Evaluer, un nouveau métier 

Par François Jarraud


Voilà un acte quotidien pour un prof. Pourtant l'exemple québécois, celui des partisans de Freinet nous montre qu'il y a bien des formes d'évaluation encore à découvrir.



Au Québec

"Formée à l’évaluation formative et sommative, je mesurais avec facilité le degré d’acquisition des connaissances. L’arrivée des compétences m’a déstabilisée et plongée dans l’insécurité". Dans la revue québécoise Vie pédagogique, Marie-Claude Richer, une collègue, raconte, dans le numéro de septembre, à quel point la réforme de l'évaluation décidée au Québec a été difficile.


"Je me demandais comment m’en tirer avec une trentaine de compétences à développer et à évaluer chez mes élèves. Une nouvelle directrice, qui croyait beaucoup à la valeur de la réforme, a réussi à me mettre en mouvement : considérer l’élève dans sa globalité, faire preuve de souplesse, créer un réseau de repères, travailler en concertation avec mes collègues".


C'est que la réforme québécoise  a radicalement modifié la façon d'évaluer. Non seulement l'évaluation par compétences s'est installée. Mais on demande aux enseignants de s'entendre entre eux et de déclarer publiquement leurs règles et barêmes dans chaque établissement.


Quelle efficacité ? Les enseignants qui, comme MC Richer, ont appliqué la réforme ne la laisseraient tomber pour rien au monde. Car en intégrant totalement l'évaluation dans les travaux faits en classe, en affichant une certaine transparence sur ce terrain, en osant poser la question du pouvoir de notation, les enseignants québécois ont remobilisé les élèves et réduit les taux de décrochage. Et cela sans faire tomber le niveau.


Nombreux sont les enseignants ici qui tentent de redéfinir leur évaluation. Ils ont du mal car changer la notation, on le voit bien, ne peut être qu'un acte collectif. Pourtant on sait, par exemple, que  la méthode Antibi réussit à écarter l'échec scolaire. La démocratisation passe aussi par cette réforme.

Vie pédagogique

http://www.mels.gouv.qc.ca/sections/viepedagogique/148/index.asp



L'évaluation, un dossier du Nouvel éducateur

"Toute évaluation ne peut se concevoir que dans une globalité d’apprentissage. Les brevets, chers à la pédagogie Freinet, jalonnent le chemin sur lequel l’enfant est engagé, l’évaluation devient ainsi naturelle. Ils prennent sens car ils s’inscrivent dans un travail coopératif. Cette évaluation sensible est alors en cohérence avec le tâtonnement expérimental et la méthode naturelle d’apprentissage. Elle doit avant tout profiter à l’apprenant et servir à en apprécier l’excellence". C'est un numéro particulièrement riche que nous propose Le Nouvel éducateur d'octobre (n°189).  


Avec lui le mouvement Freinet fait connaître ses dispositifs d'évaluation, de la maternelle au lycée. La revue revient sur les arbres de connaissances et les "chefs d'œuvre" réalisés par les enfants. S. Connac y décrit la démarche Pidapi qui fonctionne avec succès à Montpellier. Nathalie Lozinguez présente un "cahier d eprogrès" utilisé en maternelle. Voilà pour le primaire. Mais, au lycée, Marion Pontgelard présente son livret de compétences et Matthieu Duvigneau le logiciel d'autoévaluation Bingo. Autant d'initiatives qui intéresseront les enseignants las de faire du tri et du classement et friands d'améliorer leurs pratiques.


A noter également dans ce numéro l'article de Dominique Sénore sur l'inspection : "Inspecter, pour reconnaître le dynamisme pédagogique des professeurs".

Le sommaire

http://www.icem-pedagogie-freinet.org/travail-cooperatif/[...]



Sur le site du Café
Par fjarraud , le mercredi 15 octobre 2008.

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