Citoyenneté : La Ligue des Droits de l'Homme mobilise contre l'extension de l'état d'urgence
![]() |
"Je rappelle que l'état d'urgence n'a jamais été mis en oeuvre depuis la guerre d'Algérie sur le territoire national, pas même lors des événements de Mai 68. La situation était pourtant hautement plus délicate qu'aujourd'hui..." Pour lui, "l'instauration de l'état d'urgence est une stratégie politique du gouvernement, décidée dans un contexte déjà préélectoral".
Plusieurs associations font part de leur inquiétude. Ainsi le Syndicat de la magistrature qui rappelle que cette décision met en danger les libertés constitutionnelles comme la liberté d'expression, la liberté de réunion et d'association et le droit au respect de la vie familiale et privée. En effet la loi de 1955 permet sur simple décision administrative, sans contrôle de la justice, d'interdire la circulation des personnes, mineures et majeures, d'assigner à résidence, de pénétrer dans les domiciles de jour et de nuit sans limites, d'empêcher les réunions et de prendre le contrôle des médias. L'état d'urgence donne aussi la possibilité aux autorités de remplacer les tribunaux civils par des juridictions militaires.
"On ne répond pas à une crise sociale par un régime d'exception". Un collectif associatif, regroupant Attac, la Fcpe, la Fsu, les Verts, la LDH, le Mrap, le Pcf, l'Unef, l'Unsa,l'Unl et une vingtaine d'autres mouvements, appelle à résister à l'état d'urgence. " nous n'acceptons pas que se poursuive l'état d'urgence... C'est faire peser sur la France toute entière et sur chacun de ses habitants, notamment les étrangers que le gouvernement désigne déjà comme des boucs émissaires, le risque d'atteintes graves aux libertés. Nous affirmons solennellement que si ce régime d'exception devait être prolongé, nous mettrions en oeuvre tous les moyens démocratiques dont nous disposons pour nous y opposer"... Ni le recours à des procédures judiciaires expéditives, voire à une « justice d'abattage », ni le marquage de zones discriminées par une carte de l'état d'urgence ne sont conciliables avec l'objectif du rétablissement de la paix civile et du dialogue démocratique. La République doit reconnaître, publiquement et par ses plus hautes autorités, que le sort de ces populations, les discriminations qu'elles subissent, sont de notre responsabilité collective et constituent une violation de l'égalité républicaine. Cette exigence implique aussi que la vérité soit totalement faite sur les conditions dans lesquelles deux jeunes hommes sont morts à Clichy-Sous-Bois".
Article du Nouvel Observateur
Communiqué