L'Expresso du 12 septembre 2022
Comment améliorer la voie professionnelle ? Emmanuel Macron dévoile sa réforme mardi 13 septembre au lycée Tabarly des Sables d’Olonne. Objectif : concilier une meilleure insertion des élèves tout en améliorant les poursuites d’études. La méthode c’est la concertation locale. C’est localement que les équipes pédagogiques devront concilier le doublement des stages avec le renforcement des enseignements généraux, les aspirations des élèves avec une adaptation étroite avec les besoins immédiats des entreprises. En laissant les échelons locaux décider, le président de la République prend le risque d’imposer simplement la loi des plus forts, qui est rarement celle des enfants des familles populaires. Et il veut le faire très vite, profitant de l’élan des 100 premiers jours...
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Combien de degrés en classe cet hiver ? Cet hiver, il faudra continuer à prendre soin de la planète. Il faudra aussi peut-être aérer les salles pour cause de covid. En même temps il faudra équilibrer le budget et faire des économies d’énergie. La question du chauffage des établissements scolaires est déjà une urgence budgétaire. Elle va devenir un vrai problème. De nombreux établissements sont déjà dans le rouge du fait de la hausse du coût de l’énergie. Tous regardent vers les collectivités locales qui elles-mêmes interrogent l’Etat. Dans les classes, il y a du souci à se faire.
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« L’école a besoin de relations humaines ». Le 9 septembre, la première association de parents d’élèves, la FCPE, est allée plus loin que le point habituel sur la rentrée. La FCPE lance une campagne pour la co-éducation. Rien de révolutionnaire : les parents veulent juste revenir aux relations qu’ils entretenaient avec l’Ecole avant que la crise sanitaire vienne interdire les relations humaines sans pour autant que le numérique puisse réellement les remplacer.
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Les femmes qui écrivent sont-elles dangereuses ? Au point d’être effacées de l’histoire littéraire et des programmes scolaires ? C’est ce que démontre « La revanche des autrices », une passionnante enquête de Julien Marsay, professeur de français au lycée Galilée à Gennevilliers. On y découvre combien l’invisibilisation des autrices a pris au fil des siècles des formes perverses et diverses : retours de bâton, calomnies, injures, étiquettes infamantes, plagiats, « brevet d’incapacité », camouflages, relégation aux genres « mineurs » … L’ouvrage, dérangeant, stimulant, combatif, interroge aussi l’Ecole : doit-elle reproduire l’ordre patriarcal de la littérature et du monde ? une écrivaine mise aux programmes n’est-elle qu’une « exception-caution » ? faut-il déconstruire l'histoire littéraire pour favoriser l'esprit critique des élèves ?...
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Kai Terada, professeur de mathématiques au lycée Joliot-Curie à Nanterre (Hauts-de-Seine) est suspendu pour 4 mois par décision rectorale. Officiellement ce n’est pas une sanction et aucune procédure administrative n’est lancée contre lui. Mais, suite à une mission de l’Inspection générale dans le lycée, le rectorat estime cette suspension nécessaire « dans l’intérêt du service » après des tensions dans l’établissement. Kai Terada pourrait être muté d’office dans un autre lycée. Voilà qui rappelle d’autres affaires. Celle des « 4 de Melle » suite au mouvement contre la réforme du bac. Ou encore les enseignants de l’école Pasteur de Saint Denis, mutés d’office. Kai Terada est un militant de Sud Education.Un syndicat que JM Blanquer a poursuivi avec ténacité. Est-ce l’inefficacité de ses démarches juridiques qui l’a amené à suivre ces mesures administratives qui ne sont pas des sanctions mais qui bouleversent la vie des enseignants et déstructure un syndicat détesté ? JM Blanquer n’est plus rue de Grenelle. C’est maintenant Pap Ndiaye qui assume des mesures où Sud, la Cgt, Fo et le Snes des Hauts de Seine voient de la répression syndicale.
