A Paul Bert, des lycéens devenus responsables de leur lycée
Comment créer du lien entre les élèves et les adultes qui les forment ? En leur donnant des responsabilités. Le principe est ancien mais pourtant peu mis en pratique dans le système éducatif français. Au lycée Paul Bert de Maison Alfort (94), le lycée a sauté le pas avec la participation de la région Ile -de-France. Dans ce lycée professionnel à la fois tertiaire et industriel le Conseil de la vie lycéenne a bâti un projet d'aménagement réalisé durant l'été.
Inutile de demander ce que les lycéens pensent de leur nouveau foyer. Ils tolèrent de laisser la télévision éteinte parce que el président de la région Ile-de-France, Jean-Paul Huchon y rencontre le Conseil de la Vie Lycéenne (CVL). Mais ils entrent, sortent, profitent des coins aménagés pour papoter et rire. Ils sont chez eux ! Le foyer est installé dans une grande salle largement ouverte sur une cour. Dotée de tables bases et de fauteuils elle comprend un coin télévision et plusieurs espaces ou les groupes peuvent échanger en rond ou en vis à vis. "C'est un endroit où on est bien", nous disent Tidem et Myriam, deux élèves de seconde. "On regarde la télévision. On est un peu chez soi". Mais une fenêtre donne directement dans le bureau des surveillants...
Durant l'été, le lycée a aussi été doté d'un City Stade, un mini stade où on peut pratiquer plusieurs jeux de ballons, et de nouveaux bancs et tables dans la cour. Tout cela a été commandé dans le cadre du budget participatif lycéen voté par le Conseil régional d'Ile-de-France. "On a réuni les élus du CVL et on a lancé une consultation auprès des lycéens", explique Pauline Armange, la jeune CPE du lycée. "Je suis allé voir les élèves et je leur ai dit qu'il fallait chercher le bien commun, ce qui peut donner satisfaction à tous les élèves", explique le président du CVL, un élève de BTS. Après la consultation, le CVL a dialogué avec le proviseur, la CPE, le gestionnaire et un ingénieur envoyé par le Conseil régional, pour délimiter le projet et choisir le matériel. Finalement il a opté pour la réfection du foyer et la création du City Stade. Les budgets participatifs lycéens sont limités à 70 000 euros. Ils ont été expérimentés dans 30 lycées en 2013-2014.
Pour Jean-François Gaudy, le proviseur du lycée, l'opération est positive sur le plan de la responsabilité confiée aux lycéens. Il envisage de transformer le foyer en Maison des lycéens, c'est à dire d'en confier la gestion au CVL. La CPE estime que le foyer améliore l'esprit d'appartenance au lycée. Les élèves se sentent mieux qu'avant. Le président du CVL exprime sa fierté d'avoir réussi à mener ce projet et de l'avoir fait avec les responsables du lycée.
"Très souvent on parle des élèves au dessus de leur tête", nous confie Henriette Zoughébi, vice-présidente du conseil régional en charge des lycées. "Si on veut faire de ces jeunes des citoyens il faut donner du grain à moudre aux CVL. Ils s'investissent si on leur donne la parole pour de vrai. Avec le Budget Participatif Lycéen on montre qu'on leur fait confiance. Cela a un effet global sur l'établissement Ils y restent davantage et le décrochage diminue".
Le Budget Participatif Lycéen va plus loin que l'amélioration du cadre de vie des élèves. C'est le prétexte à initier un véritable dialogue et à donner aux lycéens le sens des responsabilités que doit avoir le citoyen. L'expérimentation de l'année dernière est suffisamment positive pour qu'elle soit prolongée cette année. 12 nouveaux lycées vont à leur tour découvrir qu'ils peuvent réellement changer leur lycée.
François Jarraud
Les budgets participatifs lycéens
Par fjarraud , le mardi 18 novembre 2014.