Pour un code de déontologie à l'éducation nationale 

Par François Jarraud

 

L'éducation nationale a-t-elle besoin de médiateurs ou de règles déontologiques ? Chaque année, la publication du rapport du médiateur de l'éducation nationale offre un visage singulier de l'institution éducative.

 

La montée irrépressible des plaintes. En 2006 les plaintes reçues par le médiateur ont augmenté de 16% passant de 5 500 à 6 300. Un peu plus de la moitié sont déposées par des usagers de l'Ecole.

 

Qu'est ce qui justifie ces plaintes ? Chez les usagers, presque la moitié des plaintes concernent des problèmes d'inscription. L'autre moitié se répartit entre la contestation de décisions d'examens et la vie scolaire. Chez les enseignants, les questions de carrière, de mutation ou les problèmes financiers fournissent les trois quarts des affaires traitées par les médiateurs.  On notera au passage que ni les gesticulations de Robien contre la méthode globale, ni la réflexion sur la carte scolaire ou le service minimum n'encombrent le service du médiateur. On note environ 70 saisines pour la carte scolaire pour la totalité du pays. Les usagers de l'Ecole ne sont pas mobilisés sur ces terrains.

 

Pour les usagers ou les personnels de l'Ecole, la plupart des plaintes sont en fait liées au climat scolaire. "Les tensions dans l'Ecole ne disparaissent pas" affirme Jean-Marie Jutant, médiateur national. "Il suffirait de peu de choses pour améliorer l'Ecole", continue-t-il. "Un peu moins d'agressivité, un peu plus d'écoute". Car la plupart des saisines proviennent d'usagers ou d'enseignants qui n'ont pas reçu dans l'institution les réponses à leurs questions.

 

Cet avis de J.-M. Jutant est corroboré par un récent rapport de l'inspection générale sur l'accueil dans les services académiques. Il montre que partout l'accueil n'est pas une priorité pour l'administration. Il n'est pas rare que l'administration ne réponde pas à l'usager, qu'elle ne justifie pas sa décision, voire qu'elle piétine les droits des usagers. Il n'est pas rare non plus que des propos blessants soient utilisés entre profs et élèves, entre chef d'établissement et parent, entre hiérarchie et enseignant.

 

Un chantier en panne. Pour débloquer cette situation l'ancien médiateur, Jacky Simon, avait recommandé la rédaction d'une charte éthique à l'image de celle des policiers ou de telle ou telle autre profession. Si la charte ne suffit pas à modifier le climat scolaire, elle est une condition nécessaire pour que  chacun sache quels sont ses droits. Elle peut protéger l'élève et les familles en les précisant. Elle est aussi une protection pour les enseignants qu'elle amène à réfléchir à leur rôle et à leur posture dans l'institution. Elle seule pourrait casser une culture professionnelle qui use largement du mépris.

 

Or il faut bien dire que ce chantier est en train de s'enliser. La "charte de dialogue entre l'élève, le parent et le professeur" voulue par J. Simon, ne sera pas réalisée par la Dgesco.  La charte de déontologie est maintenant officiellement abandonnée. Jusqu'à quel volume de plaintes ?

Le médiateur

http://www.education.gouv.fr/pid282/le-mediateur.html

Sur le Café le rapport su r l'accueil dans les académies

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/24052007Accueil.aspx

 

Français et immigrés : le poids de l'origine à l'Ecole

Inegalites.fr invite à réfléchir aux inégalités ethniques à l'Ecole. "Les enfants d’étrangers ou d’immigrés réussissent moins bien à l’école" rappelle le site : les écarts de résultats entre enfants de parents immigrés et non-immigrés est de 10 points en 6ème,, un écart qui n'est pas insensible. 

 

Comment l'expliquer ? Inegalités.fr cite le ministère qui allègue le milieu socioprofessionnel de ces enfants , généralement modeste. L'éducation nationale ne serait donc pour rien dans cet écart.

 

Pourtant, comme le soulignent G. Felouzis et J. Perroton dans "Améliorer l'école", "des écoles et des collèges on voit la vie, on voit la ville.. La ségrégation ethnique et sociale marque les écoles". Rappelons les travaux de G. Felouzis dans l'académie de Bordeaux : il a mis en évidence la ségrégation montante entre les établissements de l'agglomération. 10% des établissements scolarisaient 40% des enfants d'origine maghrébine. "Certains collèges sont de vrais ghettos scolaires comme leur quartiers d'implantation"

 

C'est dire que l'Education nationale a sa part de responsabilité. D'une part en nommant sur ces postes difficiles, les enseignants les moins expérimentés. D'autre part, en facilitant la ségrégation, par la remise en cause de la carte scolaire. En 2006, une étude de l'Ocde stigmatisait la France. " Si les élèves issus de l'immigration affichent généralement de bonnes prédispositions à l'apprentissage, les écarts de performance entre élèves autochtones et non autochtones varient fortement d'un pays à l'autre. Les différences sont les plus marquées en Allemagne, en Autriche, en Belgique, au Danemark, en France, aux Pays-Bas et en Suisse. En revanche, les niveaux de compétence des élèves issus de l'immigration et des élèves autochtones sont similaires dans trois des pays ayant une longue tradition d'immigration (l'Australie, le Canada et la Nouvelle-Zélande)".

 

Le président de la République évoque parfois la place à l'Ecole des enfants handicapés. Il serait bon qu'il s'attaque également à une forme plus menaçante de discrimination : celle de l'origine ethnique et sociale. Un chantier oublié ?

Sur Inegalites.fr

http://www.inegalites.fr/spip.php?page=article&id_article=309#

Pour L'ocde

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2006/05/index170506_Pedago[...]

Article de G. Felouzis sur la discrimination dans l'éducation nationale

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/larecherche/Pages/2004/[...]

Sur le site du Café
Par fjarraud , le samedi 15 septembre 2007.

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