La chanson des enseignants de Joliot Curie
« La rentrée des élèves de seconde, première et terminale est reportée à une date ultérieure ». Au lycée professionnel Léon Blum de Créteil, les élèves n’ont toujours pas fait leur rentrée. Le lycée est en grève. Le Snes Fsu dénonce « le climat délétère qui règne au lycée depuis l’arrivée de la nouvelle proviseure en septembre 2020 » avec des « dysfonctionnements administratifs nombreux », « des relations interprofessionnelles…, la communication avec la direction étant complexe et souvent houleuse. L’information circule mal et les enseignants se sentent méprisés, maltraités » et « des propos vexatoires ». Les enseignants demandent le départ du chef d’établissement.
« Les mesures gouvernementales annoncées sur le pouvoir d’achat sont en dessous de la situation de paupérisation de la population. La loi votée cet été se contente de poser quelques rustines et, à travers les exonérations de cotisations, ampute le salaire socialisé, fragilisant la protection sociale. Dans la fonction publique, la revalorisation de 3,5% de la valeur du point d’indice est en deçà de l’urgence à relever l’ensemble des rémunérations de 10% au moins tout de suite pour préserver les conditions de vie de tou-tes…Le gouvernement poursuit aussi une politique fiscale qui assèche les comptes de l’Etat au profit des grandes entreprises et au détriment des services publics (santé, éducation…) et du financement de la transformation écologique. Par ailleurs, il prévoit une réforme de l’assurance chômage qui va à l’encontre du droit des travailleur-euses ». La Cgt, la Fsu, Solidaires appellent à participer le 29 septembre à la grève interprofessionnelle pour les salaires.
L'ISSR c'est l'indemnité de sujétions spéciales de remplacement, versée aux enseignants remplaçants. Un décret et un arrêté publiés au JO du 28 août revalorisent l'indemnité mais dans un sens très libéral. L'indemnité est augmentée mais en même temps elle est décrochée de son indexation sur les salaires, comme le remarque Brendan Chabannes sur son compte twitter. Ainsi il n'y aura plus hausse automatique de l'indemnité en cas de hausse salariale.
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Aider financièrement les élèves à faire du sport a-t-il un effet ? On sait que le gouvernement lance le Pass Sport, une aide à la pratique sportive de 50 euros par enfant pour financer tout ou partie de son inscription dans une structure sportive. Pour le gouvernement, « le Pass’Sport est une mesure pouvoir d’achat destinée à offrir aux enfants et aux jeunes les plus éloignés de la pratique sportive, en raison d’un handicap ou pour des raisons financières, un accès facilité à une pratique sportive pérenne dans le temps en bénéficiant d’un cadre structurant et éducatif comme le club sportif peut en proposer ». Jan Marcus, Thomas Siedler et Nicolas R. Ziebarth étudient, dans un article de l’American Economic Journal (n°3 août 2022) une politique comparable menée dans le Land de Saxe en Allemagne. 33 000 écoliers en profitent depuis 2009. Selon leur étude ce programme n’a pas eu d’effet sur la santé des élèves, notamment sur l’obésité ou la motricité. Ils estiment cette politique individualiste trop faible pour atteindre ces objectifs.
Comment traiter en classe le décès de la reine d’Angleterre ? L’académie de Versailles publie un important dossier comprenant des activités pour le collège et le lycée, réalisées par des enseignantes de l’académie ainsi qu’une collecte documentaire. Dans l’académie de Grenoble, deux enseignantes invitent les élèves à découvrir l’importance de la couronne dans la vie britannique.
