Actualité : Vers le collège inique ?
C'est la
question que pose le sociologue François Dubet dans une tribune publiée par
Libération le 21 novembre qui fait suite à la fois aux annonces
ministérielles sur les parcours différenciés au collège et à un récente
enquête de la FSU qui conclue au désaveu du collège unique. Pour François
Dubet, " le collège est envahi par les problèmes sociaux, la violence et
l'incivilité. C'est souvent vrai. Mais l'école n'est-elle pas elle-même
violente, et elle le sera plus encore en se débarrassant de ceux qui en
dérangent l'ordre. Au lieu d'affirmer que le collège doit renforcer son rôle
éducatif, on en appelle à un retour sur les savoirs, ce que personne ne
contesterait si cela ne signifiait pas aussi que l'éducation ne saurait être
l'affaire de l'école. Or, si ce n'est pas l'affaire de l'école, c'est
l'affaire de qui ? L'absentéisme scolaire ne découle pas seulement de la
«démission des familles», mais aussi du fait que bien des élèves ne pensent
plus que l'école les aide à s'instruire, à préparer leur avenir, à se
former"... Cette contre-réforme n'est pas un événement mineur, car elle
revient sur plusieurs décennies d'histoire scolaire... Du point de vue
social, l'abandon du collège unique, le matraquage obstiné sur la violence
scolaire aux dépens de thèmes tout aussi importants comme le désintérêt
scolaire ne sont qu'une manière de stigmatiser et d'exclure tous ceux qui
n'ont pas le bon goût et les moyens de participer au monde si lisse et si
vertueux de la France d'en bas : les jeunes des banlieues, les habitants des
quartiers difficiles, les étrangers venus du Sud et de l'Est, les gens du
voyage, les chômeurs obstinés et... les mauvais élèves". La République
doit-elle améliorer le collège pour l'ouvrir à tous ou mettre en place un
système scolaire à deux vitesses ? Il semble qu'on s'achemine rapidement
vers la seconde solution.
Article de Libération
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