TIMSS : Des syndicats "alarmés" qui invitent au sursaut dans la continuité
"Un effet de yoyo dans les programmes serait désastreux". Qu'est ce qui réunit le Snuipp Fsu et le Se-Unsa e réaction aux mauvais résultats de l'enquête Timss sur l'enseignement des maths et des sciences ? Le refus d'une valse des programmes qui suivrait l'alternance politique en 2017. Avant tout il faut continuer ce qui a été entrepris depuis 2012. Mais C Chevalier, pour le Se Unsa, demande à revoir la formation. F Popineau pour le Snuipp Fsu, souhaite une réduction des effectifs élèves et un accompagnement sérieux des enseignants.
Sarkozy et Fillon responsables
"Il ne faudra pas en rester aux commentaires. Il va falloir s'engager à renverser les choses". Commentant pour le Café pédagogique, les résultats de TIMSS 2015, Francette Popineau, co-secrétaire générale du Snuipp, pointe des actions à mener de façon urgente. Secrétaire général du Se-Unsa, l'autre grand syndicat du primaire, Christian Chevalier invite à revoir la formation en Espe.
"On voit les effets des mesures de l'époque Sarkozy", explique F Popineau, pour expliquer les mauvais résultats de la France dans Timss, la grande enquête internationale en maths et sciences couvrant le Cm1. "Ceux qui voudraient faire un copier coller après 2017 doivent voir que ça ne marche pas".
"Les programmes de 2008 étaient trop versés vers les automatismes et pas assez vers la compréhension. Ils demandaient de faire trop de choses trop tôt. Finalement on constate qu'ils n'étaient pas adaptés au rythme des élèves". F Popineau rappelle aussi la suppression de la formation initiale des maîtres sous le gouvernement Fillon.
Réduire les effectifs élèves
Elle voit d'autres facteurs : le manque de matériel pour enseigner les sciences, le nombre d'élèves par classe plus important en France qu'ailleurs ("on est 2ème en Europe sur ce point"). Joue aussi le fait que les enseignants ont rarement eu une formation scientifique car le niveau de salaire est trop bas dans l'enseignement.
Que faire ? "Les résultats de Timss sont dangereux car ils vont aussi démoraliser les enseignants qui travaillent beaucoup pour la réussite des enfants. Maintenant il faut que les politiques prennent la mesure de qui peut être fait. Dans la plupart des pays d'Europe on a des groupes classe de 20 élèves et souvent deux enseignants par classe, un d'eux étant référent scientifique. Il est donc urgent de réduire le nombre d'élèves par classe et d'augmenter le nombre des enseignants surnuméraires (plus de maitres que de classes). Il faut aussi plus de formation continue pour les enseignants".
Elle relève que "les enseignants n'ont toujours pas reçu une version imprimée des nouveaux programmes" et que leur accompagnement est très insuffisant. "Sans accompagnement les professeurs continueront à utiliser les programmes qu'ils maitrisent".
Assurer la continuité des choix de 2015 et 2016
Reste le plus dur. "Il faut aussi rassurer les enseignants sur la durabilité des nouveaux programmes. Il faut que les politiques comprennent que l'école a besoin de sérénité". Or actuellement les propositions faites pour l'après 2017 mènent "au recul".
Revoir la formation initiale
"Il y a sans doute à revoir la formation initiale et continue", nous a dit Christian Chevalier, secrétaire général du Se Unsa. "La priorité au primaire n'est pas qu'une affaire de postes. Les résultats de Timss sont le symptome d'une difficulté à enseigner les maths et les sciences de façon à engager les élèves dans les apprentissages des enseignants du premier degré".
Il précise. "J'ai le sentiment que la formation initiale est trop éloignée de ce qui est nécessaire pour enseigner au 1er degré. Or la formation continue ne peut pas compenser. Il y a urgence à revoir toute la formation, notamment les maquettes des Espe".
Pour C Chevalier les programmes de 2008 ne sont pas seuls en cause. "Ils étaient peut-être inadaptés. Mais on ne peut pas s'arrêter à cela et renvoyer les responsabilités à d'autres. La question de la formation est posée. Ensuite il faut de la continuité pour que les choses s'installent. Un effet de yoyo dans les programmes lié à l'alternance politique serait terrible pour les enseignants".
Dans un communiqué, le Sgen Cfdt estime que Timss " dresse un constat accablant d'une certaine politique éducative basée sur les suppressions de postes, « le retour aux fondamentaux » à l'école primaire et une conception toujours élitiste du lycée. Les élèves de CM1 testés par l'enquête ont en effet connu les programmes de 2008 fondés sur une idéologie du retour des fondamentaux... Les très mauvais résultats aux tests montrent l'échec d'une telle orientation pédagogique qui est allée de pair à l'époque avec les suppressions de postes".
Propos recueillis par François Jarraud
Par fjarraud , le mercredi 30 novembre 2016.