Numérique, semaine des maths... Mathador poursuit sa route
1999, Eric Trouillot, prof de maths, crée un jeu de plateau pour travailler le calcul mental par le jeu. Depuis, "Mathador" a bien évolué avec une version flash en 2010 pour une utilisation plus rapide et plus adaptée au quotidien de la classe; puis une application tablette en 2014 et des abonnements pour les établissements l'année prochaine. Le jeu suit l'évolution des technologies et des pratiques pédagogiques en restant fidèle aux objectifs de départ : favoriser un changement de cadre pour valoriser et motiver les élèves, se lancer des défis que chacun peu réussir selon son niveau. Pour la semaine des maths du 14 au 22 mars, Mathador se décline en concours national de calcul mental : des défis à relever en classe, du cycle 3 jusqu'à la troisième. Les inscriptions sont ouvertes jusqu'au 9 mars. En attendant, Eric Trouillot nous fait partager sa vision de la place du jeu en cours de maths.
Comment en êtes-vous arrivé à l’idée de créer un jeu complet tel que Mathador ?
Mathador, c'est le rapprochement de trois mondes qui me sont très chers : le jeu, les maths et l'école. Devenu professeur de mathématiques, j'ai découvert par hasard les 5 solides de Platon sous forme de dés. L'idée de Mathador était né, un jeu pour essayer de rendre le calcul ludique. Le français joue avec les lettres : mots croisés, mots fléchés, Scrabble mais très peu avec les chiffres. Combien d'adeptes de grilles de nombres croisés pour des millions de cruciverbistes ? Les choses évoluent dans le bon sens : les sudokus, les concours et rallyes mathématiques dans les écoles et collèges se développent. Mathador essaye d'apporter sa contribution à ce mouvement. Je voudrais ajouter que depuis plus de 10 ans Canopé est totalement lié à l'aventure Mathador : l'édition et la diffusion des 3 jeux, puis le concours pour les classes et désormais le monde du numérique avec les applis. Je suis très fier de ce développement au sein du service public de l'école de la République.
Quel usage en faites-vous en classe ?
Régulièrement, à la fin du cours, je sors les 7 dés. Un élève lance les 5 dés blancs, un autre les 2 dés rouges puis j'écris au tableau le nombre-cible et les 5 nombres pour calculer. Et c'est parti pour 2 à 3 minutes de recherche pour toute la classe avec chacun son brouillon mais sans poser les opérations. Puis, le moment important de l'échange. Ceux, qui ont trouvé, explique oralement leur solution. Parfois, j'écris au tableau plusieurs solutions, de la plus simple au coup Mathador, lorsqu'il a été trouvé. Pour faire un coup Mathador, il faut fabriquer le nombre-cible en utilisant les 5 nombres et chacune des 4 opérations, c'est-à-dire une addition, une soustraction, une multiplication et une division. J'utilise aussi des photos que j'intègre dans mes diaporamas de calcul mental. Cela me permet de fabriquer des diaporamas avec du calcul mental automatisé, du calcul mental réfléchi et des situations ludiques de calcul mental à l'envers avec des jeux comme Mathador ou Trio.
Avez-vous constaté une réelle amélioration de la motivation et/ou des résultats de vos élèves ?
Mathador utilise le principe universel du "compte est bon", que j'appelle le calcul mental à l'envers. Dans la vie courante, le calcul mental est souvent pratiqué à l'endroit : un calcul, un résultat attendu. Pratiqué à l'envers, avec la recherche du nombre-cible, le calcul impose des choix de nombres et d'opérations. Par ces choix, il rend l'élève acteur et permet implicitement de travailler le sens des nombres et des opérations ainsi que les ordres de grandeur. Pratiqué régulièrement en parallèle du calcul mental classique à l'endroit, des progrès sont constatés dans la fréquentation des nombres ainsi qu'en calcul. En fait, le calcul mental à l'envers enracine et consolide les connaissances automatisées de type table qui ont alors un statut d'outil. Des études semblent montrer que cette aisance calculatoire se prolonge par de meilleurs résultats en résolution de problème. Au-delà de l'aspect scolaire, le jeu donne une image vivante et attractive du calcul. L'envie et la motivation sont au rendez-vous. C'est une façon d'établir une relation amicale avec les nombres et certainement de lutter efficacement contre l'innumérisme.
Laure Etevez
Par fjarraud , le mardi 03 mars 2015.