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Monique Argoualc’h : tisseuse de projets

Monique Argoualch et son projet Intergénérations ont marqué la mémoire des forums. Primé à Roubaix en 2009, il montrait une autre route pour remettre sur la voie du collège des jeunes en décrochage, un pont entre deux générations pour reprendre confiance et trouver la confiance des autres. Depuis Monique est revenue au forum des enseignants innovants comme invitée mais aussi pour présenter des projets. Les idées fusent, les opportunités de créer de nouvelles ramifications pour que sa classe relais soit un lieu de réconciliation avec soi, avec les autres, avec le savoir, foisonnent. Et ce foisonnement, il est difficile de le représenter en un panneau. Alors, cette année, Monique a choisi de venir présenter « les portraits numériques ».

Comme à chaque fois, les portraits numériques sont une histoire de proximité. Avec les personnes âgées de la maison de retraite toute proche, les élèves de la classe relais sont devenus des formateurs en numérique. Avec la classe maternelle pas loin, ils ont créé le personnage de Bubul, un poussin ambassadeur du tramway tout neuf de Brest. Avec des étudiants de Telecom Bretagne, ils ont imaginé des tutoriels pour faciliter l’utilisation des tablettes par les personnes âgées. Cette fois, ils sont allés à la rencontre des artistes qui se produisent à l’espace culturel voisin.

Heureuse coïncidence, l’espace est tout juste rénové avec dans ses missions celle de développer des liens avec le quartier. Le directeur est partant pour laisser le théâtre ouvert aux élèves du dispositif relais aux heures des répétitions. Danseurs, musiciens, acteurs, ils viennent rencontrer les artistes, les questionner pour composer un portrait numérique qui sera ensuite mis en ligne. Pour Monique Argoualch’ la culture est un formidable vecteur de citoyenneté. La rencontre, le fait de poser des questions, d’être pris au sérieux dans les réponses, rend la culture familière aux élèves, elle qui n’était souvent jusqu’alors qu’un territoire lointain que l’on pensait impossible à devenir sien. Le travail de portrait réclame un soin particulier. Il faut observer, préparer des questions, filmer, réaliser le montage sans tronquer la parole de l’artiste. Les élèves sont épaulés par un vidéaste.

S’il s’arrêtait là, le projet pourrait être raconté sur un poster mais voilà, il tisse aussi des liens avec les autres activités de la classe du dispositif relais. Un étudiant de Telecom Bretagne qui venait affiner une application avec les élèves est devenu un cobaye pour les interviews. Epaté par le professionnalisme des apprentis journalistes, il a renvoyé du même coup un retour positif, valorisant. Et puis, leurs portraits numériques leur tiennent à cœur alors quand ils vont animer les séances Internet à la Maison de retraite, ils en parlent aux personnes âgées au moment de donner des nouvelles du quotidien. Et ils les convient à venir assister au tournage de l’interview. La prochaine étape sera d’associer les parents en les conviant à un Café des parents. Ils se retrouveront alors pour se familiariser avec le numérique. Ce sont les élèves qui leur montreront comment faire, pas leur propres enfants mais d’autres qui se feront formateurs d’adultes et leur offriront la possibilité d’être aussi des citoyens du XXI siècle.

Oui comment, retracer tout cela sur un panneau, comment faire figurer tant de visages différents, d’idées, de rencontres. La confiance et la soif d’apprendre tissent leurs fils sans crier gare, choisissent des chemins imprévus et créent des rencontres improbables. A Nantes, Monique ne vient pour chercher un nouveau prix, elle vient surtout pour dénicher des idées et pourquoi pas trouver auprès des autres une façon de représenter, de raconter son projet sans rien oublier ; sans omettre par exemple, les activités sur Twitter, la charte d’utilisation, l’autorégulation qu’elle a suscitée.

Nul besoin d’être grand clerc que la sérendipité sera un sujet de conversation entre Monique Argoualc’h et Laurence Juin et d’autres encore, tous ces enseignants pour qui inventer, inventer sans cesse en saisissant les outils adéquats, les ressources opportunes, les rencontres éclairantes, va de soi. Monique de son côté espère un jour avoir du temps pour observer ses propres réalisations, les modéliser, comprendre ce qui fait que cela fonctionne si bien et que les initiatives s’agrègent sans jamais s’annihiler. Nous serons friands de ses constats de ses recherches pour gommer le vilain mot « décrocheurs » de notre vocabulaire scolaire.

Monique Royer

Les sites de la classe relais Rive-droite de Brest

http://www.drrivedroite.infini.fr

http://medias.drrivedroite.infini.fr/

Pour suivre la classe relais sur twitter : @drrivedroite

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