EPEP : qu'en pensent les syndicats ? 

Par François Jarraud



Créer de véritables établissements publics de l'enseignement primaire, avec à leur tête un chef d'établissement, est-ce efficace ? Difficile d'obtenir l'avis des syndicats : certains hésitent à prendre parti. D'autres répondent…


Une proposition de loi UMP demande la création des EPEP

La guerre des Epep va-t-elle reprendre ? Les Epep, établissements publics d'enseignement primaire, font l'objet d'une proposition de loi déposée par trois députés UMP.


Le texte prévoit la création obligatoire d'un EPEP dès 15 classes. Les communes pourraient en créer dès 13 classes en regroupant des écoles différentes. Les objectifs annoncés sont "assurer une plus grande mixité sociale en réunissant sous un même EPEP des écoles sociologiquement différentes" et "favoriser la mutualisation des moyens".


En 2007, les syndicats, les parents de la FCPE et de la PEEP avaient manifesté leur opposition à la création d'EPEP. L'ANDEV, qui regroupe les directeurs de l'éducation des villes françaises, rappelle son opposition estimant que cette loi s'apparenterait à "un coup de force de nature à empêcher toute évolution de l'Ecole".

Texte Andev et texte de la proposition

http://www.andev.fr/index.php?id=254

Article de 2007

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/primaire/elementaire/[...]

Sur le Café, l'Andev en 2006

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/andev06_index2.aspx


L'avis du SNPDEN, un syndicat de chefs d'établissement

Une proposition de loi veut donner forme aux EPEP (établissements publics d’enseignement primaire) déjà envisagés, à titre expérimental, par la loi d’orientation de 2005. Cette initiative répond à l’attente d’une évolution en termes d’organisation administrative mieux adaptée mais aussi de redéfinition d’un système éducatif plus cohérent, plus efficace et plus juste, notamment grâce à la mise en oeuvre du socle commun. Pourtant, certains aspects de cette proposition ne semblent pas répondre à ces objectifs. Ainsi, ses attendus précisent que l’EPEP « appartient à la catégorie des établissements publics locaux d’enseignement » : alors que la politique gouvernementale insiste sur la réduction du nombre de structures administratives et intervient pour le regroupement, parfois excessif, d’EPLE, on s’interroge sur l’intérêt de la multiplication d’établissements publics par centaines.


En effet, les EPEP, tels qu’ils sont conçus dans cette proposition, conduiront à mobiliser des ressources très importantes, simplement pour faire vivre des structures administratives nouvelles dont l’apport en termes d’efficacité sera contrasté. L’expérience des réseaux « Ambition réussite » souligne qu’on pourrait également explorer d’autres voies, s’appuyant sur les réseaux déjà existants d’EPLE, renforcés d’une partie des moyens qu’on s‘apprête aujourd’hui à disperser sans profit évident.


D’autre part, la municipalisation de l’enseignement du premier degré qu’induit à terme cette proposition mérite un plus large débat : les enquêtes internationales soulignent, en effet, que les systèmes éducatifs soumis à des autorités locales sont les plus inégalitaires et débouchent sur de moindres performances nationales.


Le SNPDEN appelle les organisations intéressées par la mise en oeuvre du socle commun à dialoguer sur les formes d’organisation les plus pertinentes.



Ce qu'en pense le Sgen Cfdt : Un établissement public dans le premier degré : ne pas faire n'importe quoi !


Avec la décentralisation et la multiplication des actes de gestion locale, il est devenu nécessaire de disposer d'établissements publics dans le premier degré. Mais il serait absurde et néfaste de les créer en tirant simplement un trait sur le passé et en ajoutant une structure de plus.


L'établissement public doit être mutualisateur et fédérateur. Mutualisateur pour offrir les services nécessaires en matière administrative et financière comme en appui aux équipes (centre documentaire, RASED ...). Fédérateur en permettant aux écoles de porter un projet éducatif et pédagogique lisible au niveau d'un territoire.


-L'établissement public, doté d'une direction, de personnels administratifs et d'un conseil d'administration, devrait être chargé de la gestion administrative et financière, et d'un certain nombre de fonctions jusqu'ici assurées par la circonscription, le collège ou l'IA (remplacement, relations avec les collectivités, conventionnements...), ce qui permettrait notamment de rendre à la circonscription sa vocation première : animation pédagogique et évaluation. Il devrait également être doté d'un conseil pédagogique composé à partir des écoles fédérées et chargé de la conduite du projet pédagogique.


-Les écoles et particulièrement les directeurs devraient conserver leur rôle en matière de relation de proximité (mairie, parents, associations...) et d'animation pédagogique. Il faut pour cela un maintien du temps de décharge consacré à ces tâches.


Sur la base de ces principes, on peut imaginer un établissement public constitué d'une seule grosse école, ou de plusieurs petites, voire en zone rurale d'un petit collège et des écoles de son secteur.


Il est important de ne pas plaquer une nouvelle structure mais au contraire de construire ces relations sur la base de l'existant. Pour cela, il faut d'une part que les personnels des écoles concernées soient impliqués dans les choix de construction de cet EPLE. Il faut aussi que la direction de l'établissement public soit assurée par un emploi fonctionnel ouvert à des personnels divers : directeur d'école, IEN ou personnel de direction.

Sur le site du Café
Par fgiroud , le mercredi 15 octobre 2008.

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