Quelles spécificités au métier de PLP ?
Les PLP sont-ils des professeurs comme les autres ? Les enseignants des lycées professionnels ont-ils le même profil et les mêmes conditions de travail que leurs collèges des lycées généraux et technologiques ? Bénéficient-ils du même bien-être que leurs collègues ? Une étude publiée par la Revue Éducation et formations de mai 2017 (n°93) affirme que non. Après un parcours personnel différent, les PLP travaillent dans un environnement moins bon que leurs collègues. Leur insatisfaction est plus grande.
Un métier bouleversé
Les 68 000 PLP représentent près de 15% du corps professoral du secondaire. Ils travaillent dans un secteur qui a été touché par un bouleversement important , le passage du bac pro de 4 à 3 ans, qui s'est accompagné de réformes des formations et de la suppression de très nombreux postes.
L'étude de Marie-Noël Vercambre-Jacquot et Nathalie Billaudeau pour la Fondation d’entreprise MGEN ne porte que sur un peu moins de 300 PLP. Mais selon elle, ces bouleversements ne sont pas à l'origine de l'insatisfaction. Elle prend racine dans d'autres caractéristiques de ces corps.
Un environnement plus dégradé
La principale caractéristique des PLP c'est que l'enseignement est souvent une seconde carrière : c'est le cas pour 57% des PLP contre 31% des enseignants des lycées généraux et technologiques.
Une autre caractéristique forte tient à l'environnement des PLP. " Le contraste le plus franc se joue au niveau de l’origine sociale des élèves", note l'étude. "En effet, seuls 4 % des enseignants de LP exercent dans des lycées où les élèves sont issus d’un milieu social globalement favorisé (contre 41 % dans les LEGT), et à l’inverse 60 % enseignent dans des établissements où les élèves sont d’origine sociale plutôt défavorisée (contre 5 % des enseignants de LEGT). Autrement dit, le public des élèves est socialement segmenté au lycée : essentiellement d’origine moyenne/défavorisée en LP, d’origine moyenne/favorisée en LEGT". Cette situation renvoie aussi au parcours personnel des enseignants moins lisse que dans les lycées généraux.
L'enquête montre d'autres particularités qui méritent d'être soulignées. Les PLP se déclarent davantage victimes de violence psychologique au travail que les autres enseignants (21 contre 16%).
Des conditions indignes
On retrouve , en plus grave, les conditions indignes faites aux enseignants : 15% jugent leurs locaux en mauvais état (contre 10% en LEGT), 61% ont des possibilités de se détendre insatisfaisantes contre 35% dans les autres lycées. Seulement 52% se sentent en sécurité dans leur établissement (69% en LEGT).
Les PLP sont 67% à déclarer que l'exercice du métier est devenu plus difficile contre 61% dans les LEGT. Les PLP ont une appréciation moins positive des élèves , des délégués élèves et des délégués des parents.
Les auteurs concluent malgré tout sur une vision optimiste. "Les enseignants de LP expriment un peu moins fréquemment que leurs collègues de LEGT un désir de changer de profession (45 % contre 53 %, ), suggérant qu’ils vivent plus souvent leur métier en tant qu’aboutissement. D’ailleurs... la disqualification scolaire et sociale qui pèse sur l’enseignement professionnel n’empêche pas que s’y déploient des « tactiques d’adaptation », tant de la part des jeunes et des familles que de la part des enseignants... Une telle approche « positive » d’un métier réputé difficile viendrait contrebalancer les aspects plus pénibles de l’enseignement professionnel et expliquer ce tableau en clair-obscur du bien-être des enseignants de LP".
F Jarraud
Par fjarraud , le mardi 16 mai 2017.