« La sous-représentation des filles dans les filières technologiques et mathématiques, ainsi que dans l’ingénierie témoigne de l’existence d’un « fossé mathématique » favorisant les garçons. L’enquête ELFE (Étude longitudinale française depuis l’enfance) permet pour la première fois de connaître le moment précis auquel cet écart apparait : entre la moyenne section de maternelle et le cours préparatoire (CP) », annonce l’INED. L’institut se base sur un article publié dans le British Journal of Develomental Psychology. « Ce résultat est un pas important vers une meilleure compréhension de son origine », affirme l’Ined. On savait déjà que la différence se créait en CP. Introduire la maternelle dans cette fracture renvoie à la finalité accordée à cette école.
En 2022-2023, au collège Daniel Argote d’Orthez, Marie Soulié invite à nouveau ses élèves à un voyage pédagogique à travers les programmes de français. La progression annuelle de 5ème devient une simulation globale, une Ecole intersidérale où les élèves explorent « tout l'univers de la connaissance en compagnie du Petit Prince » jusqu’à atteindre « la constellation des chefs-d’œuvre ». En 4ème, le programme se fait « musée » : « j’ai besoin de ton aide pour réaliser un audioguide qui présentera chacune des salles. Tu as une année scolaire pour le concevoir. » En 3ème, le programme devient « immeuble » : « Un jour, Claire est bouleversée par un livre qu’elle vient de lire: le journal d’Anne Frank. Elle a envie d’en parler, mais avec qui ? C’est alors qu’elle décide d’organiser la journée du livre dans son immeuble. Chaque habitant viendra présenter le livre de son choix. Les élèves suivront Yves le publicitaire engagé, Paul le poète romantique, Juliette la tragédienne, Romain le scientifique, Béatrice la députée. Mais attention aux débats enflammés sur les étages, aux poèmes balancés par les fenêtres, aux journaux intimes dévoilés et aux tirades déclamées dans la cage de l’escalier… » Des aventures pédagogiques à suivre au fil de l’année !
Marie Soulié et la simulation globale dans Le Café pédagogique :
Professeure au lycée Arago à Villeneuve-St. Georges, formatrice, Karine Risselin présente une pratique inspirante : le chantier de grammaire. Le travail repose sur des corpus de phrases : « la notion est réfléchie en amont par l’enseignant afin d’en dégager les attributs principaux (en 6ème par exemple, on définit 3 critères pour trouver un complément du verbe : il n’est pas supprimable, il n’est pas déplaçable, il est pronominalisable). » Le chantier comporte plusieurs phases : observation et classement, réflexion métalinguistique pour émettre des hypothèses, formulation et synthèse pour « mettre les mots du savoir sur ce que l’on a compris », entrainement et systématisation avec construction de nouveaux exemples pour prolonger le corpus et courts exercices. Le chantier de grammaire, situé entre 2 séquences, selon un rythme régulier et une progression rigoureuse, vient faire de l’élève « un petit chercheur » qui fait de sa propre langue un objet d’exploration, de réflexion, de langage.
Le défi Babelio se veut un « défi littéraire, numérique et collaboratif » pour 3 niveaux : Junior (CM2-6ème), Ado (5ème-4ème) et Ado+ (3ème-lycée). Autour des livres de la sélection annuelle, les élèves des classes inscrites publient des critiques et participent librement aux défis proposés par l’équipe organisatrice. Fabienne Lacourrège, professeure-documentaliste au collège de l’Estey à Saint Jean d’Illac (Gironde), éclaire les intérêts du projet en partageant en ligne les créations des élèves : instadéfis, quiz, bookfaces, bandes-annonces, nuages de mots, cartes d’identité, marque-pages, speed booking … Et même de la « poésie fleurie » : « à l'occasion du Printemps des poètes, nous avons composé des haîkus sur nos livres préférés. nous les avons ensuite écrits sur du papier à ensemencer (réalisé par les élèves du Club vert) et nous les avons plantés au collège. Nous attendons que nos vers se transforment en prairie fleurie. »
Défi Babelio Junior au collège de l’Estey
Défi Babelio Ado au collège de l’Estey
Par fjarraud , le lundi 12 septembre 2022.