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Les mots du rap contre la cloison de verre

Pour la première fois cette année, Marie Soulié, enseignante de français au collège Daniel Argote à Orthez accueillait dans sa classe de 4e de nombreux enfants de la communauté des gens du voyage. Elle constate chez les filles notamment un absentéisme fort et se demande comment améliorer cette fréquentation en pointillés. Elle observe aussi comme un malaise, des tensions, une communication difficile voire inexistante entre les enfants du voyage et les autres élèves. Marie se sent démunie face à une expression flagrante de discrimination, un rejet basé sur des a priori qui ne présage rien de bon pour la suite de l’année. Elle décide alors de mettre l’ensemble de la classe autour d’une feuille pour y poser les mots qui ouvriraient la cloison de verre entre les groupes. Le travail est collectif, en grand groupe au départ puis en petits ateliers. Tous construisent ensemble et nécessairement doivent se parler pour échanger.

Le thème de la discrimination est traité en rimes, de fil en aiguille un rap se construit. Marie Soulié demande à sa collègue enseignante de musique de les aider à mettre du son sur les vers qui parlent des inégalités, du racisme, du rejet de l’autre sous prétexte de la différence. Elle propos à ses élèves de réaliser un clip. Pour illustrer les paroles, ils choisissent le mode du symbolique plutôt que du figuratif. L’enseignante d’EPS viendra les encadrer en explorant les figures de l’accro gym pour trouver les justes illustrations. Ils fabriquent même un chariot pour réaliser un travelling.

Quatre mois ont été nécessaires pour finaliser le travail. Marie Soulié est satisfaite du résultat. Le clip est de belle qualité. Sa diffusion est restreinte car une partie du groupe ne souhaitait pas qu’il soit publié en ligne de peur de recevoir des critiques peu amènes. « C’est le meilleur projet de ma vie » nous dit elle « Voir l’investissement des élèves m’a fait plaisir. Ils venaient même le mercredi. » Une fois le travail terminé, ils ont souhaité le poursuivre et un atelier rap a été créé.

Pourtant, le projet contrairement aux précédents qu’elle a menés était totalement improvisé, construit en fonction de l’évolution du groupe et du travail réalisé. Cette construction au jour le jour a plu à l’enseignante. « J’ai appris à travailler sans connaitre les objectifs finaux au départ et cela m’a amenée à voir différemment ma relation aux élèves ». Alors forcément, elle se dit que l’an prochain un nouveau projet naitra, fruit de sa rencontre avec les classes et des questions qu’il leur faudra résoudre ensemble.

Monique Royer

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