La classe inversée au lycée professionnel, c'est possible...
"Comment je suis passé à la classe inversée ? Par nécessité". Lors du 1er congrès de la classe inversée organisé par l'association Inversons la classe, Bernard Rouy a rappelé un invariant des enseignants innovants : on innove quand on est face à une difficulté insurmontable. Une montagne que ce professeur d'électrotechnique a escaladée avec profit...
Professeur au lycée professionnel Frédéric Mistral de Nîmes, Bernard Rouy ne fait pas mystère de sa conversion à la classe inversée. Après des années en BTS, on lui confie quelques heures en seconde professionnelle. "Je me suis dit "je ne sais plus y faire". Il se retrouve devant des élèves qui ne travaillent pas à la maison , qui n'apprennent pas. "Je voulais rendre pragmatique mon enseignement et je n'y arrivais plus". L'année est difficile et Bernard Rouy se remet en question. "Il fallait que je trouve quelque chose".
Ce changement s'appuie sur le fait que tous les lycéens sont dotés d'un ordinateur par la région. "C'est comme la caisse à outils, ils doivent l'avoir". Bernard Rouy décide de l'utiliser pour changer son enseignement en passant à la classe inversée.
Les leçons prennent la forme de fichiers Adobe Xchange, un programme gratuit qui permet d'inclure des réponses. Le travail à faire à la maison est court et étalé sur 3 ou 4 jours parce que les lycéens professionnels ont souvent des contraintes de vie personnelle fortes. En classe on fait la correction de la leçon qui devient la trace écrite numérique. "Tout le temps gagné par le travail à al maison passe en exercices et e TD. J'ai enfin un enseignement pragmatique". Ce que ne dit pas B Rouy, c'est que ce travail à la maison est déjà très pragmatique. Les tâches proposées aux élèves s'expriment dans des questions très concrètes qui rendent accessible le programme.
Quels effets sur les élèves ? Selon B Rouy, "j'ai plus de participation lors des leçons. J'obtiens une meilleure mémorisation. Ma moyenne a augmenté de 1,5 point. Les élèves ont davantage confiance en eux". B Rouy apprécie de se renouer avec l'image qu'il se fait de sa discipline et de son métier dans un climat de classe centré sur le travail et pacifié. "Les élèves voient que le travail rend car il est suivi d'évaluations positives".
Le travail inversé explique cette révolution. Mais elle tient aussi au soin qu'y apporte Bernard Rouy. "L'évaluation du travail est régulière. Et au bout de deux zéros, j'appelle les parents." Les élèves travaillent plus.
François Jarraud
Par fjarraud , le vendredi 10 juillet 2015.