il sera la référence commune de l'ensemble de la communauté éducative, et c'est sur cette base que seront prises les sanctions disciplinaires décidées par les chefs d'établissement ou les conseils de discipline". Le Code sera lu à chaque rentrée. Sans doute remplacera-t-il la lecture traditionnelle à la rentrée du règlement intérieur…

 

Plus innovant,le ministre de l'éducation nationale a fait part de son intention de développer l'enseignement du droit au lycée. " Dans une démocratie qui repose sur un socle de près de 8 000 lois, à un moment où un nombre croissant de nos élèves se tournent vers des études et des professions juridiques, il est en effet souhaitable qu'ils puissent acquérir dès le lycée les principes fondamentaux du droit auxquels ils seront nécessairement confrontés au cours de leur vie d'adultes et de citoyens. Cet objectif doit faire partie intégrante de la réflexion que je veux mener dans les prochains mois sur l'avenir du lycée".

 

Il rejoint là une revendication des élèves lors de la consultation Meirieu de 1998. Le droit est enseigné dans les filières technologiques. En série générale, des éléments de droit sont utilisés dans les cours d'ECJS.

 

En attendant, une convention facilitera les signalements à la police des infractions commis dans les établissements scolaires. Le ministre étend à la France entière le dispositif mis en place à Paris.

Discours de Darcos

http://www.education.gouv.fr/cid20782/signature-de-la-[...]

 

Violence scolaire : Changer de paradigme pour Claude Lelièvre

"La prise de conscience de l’ancienneté et de la généralité des violences scolaire devrait conforter le combat de ceux qui veulent ‘’changer de paradigme’’ en prenant de front une donnée incontournable : les violences scolaires ne sont pas près de disparaître". Pour Claude Lelièvre, auteur d'Histoires vraies des violences à l'Ecole, la violence scolaire est ancienne et trop généralisée pour disparaître. "Leurs victimes sont là ( non pas ‘’marginales’’ ou à la ‘’marge’’) mais au cœur  même du fonctionnement ordinaire des institutions scolaires, en quelque sorte en tant qu’ ’’accidents du travail’’, à prendre dans leur contexte professionnel". IL faut donc travailler durablement à son contrôle.

Lire l'entretien avec C. Lelièvre

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/Viol[...]

 

L'Angleterre installe des détecteurs de métaux dans les écoles

Londres, Birmingham, Manchester, Liverpool. Les établissements les plus difficiles des villes anglaises seront équipées de détecteurs de métaux, a décidé le ministre de l'intérieur J. Smith. Il s'agit de lutter contre les gangs dont les membres viennent à l'école armés de couteaux.

Article BBC News

http://news.bbc.co.uk/1/hi/education/7198633.stm

 

 

Sur le site du Café
Par fjarraud , le vendredi 15 février 2008.

Partenaires

Nos annonces