Blanquer met l'évaluation au centre de sa politique éducative
L'article
"On va établir pour chaque élève à chaque moment un état des lieux de ses forces et de ses besoins. C'est le sens des évaluations auxquelles je fais référence". Dans son discours de Ludovia, le 21 août, le ministre de l'éducation nationale est revenu sur la place qu'il entend donner aux évaluations nationales mises en place à la rentrée 2018. JM Blanquer répond ainsi à une promesse électorale du président de la République. Mais il leur donne une place plus grande. Pour lui, ce sont elles qui doivent piloter la pédagogie, leur exploitation permettant de déceler les difficultés des élèves et d'ordonner des pratiques pédagogiques.17 ans après les États-Unis, la France pourrait basculer dans le pilotage par les résultats. Une vision de l'éducation qui est pourtant très critiquée. | |
Pilotage par les résultats : Qu'en disent les enseignants ?
Après deux tentatives avortées, les enseignants français vivent la troisième tentative de faire entrer le pilotage par les résultats dans l'école française grâce aux évaluations nationales. Ces tentatives infructueuses expliquent le retard français par rapport à un mode de pilotage qui s'est répandu il y a 20 ans dans de nombreux pays développés. Comment les enseignants de ces pays vivent-ils cette forme de pilotage ? Dans la Revue française de pédagogie (n°198), Gonzague Yerly (HEP Fribourg) et Christian Maroy (Université de Montréal) enquêtent auprès d'une cinquantaine d'enseignants de 4 systèmes éducatifs différents. Ils montrent leur attitude ambivalente vis à vis de ce pilotage. S'il n'est pas totalement rejeté, notamment les objectifs affichés de la réussite des élèves, ses effets réels sont vivement critiqués. Dès qu'il descend du rayon des principes pour arriver en classe, le pilotage par les résultats déçoit et perd de sa légitimité aux yeux de ces enseignants. | |
Alain Chaptal : Vers les méthodes de l’entreprise ?
Ces derniers temps, une petite musique s’est installée avec insistance. "refonder l'administration" en préconisant "un changement dans la gouvernance publique", "responsabiliser davantage les chefs d’établissement notamment en leur donnant plus de marges de manœuvre » (rapport Cap 22 "Service public : se réinventer pour mieux servir") ; « généralisation de la rémunération au mérite" des agents publics et "l'allègement des commissions administratives paritaires" (Conseil des ministres du 12 juin) ; prime de 1000 € aux personnels des Rep+ et annonce de l‘examen de la possibilité d’adosser aux progrès des élèves et à l’accomplissement du projet d’école une partie de l’indemnité promise en 2017 aux enseignants par le président de la République (communiqué du 2 juillet 2018 du ministère de l'éducation nationale). Sans parler de la multiplication des évaluations et de l’insistance mise sur le pilotage par la preuve. | |
Stéphanie Demers : Les pratiques éducatives sont des pratiques humaines et sociales qui ne répondent pas aux algorithmes
Que nous apprennent les batteries d'évaluations nationales sur l'efficacité d'un système éducatif ? Pas grand chose et surtout rien d'essentiel, répond Stéphanie Demers, professeure à l'Université du Québec en Outaouais. Dans cet entretien donné au Café pédagogique elle montre non seulement les retombées négatives de ces système d'évaluation mais aussi leur incapacité à évaluer réellement la valeur d'une éducation. | |
Irène Pereira : Un bréviaire contre l'Evidence Based...
"L'éducation a pour objectif de faire advenir ce qui est proprement humain... La réduction de l'enseignement à des processus techniques... n'est pas en mesure de réaliser cette finalité". Alors que l'on nous promet enfin une éducation "fondée par les preuves" et que l'on met en avant des méthodes pédagogiques que les enseignants doivent suivre pas à pas à la lettre, Irène Pereira publie avec son "Bréviaire des enseignant-e-s" (Editions du Croquant) un ouvrage qui conteste la légitimité éducative des démarches "scientifiques" au nom de l'éthique enseignante. | |
Quelles évaluations à la rentrée 2018 ?
Cinq évaluations nationales sont généralisées à la rentrée 2018 : en Cp, en Ce1, en 6ème et en seconde. Leur particularité c'est que toutes trois imposent font remonter les résultats au niveau national et voient redescendre en retour des prescriptions. | |
Sylvain Grandserre : Notation des établissements : faites vos jeux !
Visiblement, la rentrée sert aussi à ressortir de vieilles idées. Eh oui, c'est reparti pour un (mauvais) tour ! Le Ministre de l’Éducation nationale, JM Blanquer - dix ans après une première tentative similaire avortée - souhaite procéder à l'évaluation des établissements. Dès que l'on dit « évaluation », ça fait sérieux, rigoureux. On prend la mesure pour prendre les bonnes mesures. Mais quand on regarde ce qui peut en être fait, ça reste mystérieux, voire franchement douteux. Dans un système où, dès l'âge de trois ans, on en prend pour vingt années de tests, contrôles, interrogations surprises, devoirs, QCM et autres examens, il ne manquait plus que ça. Pourquoi dès lors en remettre une couche ? |
Par fjarraud , le dimanche 14 octobre 2018.