Le rapport 2018 d'Amnesty International
Dans son rapport annuel Amnesty dénonce la montée des discours de haine. Il montre aussi la montée des mobilisations pour y répondre. Pour la France, Amnesty relève notamment l'aggravation de la situation des migrants, des mesures liberticides suite à la levée de l'état d'urgence et les délits de solidarité.
" Les États sont censés être les premiers à garantir les droits humains, mais ils sont de plus en plus nombreux à les attaquer ouvertement et à cibler ceux qui les défendent. Des dirigeants tels qu'Abdel Fattah al-Sissi, Rodrigo Duterte, Nicolás Maduro, Vladimir Poutine, Donald Trump et Xi Jinping n’ont plus aucun scrupule à s’en prendre directement aux droits de millions de personnes", écrit Amnesty International dans son rapport 2018. " Notre rapport atteste d’une dramatique régression des droits humains dans le monde entier. Dans le même temps, de nombreux États n’assument pas suffisamment leurs responsabilités en termes de respect des droits économiques, sociaux et culturels. L’accès au logement, aux soins, à l’éducation voire à l’alimentation est loin d’être garanti pour encore trop de personnes dans le monde. Pourtant, priver des personnes de ces droits fondamentaux, c’est entretenir les inégalités et l’instabilité et c’est pénaliser l’avenir de pans entiers de populations, ce qui alimente le désespoir et les risques de violences. Les gouvernements opèrent ainsi un grave retour en arrière et reviennent sans vergogne sur des protections durement acquises au fil des décennies".
Pour la France, Amnesty relève notamment l'aggravation de la situation des migrants, des mesures liberticides suite à la levée de l'état d'urgence et les délits de solidarité.
" Emmanuel Macron de son côté a porté des messages forts en faveur des droits humains durant sa campagne : défense de l’état de droit, droits des réfugiés, droits des femmes, engagement à défendre les défenseurs des droits, etc. Cependant, plus de sept mois après son entrée en fonction, force est de constater que la mise en œuvre concrète de ces engagements est pour l’instant loin d’être convaincante. Elle est pour le moins contrastée, inégale, voire en contradiction avec les convictions affichées sur plusieurs questions majeures... Avant l’élection d’Emmanuel Macron, la France n’était pas à la hauteur ses responsabilités. Elle ne l’est toujours pas. Plus de 1 600 ressortissants afghans ont été détenus en centres de rétention. Près de 27 000 réfugiés et migrants ont été renvoyés en Italie par la France depuis la frontière franco-italienne, dont de nombreux jeunes adolescents isolés. Les droits élémentaires, comme celui d’être informé de ses droits ou de pouvoir demander l’asile, ne sont pas respectés... L’année passée a été marquée par la fin de l’état d’urgence, près de deux ans après son entrée en vigueur, et par l’adoption d’une loi qui intègre la logique de l’état d’urgence dans le droit commun. Ainsi, les perquisitions, les assignations et les fermetures de lieux de culte pourront se fonder sur des suspicions plutôt que sur des éléments tangibles, ce qui risque d’entraîner des mesures disproportionnées ou arbitraires, sans voie de recours satisfaisante. Avec de telles mesures, c’est aussi la présomption d’innocence et le droit à une procédure équitable qui sont mis à mal... En France, des poursuites ont été engagées et des condamnations pour « délit de solidarité » prononcées, à l’encontre de militants qui n’ont fait que pallier les défaillances de la France en matière de droit d’asile et d’accueil des migrants et réfugiés".
Par fjarraud , le vendredi 23 février 2018.