Editorial : 2010 : Année des changements ? 

Quand  on revient du BETT, le grand salon mondial des TICE, le paysage éducatif français semble incroyablement compliqué. A Londres, le grand salon draine des milliers de professeurs qui viennent, chéquier à la main, y faire leurs courses dans la bonne humeur. Et cette année, ils ont préféré des produits ludiques, de la 3D et des jeux vidéos. C'est dire !


Evidemment le système éducatif anglais a ses défauts (le taux de décrochage des garçons, l'éviction des enfants dès la  maternelle, les difficultés des "petits blancs" et de certains groupes raciaux, la morgue des grammar schools etc.). Mais il semble mobilisé pour les régler et les enseignants assez confiants dans l'avenir si l'on en juge par les arrivées massives de cadres du privé dans le vieux métier.


Bien heureux celui qui connaît l'humeur du prof français moyen aujourd'hui. Le système éducatif que présente le Café ce mois-ci est à son image : partagé d'espoir, du sentiment qu'on va enfin avancer et bloqué par mille et unes pesanteurs, qui ne relèvent pas toutes des moyens ou des mauvaises réformes mais aussi de l'état désastreux des relations humaines dans ce grand corps. Et aussi traversé de mille et une activités. Parce que, pendant que ministres et responsables parlent, les profs, eux, travaillent à ce que la machine tourne dans l'indifférence, parfois le mépris ou le ressentiment.


Dans ce numéro 109 du Café mensuel, vous avez tout cela. D'abord, dans chaque discipline, le travail au quotidien de milliers de profs qui tentent de faire mieux, différemment, avec inventivité et sans espoir de reconnaissance. Et puis il y a le système, écartelé entre des réformes rigoureusement contradictoires et sans cesse renouvelées. Il y a sa mauvaise conscience : la ségrégation nichée en son sein dont nous parle le sociologue Choukri Ben Ayed. Il y a ses avancées inattendues : le succès de l'Ecole numérique rurale par exemple.


Faut-il faire un vœu pour l'Ecole en 2010 ? Soyons réalistes. Demandons que ces tiraillements entre modernité (on va probablement bénéficier d'un plan numérique) et tradition (inutile de donner des exemples), entre autorité (voir la rubrique Lehmann) et accompagnement (revoir encore la rubrique Lehmann finalement !), continuent. L'harmonie ne peut sortir que du chaos.


Bonne année à tous les lecteurs du Café !


François Jarraud



Par fjarraud , le vendredi 22 janvier 2010.

Partenaires

Nos annonces