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Quand la lecture ne vient pas

Renaud a aujourd’hui presque 20 ans, il rentre cette année en Bac Pro vente. Sa mère, Julie, nous a raconté son parcours scolaire vécu en exil de la lecture.

 

L’étape de la lecture, Renaud semble l’avoir loupée dès son entrée en CP. La faute à la méthode d’apprentissage qui ne lui convenait pas ou alors au déménagement de Paris vers un village de province, ou à un rien qu’on ne décèle pas ; les explications pourraient être multiples, en fin de CP, Renaud ne lisait toujours pas. Il s’intéressait toutefois à beaucoup de choses, avait le sourire, faisait son travail, remplissait son « grand cahier » d’images et de dessins, était un fervent de la transmission orale. Pour l’institutrice, « à un moment donné, il lira, pas cette année mais l’année prochaine ». Peu rassurée, Julie tente bien de reprendre la méthode de lecture utilisée quelques années auparavant par sa fille aînée, mais elle sent qu’elle apporte de la confusion et se résout à la patience. En CE1, elle est alertée par l’institutrice qui décèle chez Renaud une absence de déchiffrage. Le fil de sa lecture tient à sa mémoire visuelle. La classe est à double niveau et les temps autonomes à lire les consignes sont autant de temps à ne savoir que faire. Il se met à détester les livres, les écrits et dévore les documentaires à la télé. Sa scolarité se poursuit ainsi en primaire. Son comportement est apprécié par les autres élèves comme par les enseignants. C’est comme si seule la lecture était restée au point mort, le reste grandit sans histoire et ses qualités relationnelles sont tout à fait remarquables.

En 6e, une déchirure familiale rendra indulgent le regard des enseignants sur les faibles résultats scolaires ; en 5e, il redouble à nouveau. Et les années de collège se suivent jusqu’au brevet des collège, non obtenu puis une orientation vers un apprentissage en pâtisserie. Durant toute ces années, Renaud grandit bien, est un élève agréable. A chaque réunion parents professeurs, Julie entend le même discours : les enseignants sont désolés de ses résultats. Sur ses bulletins, la colonne des notes est désastreuse tandis que la colonne des appréciations est élogieuse. L’histoire géographie est seule sauvée du naufrage par la curiosité et la mémoire d’éléphant de Renaud. Pour Julie, ce qui est le plus remarquable c’est que son fils n’a jamais désarmé, n’a jamais ressenti d’acrimonie ou d’impatience. « Il a vite compris qu’il n’avait pas les mêmes atouts que les autres mais en avait d’autres, la curiosité, la rapidité de compréhension, par exemple. Il communique bien mais pas par les mêmes biais que les autres. Pour lui, l’école n’est pas un gage de réussite dans la vie. Il vaut mieux être armé dans sa tête, savoir saisir des opportunités ». Paroles d’une mère attentive et qui n’a jamais perdu de vue les capacités de son enfant. Parole d’une mère réconfortée aujourd’hui par le parcours de son fils.

Car, l’apprentissage en pâtisserie n’a été qu’un passage, heureux au départ, puis assombri par un changement de patron qui ne porte pas le même regard sur l’apprenti. Une année de déprime et de désœuvrement lui succède, favorisant l’éclosion de questions. Julie s’escrime à le faire scruter son avenir pour laisser émerger un but, un métier. Ce sera vendeur en prêt à porter. Avec l’accompagnement de la mission locale, Renaud obtient une formation BEP ventes. Il décroche son diplôme et se sent prêt pour poursuivre en Bac Pro. Il vient d’effectuer sa rentrée. C’est désormais un adulte qui se lance à la conquête de la lecture.

Monique Royer

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