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Vanblog11 > Messages > Cicatrisation.
Cicatrisation.

 

Je regardais ma mains sans vraiment savoir pourquoi. L’entaille qui la parcourait de tout son long allait bientôt disparaître.

« - Ta main cicatrise bien ? S’enquit ma mère à l’angle de ma porte.

- Oui, je crois.

- Bien. Repose-toi.

- Humm... »

Elle essayait en vain de lire en moi. Mais malheureusement pour elle  mes grands yeux noirs ne laissaient rien paraître. Ni la souffrance, ni l’envie de fuir que je ressentais. Le regard las, elle repartit bredouille. Je retournai à mes pensées. Elles se dirigeaient directement vers lui. Sa peau blanche, ses lèvres écarlates. Son regard perçant. Il me manquait. Il avait laissé, en partant, un horrible trou béant dans mon cœur. Il le savait, il s’en voulait, mais ne faisait rien. Je n’étais plus la même depuis, tout le monde le savait. J’avais la fâcheuse habitude de fermer les yeux extrêmement fort pendant un laps de temps pour pouvoir m’échapper, échapper à la dure réalité. Mais quand je les rouvrais, rien, strictement rien n’avait changé. La vie est faite d’épreuves, il fallait bien avancer. Je m’endormis au bout de quelques heures à fixer le plafond.

Le lendemain j’avais toujours ce sentiment d’amertume. J’ouvris les yeux. Hésitante je tendis mon bras vers mon portable pour savoir l’heure. Sept heures. J’attendis que la maison se vide de ses résidents pour descendre. Puis je me dirigeai maladroitement vers la cuisine. La faim n’avait toujours pas repris le dessus. Après avoir fermé le réfrigérateur péniblement j’allai m’asseoir sur le canapé. Glacé. Mon sang se figea. Cette maison inspirait l’eau de javel. Elle était trop « parfaite ». En face de moi se dressait un immense miroir qui agrandissait la pièce et accentuait mon sentiment de solitude. La dureté de mes traits m’étonna. Depuis quand étais-je devenus si blanche ? Depuis combien de temps je n’avais pas mangé ? Toutes ses questions m’horrifièrent. Mais mes forces ne m’étaient pas revenues, donc je décidai de rester encore un peu à me dévisager. Je ne me reconnaissais même plus. Une inconnue était face à moi. Alors ne pouvant plus contenir mes larmes je m’effondrai. Je n’en pouvais plus. Il fallait que ça change. En une demi-heure j’étais lavée, coiffée, maquillée. Ensuite je descendis à l’étage, pris un grand verre d’eau et avala mes cachets d’un trait. Quand je décidai de prendre l’air, un bruit me parvint à l’étage. Tout de suite je compris. Ma raison me criait de m’enfuir. Mon cœur, lui, hurlait de monter et de l’affronter. Je montai les marches deux à deux. Il était là devant moi, les bras ballants. J’avais tant de choses à lui dire, mais aucun son ne parvint à sortir de ma bouche. Il rompit le silence.

« - Tu vas bien? Silence.

- Anaïs ? Nouveau silence.

- S’il te plait, dis quelque chose.

- Je te hais. Soufflai-je.

- Je sais. Si tu savais comme je m’en veux.

- Va-t-en.

- Comme tu voudras.

- Reste.

- Bien.

- Après tout ce temps. J’hésitai un instant. Puis rompis le silence.

- J’ai tant de choses à te dire. A te demander.

- Je t’écoute.

- Tu sais très bien que je n’y arrive pas. Il fit un pas en avant.

-  N’approche pas. S’il te plait. C’est... C'est trop tôt.

Il continua. S’approcha dangereusement. Me prit dans ses bras. Je ne résistai même pas. Il resserra son étreinte quand je voulus m’en libérer. Me caressa doucement la tête. Il avait changé. Maintenant il me dépassait d’une bonne tête. Son visage s’était affiné. Ses cheveux avaient poussé. Ses yeux étaient plus sombres que d’habitude. Ses lèvres, elles, n’avaient pas changé. Son odeur m’était toujours habituelle. Même si le temps l’avait un peu effacée. Je ravalai mes larmes.

« - Je vais tout expliquer.

- Si tu crois que ça va changer quelque chose.

- Je sais.

- Lâche-moi.

- Non. Tu sens trop bon. »

Son visage prit une moue déçue. Je ris. Il avait gardé ses sales manies d’enfant pourri gâté. J’aimais ça. C’était mon Geoffrey, le mien, celui que j’avais toujours connu. Je posai ma tête contre son torse quand soudain il se raidit. Je soupirai.

« - Laisse-moi deviner. Tu dois partir.

- Pardon. Tu dois comprendre…

- Nan. Criai-je soudain. Tu crois pouvoir revenir comme bon te semble et briser les morceaux de mon cœur que je viens à peine de recoller. Mais pour qui te prends-tu. Je ne t’attendrai pas toute ma vie.

-Je sais. Je t’expliquerai. Promis.

- Ouais. Les gens changent et les promesses sont brisées.

- Ne sois pas si amère.

Sans que j’aie eu le temps d’interpréter ses intentions, il emprisonna ma mâchoire dans sa paume blanche et si douce. De sa voie velouté il me dit :

« - Ton rire m’a tellement manqué.

- Humm…

- Souhaites-tu que je revienne ?

- Je ne sais pas.

- Ne m’en veux pas. Il hésita.

- Si tu savais…

- Si je savais quoi ?

- Comme je t’aime.

Il déposa un léger baiser caramélisé sur mes lèvres. Et partit par la fenêtre.

Je n’en revenais pas. Il avait eu le culot de revenir après tout ce temps. Dix mois, deux semaines et cinq jours. J’avais compté. Chaque mois, chaque semaine, chaque jour. Même les minutes n’avaient pas été oubliées.

Fin.

Anahysse

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