OCDE : Un effort éducatif indispensable en France pour tirer parti de la mondialisation
Alors que la mondialisation est le thème central de la campagne électorale, l'OCDE publie le 4 mai son rapport sur les "Perspectives de l'OCDE sur les compétences". Reprenant certains enseignements de PIAAC 2013, le rapport montre le lien entre l'effort éducatif et de formation professionnelle et une intégration heureuse dans la mondialisation. Et il interpelle l'école française. Car, pour l'OCDE, avec une main d'oeuvre moins bien formée que dans les autres pays développés, la France a du mal à tirer parti de la la mondialisation comme ses voisins.
Une France moins intégrée dans la mondialisation
Alors qu'en moyenne un tiers de la production des pays de l'OCDE est exportée (un peu moins en France avec 29%) , l'avenir de leur économie dépend d'une façon croissante de leur capacité à s'intégrer dans les "chaines de valeur mondiale", ces filières de production mondialisées développées avec la mondialisation.
Développer toutes les compétences
Pour l'OCDE, "les travailleurs doivent être dotés d’un éventail de compétences adapté pour faire en sorte que la mondialisation soit porteuse de créations d’emplois et de gains de productivité plutôt que de retombées négatives sur le plan économique et social". L’édition 2017 des Perspectives de l'OCDE sur les compétences montre que les pays qui ont pleinement adhéré aux CVM entre 1995 et 2011 ont bénéficié d’une forte accélération de la croissance de la productivité du travail dans l’industrie, dans une fourchette comprise entre 0.8 point de pourcentage supplémentaire pour les secteurs présentant le potentiel de fragmentation de la production le moins important et 2.2 points de pourcentage pour ceux qui offrent le potentiel le plus élevé, comme l’industrie manufacturière de haute technologie.
" Pour tirer le meilleur parti des CVM, les entreprises ont besoin de travailleurs dotés de compétences en littératie et en numératie, en résolution de problèmes, et en gestion et en communication, qui soient prêts à se former tout au long de leur carrière. Plus les entreprises emploieront des salariés correspondant à ce profil, plus les gains de productivité générés par les CVM se diffuseront à l’échelle de l’économie tout entière", estime l'OCDE.
Et l'OCDE cite de bons élèves comme la Corée, l'Allemagne ou la Pologne qui "ont tiré profit des CVM en se spécialisant davantage dans les secteurs d’activité avancés sur le plan technologique, en améliorant l’éventail de compétences de leur main-d’œuvre et en obtenant de bons résultats sur le plan social et économique".
La population active la mois compétente des grands pays
Or l'étude de l'OCDE montre que la France souffre justement d'u handicap en ce qui concerne les compétences de ses travailleurs. L'enquête PIAAC 2013 avait déjà montré que la France a la main d'oeuvre la moins compétente des grands pays développés. Près d’un tiers des adultes en France (31%) souffrent d’un manque de compétences en numératie et/ou littératie, soit cinq points de plus que la moyenne des pays de l’OCDE (26%). Le nouveau rapport permet d'affiner le diagnostic et de proposer des solutions éducatives.
Le rapport souligne que " le premier quart des adultes les plus performants en littératie et numératie affiche des résultats en dessous de la moyenne des pays de l’OCDE, ce qui peut s’avérer insuffisant pour développer un avantage comparatif dans les secteurs technologiquement avancés qui exigent des travailleurs dotés de fortes compétences cognitives"
Quel effort éducatif ?
Pour l'OCDE, "la France doit doter sa population d’un éventail de compétences non seulement cognitives mais aussi sociales et émotionnelles, offrir plus d’équité dans l’apprentissage et encourager les adultes de développer et adapter leurs compétences tout au long de leur vie. Le développement de compétences sociales et émotionnelles passe souvent par le développement de l'enseignement préscolaire.
Au niveau scolaire, l'OCDE souligne la baisse des compétences en maths alors qu'en sciences le niveau stagne. L'organisation rappelle aussi les inégalités sociales d'accès aux compétences dans l'école française.
Pire, pour l'OCDE les diplomés français ont un niveau de compétences inférieur à leur diplôme. " En France, 17% des jeunes diplômés de l’enseignement supérieur ont des compétences en numératie inférieures au niveau 2, soit moins que la moyenne de l’OCDE (23%). Ces diplômés ont des compétences qui ne sont pas suffisamment en phase avec leur niveau de diplôme".
Les recommandations de l'OCDE porte sur l'ensemble de la chaine éducative. L'OCDE rappelle " l’importance d’une éducation pré-primaire de grande qualité pour tous pour garantir à chaque enfant un bon départ dans leur éducation. De plus, des méthodes d’enseignement innovantes dans les écoles et un soutien fort des professeurs à tous les élèves peuvent permettre d’atteindre les compétences cognitives, sociales et émotionnelles les plus pertinentes. La France doit par ailleurs améliorer la qualité de ses programmes d’éducation et de formation professionnelle en développant un apprentissage orienté autour du monde professionnel et de ses exigences." Elle invite aussi à " développer et adapter en continu les compétences des adultes".
François Jarraud
Par fjarraud , le vendredi 05 mai 2017.