Interdisciplinarité, élèves et vidéo 

Par Françoise Solliec



Parti de l’envie de deux enseignantes de faire travailler des élèves autour de l’utilisation de l’image dans les medias d’information, le projet « De l’image à l’information » présenté au 1er forum des enseignants innovants fédère actuellement 15 enseignants, 14 disciplines et 60 élèves de 3ème du collège Darius Milhaud de Sartrouville (78). Un effet « boule de neige » qui n’a pas fini de mobiliser des énergies.



Décrypter l’image


A la rentrée 2007, c’est toute l’équipe enseignante d’une classe de 3ème et les enseignants des options latin, grec et découverte professionnelles (DP) qui se sont retrouvés investis dans un travail en commun portant sur la manière dont est présentée l’information, notamment dans les journaux télévisés. Pour ces enseignants, il s’agissait, comme ils le disent dans leur bilan « de développer des compétences liées à l’image -notamment une attitude critique- pour former des citoyens capables de se forger leur propre opinion. Il est important qu’ils apprennent à décoder tout l’implicite et les sous-entendus qu’ils soient d’ordre économique, social, culturel ou politique. Pour ce faire, il nous semble judicieux de travailler à la fois le décodage de l’image et celui du langage ».


« Chacun des membres de l’équipe avait rédigé l’an dernier un petit projet, en liaison directe avec sa discipline et faisant référence aux compétences du socle commun » explique Anne-Catherine Mourgue, professeur de lettres classiques et l’une des initiatrices de cette action. « On s’est ensuite réparti les sorties et les activités, 4 professeurs (2 de lettres classiques, 2 de technnologie) étant toujours présents ».

Les activités sont de différentes nature et s’exercent, à un rythme variable, soit à l’intérieur, soit à l’extérieur du collège. Dans l’établissement, les élèves, qui ont une heure en commun par semaine, se retrouvent dans une grande salle équipée d’un TNI.


Apprentissage technique, réflexion, écriture

« Durant les 6 premières semaines de l’année scolaire, ils se sont familiarisés avec la découverte des techniques liées à l’image » expliquent quelques enseignants. « Il faut apprendre à cadrer, apprécier le rôle des couleurs, s’initier au montage et à la découpe, maîtriser l’outil informatique et le logiciel que nous avons choisi (Kdenlive, logiciel libre utilisé par le CRDP de l’académie de Versailles). Nous-mêmes n’avions pas forcément des connaissances très formalisées dans ce domaine et nous avons demandé à bénéficier l’an dernier d’un stage établissement au cours duquel nous avons travaillé notre projet avec le formateur. C’est ainsi que nous déterminé nos outils et commencé à travailler en étroite collaboration avec le CRDP qui nous a accompagné tout au long de cette année ».


Les élèves sont ensuite entrés dans d’autres types d’activités, préparatoires d’abord telles réflexion puis rédaction de questionnaires en vue de rencontres avec des professionnels de l'image et des médias, puis de production avec la réalisation d'interviews et de reportages filmés. Un magazine video enfin a été tiré de ces différents travaux, élaboré au cours d’une journée banalisée pour les élèves et les enseignants impliqués ; il sera présenté aux familles et aux interlocuteurs intéressés le 27 juin prochain.


En effet, tout au long de l’année, le projet a suscité un très fort intérêt chez des personnes très différentes. Les professionnels rencontrés et interviewés par les élèves, au premier chef, que ce soit la direction de la chaîne locale Yvelines Première ou des journalistes de France 5, France 2 ou Europe 1, les accompagnateurs institutionnels comme le conseil général ou le CRDP de l’académie, les constructeurs enfin, rencontrés lors de la manifestation Intertice. « Au début, nous n’avions que très peu de matériel et nous fonctionnions avec nos équipements personnels. Au fur et à mesure, nous avons bénéficié d’équipements (micros, camescopes) et l’an prochain, nous pourrons travailler dans des conditions quasi-professionnelles ».


Un bilan très positif, dans les relations comme dans les apprentissages

Comme dans tout projet pédagogique d’envergure, les apports ont été nombreux pour les élèves, nous déclarent les enseignants. Il y a ceux inhérents à la réalisation des productions, tels un esprit d’équipe ou une autonomie lentement construite, il y a des relations différentes avec les enseignants, « au début, ils étaient perturbés par notre présence constante à 4, mais ils ont vu qu’on était toujours à côté d’eux et qu’on travaillait avec eux. Maintenant, très spontanément, ils nous croient, nous respectent et ont confiance en nous ». Au niveau des apprentissages disciplinaires, des travaux concernant la presse ou les medias audio visuels ont été menés en langue (anglais, espagnol, allemand, portugais), en éducation musicale, en sciences physiques, mais ce sont évidemment en français, en technologie et dans les trois options que le projet a permis le plus d’avancées.


En français, « on a travaillé sur l’image, la caricature, la retouche, le décor, on a regardé des JT du même jour sur des chaînes différentes pour comparer les informations, on a travaillé l’objectivité et la subjectivité dans le discours, étudié le vocabulaire, les techniques pour faire passer une idé. Nous avons préparé des interviews, rédigé des questions. Des journalistes nous ont aidé, nous ont appris à poser les questions, à prévoir les relances, à regarder les communiqués de presse ».


Dans les options latin et grec, c’est le travail sur les images de l’antiquité qui a été priviligié (photos de site, mise en corrélation passé-présent, réappropriation des images antiques chez des artstes plus récents, modes de circulation des informations grâce aux monnaies et aux objets d’art).


Dans le cadre de la découverte professionnelle, on notera une exploitation de la malllette pédagogique distribuée par le comité français du parfum qui a permis aux élèves de se familiariser avec les différents métiers, de travailler le vocabulaire pertinent et de recréer une opération marketing de la distribution d’un nouveau oarfum. Renversement de situation, les élèves ont été filmés et interviewés dans ces activités par une société de communication. « Ils ont été un peu paniqués et ont pu mesurer toute les difficultés des personnes qui doivent répondre à des questions sous l’œil des caméras. Nous réexploiterons certainement cette video avec les élèves, qui auront ainsi l’occasion de voir les deux côtés de la barrière ».


Et malgré tout, le brevet …

Le travail en salle informatique a été assidu et a permis de valider nombre des compétences du B2i. Mais la maîtrise technique n’a pas étouffé le côté éducation citoyenne aux médias. Les questionnements ont été nombreux, sur le sens des documents étudiés, sur les différences entre leurs propres réalisations et des documents professionnels, sur la nécessité et l’intérêt des manipulations repérées. « Les élèves nous ont été reconnaissants de participer à un tel projet. Ils savent pourtant fort bien le situer par rapport au reste de leurs activités et n’en ont pas oubliés pour autant les grands impératifs comme le brevet ».


« Pour nous aussi, le travail a changé » concluent les enseignants. « On a été heureux d’être ensemble et on a donné de notre temps pour que ce soit possible. En moyenne, on a travaillé 4 h par semaine sur ce projet, une moitié sur temps scolaire et une moitié hors temps, à des heures où on n’avait pas cours et quelquefois en soirée. Mais le jeu en valait la chandelle et, d’ailleurs, l’an prochain, ce seront 2 classes de 3ème qui seront concernés, ainsi toujours que les élèves des options latin, grec et DP ».



Le site du collège

http://www.clg-milhaud-sartrouville.ac-versailles.fr/


Sur le site du Café
Par fsolliec , le dimanche 15 juin 2008.

Partenaires

Nos annonces