Agir pour l'école : Le ministre saisi par des syndicats
Le 18 juin, le Café pédagogique faisait connaitre en exclusivité les pressions exercées sur des écoles du Nord pour imposer le protocole d'Agir pour l'école. Elles prennent maintenant une dimension nationale avec la publication de la lettre envoyée à JM Blanquer par le syndicat des enseignants Unsa et son syndicat des inspecteurs. Ils lui demandent de protéger la liberté pédagogique des enseignants. Cela devrait aller de soi si l'origine des pressions n'est pas justement le ministère...
"Ce projet présenté comme une expérimentation est en fait imposé aux IEN et aux enseignants de GS ou de CP d’écoles en REP sans leur accord", affirment S Crochet et P Roumagnac, secrétaires généraux du Se Unsa et du Sien Unsa. Or la lettre fait état de pressions dans 3 académies : Lille, Limoges et Nice.
"Son contenu va bien au-delà de ce qui figure dans les programmes en vigueur et monopolise l’enseignant sur un certain type d’activités au détriment d’autres contenus pourtant inscrits dans les programmes. Ces conditions supposent un recours à l’article L401-1 (ex article 34) qui permet de déroger aux programmes mais exige de respecter le principe de volontariat des acteurs... Le SE-Unsa et le SI.EN-Unsa vous demandent de bien vouloir rappeler aux recteurs que des expérimentations dérogeant aux programmes nécessitent un recours à l’article L401-
1 (ex article 34); qu’une expérimentation ne peut être imposée et doit respecter le principe de volontariat de tous les acteurs impliqués", continue la lettre.
Le Sgen du Nord a aussi réagi affirmant que " le ministère a décidé un véritable déploiement de « l’expérimentation » « Agir pour l’école » en l’imposant, sans concertation ni informations précises, à 102 collègues du département du Nord. Cette intrusion dans les classes réduit les enseignants à un rôle de spectateur alors qu’ils sont des professionnels de l’Éducation, concepteurs de leur enseignement".
"Des écoles ont été mises devant le fait accompli", nous avait confié Yves Marie Jadé, secrétaire départemental du Snuipp Fsu du Nord le 18 juin. Dirigée par Laurent Bigorgne, président de l'Institut Montaigne, Agir pour l'école a longtemps compté JM Blanquer dans ses membres influents. Dans l'entourage du ministre, le 16 juin, on nous avait assuré "qu'il n'y a aucune instruction pour une méthode en particulier" et qu'un tel dispositif "se fait toujours dans le cadre du volontariat des équipes sur place". Tout en laissant entendre que le Dasen du Nord "a peut-être été convaincu de la méthode". En prenant une dimension nationale l'affaire pointe maintenant vers la rue de Grenelle.
François Jarraud
Par fjarraud , le vendredi 22 juin 2018.