Collège : Les réformistes n'ont pas peur du 19 mai
Fort du vote favorable du Conseil supérieur de l'éducation, le camp réformiste de l'éducation nationale ne croit pas dans une mobilisation massive contre la réforme du collège le 19 mai. Le Se-Unsa, le Sgen Cfdt, Education & Devenir, la Fcpe et le Crap ont scellé leur alliance pour la réforme le 11 mai. Ils ont vanté une réforme permettant une démocratisation du collège et promis que les langues vivantes et anciennes seraient mieux traitées qu'avant.
Le 11 mai, Paul Raoult, président de la Fcpe, invite Christian Chevalier, secrétaire général du Se-Unsa, Frédéric Sève, secrétaire général du Sgen Cftd, Marie-Claude Cortial, présidente d'Education & Devenir et Philippe Watrelot, président du Crap, à faire conférence commune en faveur de la réforme si contestée du collège. Le groupe des réformistes s'affiche une nouvelle fois, après plusieurs déclarations communes et un vote en faveur de la réforme au Conseil supérieur de l'éducation. Ce 11 mai, il envoie une nouvelle lettre à la ministre, en soutien à la réforme, demandant une nouvelle évaluation au collège. Plusieurs organisations qui en avril ont soutenu la réforme sont pourtant absentes comme l'Unl et l'Unef. "On veut montrer qu'il y a des enseignants et des parents pour la réforme", explique Paul Raoult. Christian Chevalier évoque "le vote sans appel" au CSE qui montre que "les questions d'éducation ne sont pas la chasse gardée des enseignants". Il moque "l'attelage baroque" des opposants à la réforme, réunissant à côté du Snes et de Fo, le Snalc et l'Ump.
Un enjeu démocratique
Pour C Chevalier, "le vrai enjeu de la réforme est démocratique". Il attend de la réforme du collège qu'elle permette à tous les enfants de réussir. Cela semble l'opinion partagée par les autres organisations. F Sève salue "une réforme modeste" qui offre "des boîtes à outils pour réussir", à condition que les enseignants s'en emparent. "Si on renonce au collège unique, les personnels sont au premier plan pour recevoir la souffrance des élèves", rappelle-t-il. Pour F Sève, la réforme, n'évitera pas les stratégies d'évitement des familles mais la réforme devrait donner les moyens de faire réussir tous les enfants. C Krepper, du Se Unsa, dénonce la situation actuelle, où un enfant qui est dans une classe bilangue et fait du latin "a une demi-journée de classe en plus que les autres par semaine... On offre cette demi-journée aux meilleurs", dénonce-t-elle, qui sont souvent les plus favorisés.
Justement la question du maintien du latin et des secondes langues est posée par les opposants à la réforme. "Le soutien aux langues vivantes ne dépend pas de la réforme. Elle commence dès le CP", affirme C Krepper. "On ne peut pas soutenir des dispositifs qui maintiennent des langues sans tenir compte de leur impact sur la composition des classes". Elle vante la réforme qui permettra de donner à tous une Lv2 dès la 5ème. "Les heures de LV2 vont augmenter de façon spectaculaire", promet-elle. "Les professeur d'allemand vont y trouver leur compte. Il n'y a pas de raison de s'inquiéter". C Chevalier vante la longue concertation sur les langues anciennes. "On aura les moyens de faire du latin et d'avoir des groupes en effectifs réduits", promet C Krepper.
Quel soutien chez les enseignants ?
Les enseignants vivront "leur empowerment", promet P Watrelot. "Ce sera l'empowerment des équipes pas des chefs d'établissement". "Des sommes conséquentes seront donnée spour la formation", assure C Chevalier. "La volonté politique est actée dans le budget", mais aucun chiffre ne sera donné. Les IPR, les chefs d'établissement, les formateurs académiques feront la formation des enseignants dans les établissements, explique-t-il. F Sève estime qu'il faut prévoir un effort dans le temps et se méfier "d'une vision descendante" de la formation.
Majoritaires au CSE, les réformistes restent minoritaires dans les établissements. Mais l'appel à la grève des opposants à la réforme le 19 mai ne les inquiète pas. Education & Devenir est certaine que "les professeurs ont changé". "On n'est pas en terme d'agitation dans les établissements comme on l'était avec la réforme des rythmes", explique Christian Chevalier, secrétaire général du Se-Unsa. Il mise aussi sur le ferme soutien de F Hollande à la ministre.
François Jarraud
Par fjarraud , le mardi 12 mai 2015.