Qui écoutera la souffrance enseignante ?
Ce n'est pas faute de rapports et d'études. Le mal être enseignant a fait l'objet de nombreux travaux et est parfaitement documenté. Récemment il y a eu le rapport du Carrefour social sur le burnout des enseignants et la tension au travail. En juin 2012, le rapport Gonthier-Maurin sur la "souffrance enseignante". En septembre 2012 celui d'Eric Debarbieux qui parle du "ras-le-bol" des enseignants du premier degré. Et celui de V. Bouysse et Y. Poncelet dénonçant "l'alourdissement" du métier. Ils avaient été précédés en 2010 du rapport de Dominique Cau Bareille (Créapt-CEE) sur la lassitude et le mal être enseignants.
Pour elle, ce qui fatigue les enseignants c'est la hiérarchie de l'Education nationale. Une conclusion que n'écartent pas les rapports récents. Dominique Cau Bareille a interrogé les enseignants de maternelle, d'école élémentaire, du collège et du lycée. Le premier facteur de fatigue, à chaque niveau, c'est le sentiment d'être empêché de faire correctement son métier par le cadre institutionnel. « Actuellement, on nous demande de singer l’élémentaire », disent certaines enseignantes. Les fins de carrière "apparaissent ainsi de plus en plus entachées de rancoeur et de difficultés à faire valoir leurs façons d’enseigner face à une institution dans laquelle elles ne se reconnaissent plus autant qu’avant. Au lieu d’y trouver un soutien, elles en soulignent les astreintes et frustrations, sentiments qui font partie des arguments pour envisager des départs précoces".
Il est urgent d'envoyer des signaux de changement. Le ministre évoque parfois la "maltraitance" subie par les élèves par exemple du fait des rythmes scolaires. Il lui faut intervenir aussi sur celle des enseignants. La volonté de certains inspecteurs de devenir bienveillants doit être encouragée. Mais c'est aussi en s'attaquant enfin aux programmes que V Peillon améliorera la vie des esneignnats.
François Jarraud
Par fjarraud , le mercredi 16 octobre 2013.