Citoyenneté : Une autre école pour plus de 15 000 décrocheurs
Dix ans après la création de leur réseau, les écoles de la deuxième chance vont passer le cap des 15 000 jeunes inscrits. Proches des chambres de commerce et d'industrie, les écoles d ela deuxième chance (E2C) se voient comme "un complément aux efforts de l’enseignement initial sur les décrocheurs et un outil des politiques publiques pour les emplois de demain". C'est une formulation polie pour des structures où l'éducation nationale ne jouit souvent pas d'un préjugé favorable... Mais ces écoles affichent un taux de sortie positive de 58% , particulièrement élevé compte tenu du public concerné. Comment arrivent-elles à remettre sur les rails de vieux décrocheurs ?
"Plus nos jeunes ont galéré, plus c'est facile", nous avait dit G Guilbert, le responsable des E2C du 93, fin 2012. Les écoles n'acceptent pas de jeunes décrocheurs et la moyenne d'âge des inscrits est de 20,5 ans. Près de 37 % des jeunes accueillis sont issus des quartiers politiques de la Ville. La tendance est à la baisse du niveau scolaire à l’entrée : les jeunes qui se sont présentés à l’E2C étaient en 2014 relativement plus nombreux à avoir quitté l’école avant la fin de 3e : près d’1 cas sur 5.
Les E2C ont développé une pédagogie particulière qui met au centre le rapport à l'entreprise. C'est le contrat avec l'entreprise qui permet au jeune de se construire socialement : il gagne juste de quoi vivre normalement et s'insérer socialement. C'est lui aussi qui permet au jeune de retrouver confiance en lui. En E2C, pas de salle de classe. Il y a des espaces de travail autonome sur poste informatique. Des salles de repos. Des bureaux pour les formateurs. Ici on travaille à la carte, le formateur apportant des réponses aux difficultés de chaque jeune en fonction de son projet professionnel. Aucun n'a les mêmes besoins. Pour autant on fait du français, des maths. G Guilbert nous avait montré qu'en 2012 on faisait aussi de l'éducation civique de façon très directe et efficace. Les valeurs de la République, les jeunes les découvrent au Panthéon, au Musée d'histoire juive et à l'Institut du mode arabe. " Beaucoup de ces jeune sont farouchement antisémites mais ne savent pas ce que c'est que le judaïsme", nous avait dit G Guilbert. "Or les entreprises attendent des salariés qu'ils acceptent les clients comme leurs égaux".
Pour fêter les 11 ans du réseau, les E2C font savoir que 19% des jeunes sont entrés dans le monde de l’entreprise à la fin de leur formation avec un contrat CDI ou CDD de plus de 6 mois, 8% ont bénéficié d’un contrat de travail “aidé”, (type emplois d’avenir), 10 % en alternance, et 19 % des jeunes ont opté pour une formation qualifiante ou diplômante.
Les E2C et le décrochage (décembre 2012)
Par fjarraud , le jeudi 16 avril 2015.