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Éditorial : 2017 : L'Ecole avant le Grand Soir ? 

A quelques semaines de l'élection présidentielle, les menaces sur l'Ecole semblent aussi élevées que le silence des syndicats. C'est ce paradoxe qu'il fat essayer de comprendre. Du moins si l'on veut éviter à l'Ecole le Grand Soir qui se profile.

Les programmes de la plupart des "grands" candidats à l'élection présidentielle sont catastrophiques pour l'Ecole. Ce que l'on sait du programme de Marine Le Pen c'est le reniement des valeurs de l'Ecole avec par exemple l'exclusion des  enfants étrangers. Le programme des Cercles Racine, liés au FN, sont de bric et de broc et promettent un grand retour en arrière pédagogique.

Le programme de F Fillon est beaucoup mieux connu. Ce que promet le candidat c'est surtout un transfert de moyens vers le privé y compris le hors contrat et la suppression d'au moins 100 000 postes d'enseignants. F Fillon veut aussi privatiser le fonctionnement du public en accordant une très large autonomie aux chefs d'établissement.

E Macron, dont les responsables éducation semblent venir de l'Ex UMP, a un programme éducation assez incohérent. Il promet en même temps d'augmenter les effectifs au primaire et de réduire le nombre de fonctionnaire. Il veut privilégier le succès de tous au primaire et rétablir des filières élitistes au secondaire.

Tous ces programmes jouent la musique de la tradition. Même E Macron vante une école "plus transmissive". F Fillon et M Le Pen veulent soutenir les écoles traditionalistes en les faisant financer par l'Etat.  Les écoles "espérances banlieue", très richement dotées par des fondations mais ne scolarisant que quelques centaines de jeunes, sont poussées en avant pour justifier un financement qui bénéficierait largement aux écoles privées de tous poils.

Mais ce qui menace l'Ecole ce n'est pas le retour de l'uniforme ou le salut du drapeau tous les matins. Ces pratiques, qui ne sont soutenues ni par la technostructure ni par les enseignants, ont très peu de chances de pénétrer l'Ecole.  Il en va de même de l'appel à une réécriture des cours d'histoire avec un "récit national" s'affranchissant de la culture historique.

Ce qui menace de façon sérieuse l'Ecole c'est plutôt la conjonction entre les programmes des candidats de droite et du centre et ceux de la technostructure. L'idée d'autonomie des établissements est déjà portée par la technostucture de la rue de Grenelle et déjà portée par des textes en vigueur. L'idée d'un degré d'adaptation laissé aux établissements pour gérer au mieux leurs difficultés es tout à fait dans la tradition de l'Ecole républicaine. Mais les projets actuels vont beaucoup plus loin en confiant le recrutement, les programmes , l'organisation des enseignements aux seuls chefs d'établissement. La confusion entre dirigisme local et autonomie est constante. Dans cette perspective l'autonomie s'accompagnerait en même temps d'une responsabilisation et d'une déprofessionnalisation des enseignants. Un mouvement qui n'améliorerait pas une Ecole portée aussi à creuser les écarts.

Le pire de ces programmes  ce sont les coupes sombres qu'ils promettent. Que ce soit 40 000 ou 120 000 enseignants en moins, de toutes façons les dégâts seront terribles. On voit bien actuellement que les 60 000 postes créés depuis 2012 suffisent tout juste aux besoins. Il n'y a pas de gras sur les os.

Où le futur président pourrait-il dégager des moyens ? Les candidats se gardent bien de le dire. Mais les 60 000 enseignants des lycées professionnels semblent en première ligne, leur passage dans la fonction publique territorial étant au programme de F Fillon. La réduction du bac à 4 épreuves, promise par Fillon et Macron, permettrait aussi de fortes économies. A quoi bon continuer à enseigner des disciplines non évaluées ? Comment imposer aux élèves de les suivre en terminale ?

Mais la plus grande menace qui pèse sur l'Ecole c'est la démobilisation de ses personnels. Alors que l'Ecole est menacée elle semble incapable de se réunir. Les divisions viennent de loin, particulièrement des réformes lancées depuis 2012 qui ont opposé des syndicats pourtant d'accord au début du quinquennat Hollande.

Le Café pédagogique a interrogé les trois principales formations syndicales sur la nécessité de l'union. Toutes mentionnent les divisions. Toutes semblent acquises au principe en cas de coup dur. Mais toutes en repoussent l'exercice à plus tard. Les candidats ont promis eux des mesures prises dans les mois qui suivront l'élection.

 

François Jarraud



Sur le site du Café



Par fjarraud , le dimanche 19 mars 2017.

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