Claude Lelièvre : Les contes fantastiques scolaires de Blanquer et Bercy
Dans les annexes au projet de loi de finances 2019 , on trouve des comptes futuristes fantastiques provenant du MEN et aussi des comptes faramineux venus de Bercy. Serait-ce le temps d'une forme de ''Grosplan''' voire de '' Grand bond en avant'' en France? Serait-ce un avant-goût tonitruant du ''rebond'' gouvernemental qui nous est promis?
Les comptes futuristes du ministère de l'Education nationale sont particulièrement fantastiques pour ce qui concerne le niveau des élèves en primaire.
Les proportions d'élèves capables de "comprendre, s'exprimer en utilisant la langue française à l'oral et à l'écrit" en fin de CE2 devraient augmenter de 10 points et passer de 79 % en 2017 à 89 % en 2020 pour l'ensemble de l'enseignement public et de 87 à 97 % dans le privé. En REP+, le taux passerait de 60% à 80 %.. Les proportions d'élèves qui, en fin de CE2 ''comprennent et peuvent s'exprimer en utilisant les langages mathématiques, scientifiques et informatiques" passerait de 77 % à 89 % dans le public, de 84% à 95 % dans le privé et, en REP+, de 58 % à 80 %..
Les annonces des réductions de non-réussite en REP+ laissent en particulier pantois: une réduction de moitié en 3 ans (de 2017 à 2020) pour ce qui concerne la langue française (le taux de non-réussite passant de 40% à 20%), et même une une réduction de plus de la moité pour ce qui concerne les ''langages scientifiques'' (le taux de non- réussite passant de 42% à 20%),
Bien sûr, on ne pourrait qu'être heureux de la réalisation effective de ces objectifs. Mais le doute en l'occurrence s'impose malheureusement à l'évidence. Et la responsabilité des différents acteurs de l'Ecole dans les taux d'échecs précédant ce ''grand bond en avant'' serait considérable si cela s'avérait possible. In fine, on en vient à penser que le magicien des annonces plaisantes -Jean-Michel Blanquer- doit surtout compter qu'il ne sera plus ministre de l'Education nationale au moment de la confrontation avec les résultats effectifs, en 2020.
Les comptes faramineux venant de Bercy ne sont pas moins fantastiques (alors que c'est habituellement l'un des lieux de la ''prudence'' en la matière )
Dans le rapport économique, social et financier (RESF) annexé au projet de loi de finances 2019, la direction du Trésor évalue un lien direct entre le dédoublement des classes de CP et CE1 en éducation prioritiaire à "environ 2 points de PIB". L'effet est envisagé "à très long terme" (sic) , avec -selon le RESP - pas moins de 120000 emplois qui pourraient être ainsi créés en raison "de l'employabilité des élèves traités" (re-sic) et d'une ''hausse de la productivité''. A voir; mais, par chance pour ses promoteurs et le moment de l'appréciation du réalisme de ces annonces, ce sera ''à très long terme''.
En tout cas, cette conjonction d'annonces faramineuses (mais dont on ne pourra pas vérifier la pertinence en temps voulu) s'inscrit très bien dans le courant du ''rebond'' de la politique gouvernementale promise.
Claude Lelièvre
Les gains extraordinaires de JM Blanquer
Par fjarraud , le jeudi 11 octobre 2018.