Curieux moment que celui de ces congés de
février. Tout semble suspendu pour un moment. Et en
même temps tout semble inéluctable. Une page de
l'histoire de l'École est prête à se
tourner.
Le premier moment suspendu c'est celui de la 3ème vague
épidémique. Annoncée, attendue, elle
n'arrive pas. Peut-on passer à travers comme commence
à le dire le gouvernement ? Probablement pas. Elle se lit
dans la diffusion des nouveaux variants qui va très vite.
Les congés vont en ralentir encore l'arrivée. Mais
la course entre la vaccination et la vague
épidémique, évoquée par le premier
ministre comme une bataille à gagner, semble d'ores et
déjà perdue. Partis plus tard dans le 3ème
vague nous pourrions aussi en sortir plus tard. Cette lenteur
aurait pu être du temps de gagner pour préparer
l'école. Mais l'immobilisme ministériel fait que ce
temps est gâché.
Il y a une autre vague qui se dessine c'est celle de la
réforme du métier enseignant. La pandémie y
aide en faisant accepter d'abord le passage du bac en une
épreuve d'établissement au contrôle continu
et avec ces nouvelles épreuves un encadrement très
étroit du travail des professeurs de terminale fixant par
exemple le nombre et le type des contrôles par
trimestre.
Troisième vague qui n'en finit pas d'arriver, le
Grenelle de l'éducation. Les conclusions en sont connues.
À vrai dire elles étaient écrites depuis 4
ans, dans les ouvrages de JM Blanquer. Le Grenelle annonce une
plus large autonomie des établissements et une
réforme tout aussi libérale du métier
enseignant. Le Grenelle veut lier le salaire et la formation,
revoir l'avancement pour le rendre dépendant des managers,
récompenser les enseignants qui entrent dans le "nouveau
métier" souhaité par le ministre. Cette refonte du
métier construit un encadrement étroit du travail
des enseignants, sous surveillance des chefs et d'une nouvelle
hiérarchie de collègues missionnés, veillant
à l'application des recommandations des guides et
vade-mecums ministériels.
Ces trois séquences ont commencé. Elles se
laissent voir maintenant de façon ouverte. Face à
elle les enseignants semblent vouloir profiter des derniers
moments avant catastrophe.
F Jarraud