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Ecole 2.0 : l’heure des Tice est elle venue ?

Depuis que nous les observons, que nous les promouvons, que nous en cherchons des signes, des manifestations, la question demeure : qu’en est il exactement des Tice ? Répandues, utilisées, snobées ? Dans la salle Paul Delouvrier du Conseil Régional d’Ile de France, trois regards différents se posaient sur ces questions : celui d’Alain Séré, inspecteur général, rapporteur de la mission E-educ, celui d’Alain Chaptal, chercheur au Labsic Paris 13, auteur d'un rapport remarqué sur les Tice au Royaume-Uni et celui d’Idriss Aberkane, normalien, chercheur en sciences cognitives.

Serge Pouts-Lajus, animateur du débat, oriente leurs interventions autour de la question centrale : « l’heure des Tice est elle venue, y a t’il des prémices de changement ». Pour lui « la situation est difficile, en terme d’équipement ou de formation, mais certains signes annonciateurs peuvent être considérés positivement. » Il existe des initiatives, des expériences intéressantes, toutefois encore pâlichonnes en comparaison avec nos voisins britanniques.

Les réponses apportées par les trois intervenants sont également positives, soulignant des signes différents de frémissement tout à fait encourageants.

 

Alain Seré, inspecteur général, pointe les signes relevés par la mission e-educ. Le numérique s’étend dans l’école hors de la classe, dépasse les Tice pour être un moyen de répondre aux attentes fortes envers l’école ; attentes de communication avec les familles notamment, d’accompagnement auxquelles peuvent répondre des systèmes d’information numérique. C’est le cas du cahier de texte numérique qui facilite l’information des familles et ouvre un espace de communication.

L’idée de décloisonnement m’a parue intéressante, décloisonnement entre la gestion et la pédagogie pour favoriser l’éclosion de ce fameux système d’information, décloisonnement entre les investissements de collectivités territoriales et les fonctionnements propres à l’institution pour mettre en place ce système de façon sécurisée et concertée. Autre idée, celle de passer de l’injonction à la patience pour lever les freins à l’usage des Tice dans les dans les pratiques de classe. Ces freins sont bien souvent liés aux interrogations de certains enseignants sur l’acquisition réelle des compétences de bases par les élèves. La formation, le développement des expériences, en reconnaissant qu’elles ne sont pas à tous les coups transposables, pourraient favoriser leur extinction. Le futur observatoire des usages devrait permettre de repérer, de promouvoir des projets et favoriser le développement des Tice.

Pour Alain Chaptal, il y a eu «  la vie rêvée des tice », une sorte d’utopie où les réalisations des pionniers devaient se répandre par un effet tâche d’huile. Maintenant, nous sommes plutôt dans un constat consensuel pour lequel les évolutions nécessaires sont ancrées dans les pratiques. Des enseignants restent des « utilisateurs modestes » des Tice, car ils sont peu convaincus de leurs apports. Quand on regarde ce qui se passe dans les pays anglo-saxons, on voit que les usages des TICE restent massivement magistraux comme la projection de présentations ou de manuels avec les tableaux blancs interactifs. Il ne faut pas compter sue un effet « baguette magique ».

Dans ce sens, Alain Chaptal trouve deux idées positives dans le rapport eEduc : l’importance des partenariats locaux (même si le ministère et les collectivités ne sont pas traités sur le même pied), et l’affichage clair de la responsabilisation de l’enseignant lui-même, sans prêt-à-penser ni formatage préalable des contenus ou des usages. Restent deux points noirs : l’absence de résultats de recherche, de mobilisation de la communauté scientifique sur les bénéfices des l’usage des TICE dans le domaine de l’éducation et les faibles crédits disponibles alors que plus de 600 Millions de livres ont affectées aux Tice au Royaume-Uni.  Enfin, on sait que l’instauration d’un climat de confiance entre le ministère et les enseignants, est importante pour permettre les évolutions. Il ne semble pas tout à fait qu’elle soit au rendez-vous.

 

L’intervention d’Idriss Aberkane s’écoute comme un plaidoyer pour une plus forte implication des sciences cognitives dans les réflexions sur l’école. Les sciences cognitives s’intéressent au fonctionnement du cerveau, leur apport est donc fondamental pour mieux appréhender les mécanismes d’apprentissage. Pour Idriss Aberkane, elles peuvent aider à comprendre en quoi les Tice constituent un moyen de favoriser l’apprentissage, de prendre en compte des questions clés comme celle de l’autonomie. D’abord en s’interrogeant sur les usages des TICE à l’école, qui permettent de construire les apprentissages. Les TBI, les présentations numériques ont de l’intérêt, mais le besoin d’interactivité est loin d’être satisfait. Les blogs, les wiki, semblent plus appropriés. Encore mieux, des médias spécifiques permettent aux élèves d’organiser leurs connaissances. C’est le cas, par exemple, de l’utilisation de cartes cognitives qui favorisent la représentation des savoirs et la mémorisation. L’interaction paraît être le mot clé, interaction entre les élèves, les professeurs et les médias. « Dans un système d’utilisation réciproque, l’école devient un lieu d’émergence de nouveaux médias » explique Idriss Aberkane. Les Tice jouent alors un rôle pour renforcer, favoriser la motivation en offrant de réels terrains pour l’interactivité, avec une dimension d’approche citoyenne.

 

Les trois interventions étaient différentes, complémentaires, se rejoignant dans une certitude : les Tice sont là, incontournables et nécessaires pour ancrer l’école dans la réalité de notre société, dans les besoins d’apprentissage des élèves, les attentes des parents et les collaborations des collectivités territoriales. Du décloisonnement des usages des Tice dans les établissements à la construction des connaissances par l’interactivité, ce n’est pas d’une baguette magique dont nous avons besoin mais de dialogues et d’ouverture.

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