Médiateur : Consolider les décisions des jurys d'examen
Comment répondre aux questions des parents et des candidats tout en maintenant la souveraineté des jurys d'examens ? C'est l'équation que tente de résoudre le médiateur de l'éducation nationale. Saisi de plus de 1400 plaintes en 2015, soit 18% des saisines d'usagers, il propose de changer les règles de fonctionnement des jurys pour permettre davantage de transparence.
Améliorer ou alourdir la correction ?
"On peut corriger une erreur matérielle dans un résultat d'examen. Mais corriger une erreur de droit c'est autre chose : cela touche à la règle de souveraineté des jurys", nous a dit Claude Bisson Vaivre, médiateur de l'éducation nationale, en présentant son rapport annuel le 13 mai. "Or force est de constater que la demande d'explication, de compréhension des décisions et donc des évaluations va croissant".
La solutions, pour le médiateur, c'est d'imposer une appréciation argumentée sur les copies d'examen. "Les copies comportent systématiquement un cadre destiné aux appréciations du correcteur. Le fait que cette case ne soit pas remplie ne peut que susciter l'incompréhension du candidat", note-il. Il souhaite que cette appréciation devienne une "obligation" pour le correcteur par inscription dans un décret.
Le médiateur va même plus loin en demandant "une grille numérisée faisant apparaitre une appréciation sur les différents éléments constitutifs de l'épreuve". Elle pourrait être consultée par le candidat.
Améliorer ou revenir sur la souveraineté du jury ?
"Sans remettre en cause le principe de souveraineté du jury", cela permettrait, selon le médiateur, de vérifier la concordance entre note et appréciation et en cas de discordance de revoir l'évaluation. Il propose aussi de pouvoir revoir l'évaluation en cas de pratique de notation "anormale" d'un correcteur.
Le médiateur veut aussi imposer une harmonisation des notes entre correcteurs et que la tenue des réunions d'harmonisation soient obligatoires.
On retrouve dans ces recommandations des idées déjà émises par le médiateur en 2007. De fait certaines sont déjà très pratiquées comme la comparaison de l'évaluation des correcteurs.
D'autres semblent difficiles à mettre e place compte tenu de la réalité des conditions d'examen : souvent les réunions d'harmonisation sont inaccessibles faite de temps. Compliquer les conditions de correction avec de nouvelles exigences cadre mal avec le poids des corrections , particulièrement dans certaines disciplines.
Aujourd'hui l'hétérogénéité entre jurys tient aussi aux conditions de rattrapage des candidats très variables d'un jury à l'autre. Or cette question , qui pourrait être réglementée sans alourdir le travail des correcteurs, n'est pas abordée.
François Jarraud
Par fjarraud , le mardi 17 mai 2016.