"Osons être inégalitaires en moyens pour être égalitaires en réussite et, au fatalisme, préférons la solidarité pour une école inclusive et la réussite de tous les élèves". Ce pari c'est celui que Jean-Paul Delahaye propose à l'Éducation nationale. Dans un copieux rapport publié le 12 mai, l'ancien directeur de l'enseignement scolaire livre ce qu'il sait sur la façon dont l'Éducation nationale accommode les pauvres. Il ne s'en tient pas à des révélations déjà retentissantes, il livre un véritable programme qui , en 66 préconisations, doit permettre à l'école française de réussir à intégrer ses pauvres. On a attendu longtemps le "Pisa choc" capable de laver l'affront d'avoir le système éducatif le plus inégalitaire des pays développés. Jean-Paul Delahaye vient de le donner.
Faut-il concentrer les moyens sur des écoles spéciales pour les plus pauvres ? Faut il une pédagogie officielle pour ces enfants ? Doit-on transférer des moyens du lycée vers le primaire ? Jean-Paul Delahaye revient sur les points les plus importants de son rapport.
À peine publié, déjà enterré ? Les réponses de la ministre de l'Education nationale au rapport Delahaye, le 12 mai, doivent tenir compte des réalités budgétaires mais aussi de l'état de l'opinion, des lourdeurs de la machine et de l'énergie ministérielle. Du discours de N Vallaud Belkacem on retiendra la profonde lucidité de la vision politique, l'application immédiate de quelques mesures et des orientations à long terme, au delà de 2017.
Alors que l'Éducation nationale s'engage vers une gestion des moyens prenant en compte des impératifs de mixité sociale, l'enseignement catholique fait évoluer aussi ses critères d'affectation des nouveaux moyens. Il le fait à sa manière, en rondeur et dans la continuité mais avec des effet qui pourraient être perçus sur le terrain à partir de la rentrée 2016.
Directeur de l'école Küss, une école faisant partie du REP d'un quartier populaire du 13ème arrondissement parisien, Pierrick Busseuil est confronté au quotidien des familles hachées par la crise et la pauvreté. Au delà des efforts quotidiens et des malentendus, il souligne la nécessité de construire une relation de confiance avec les parents pour faire progresser les enfants. Une exigence qui de vient chaque année plus ardue.
La publication du rapport 2015 de l'Observatoire national des zones urbaines sensibles apporte des éclairages nouveaux sur la scolarité en ZUS sur la période 2012-2013, première rentrée scolaire de F Hollande. Cette rentrée organisée par le gouvernement précédent, se traduit par une dégradation de la situation scolaire. PLus fondamentalement le diplôme protège moins du chômage en ZUS qu'ailleurs.
À quoi tient le succès de l'école londonienne ? À sa diversité ethnique, estime Simon Burgess dans une étude réalisée pour la Bristol University. Réussir cette mixité sociale, c'est faire progresser l'école dans son ensemble.
L'école française reste la championne européenne des fondamentaux
L'École française ne se perd pas en activités ou en amusements. Elle n'a pas perdu de vue les enseignements fondamentaux. De nouvelles statistiques européennes montrent que c'est en France que l'on consacre le plus de temps à l'enseignement des disciplines fondamentales comme le français ou les maths. Une réalité déjà connue, qui se maintient et qui devrait mettre un terme une bonne partie du débat actuel sur l'École.
Collège : Après la manifestation.... la réforme du collège entre en application
Un pas de plus dans l'épreuve de force. Manuel Valls avait promis une publication rapide des textes sur la réforme du collège. Malgré la mobilisation le 19 mai d'une bonne partie des enseignants contre ce projet, le premier ministre passe outre. Le Journal Officiel du 20 mai publie le décret et l'arrêté portant organisation du collège. Le gouvernement marque ainsi sa fermeté face à des syndicats qui portaient hier des menaces sur l'organisation du brevet.
La ministre a estimé le coût de la réforme du collège à 200 millions. Elle a également fait des gestes à propos des langues anciennes et de l'allemand et annoncé un livret numérique pour tous les collégiens.
Alors que l'affrontement politique sur le collège s'est prolongé le 21 mai, la décision de l'intersyndicale (Snes, Snalc, FO, Sud, Cgt) hostile à la réforme était vivement attendue. Tout en dénonçant "les manoeuvres de récupération politiciennes", l'intersyndicale a amorcé le 21 mai une certaine désescalade dans le conflit qui l'oppose au gouvernement. Elle renvoie la question aux enseignants avec dès le 4 juin une journée de mobilisation.
On a beaucoup entendu les éditorialistes, les politiques et les intellectuels parler de la réforme du collège. Moins les enseignants. J’ai donc interrogé les profs de collège que j’avais déjà sollicités à la veille de la réforme. Une, sur les quatre, a refusé de répondre, se disant trop découragée. Les trois autres iront manifester le 19 mai. Ils ne sont pas représentatifs de toute une profession. Mais leurs critiques sont révélatrices des inquiétudes et des fractures que révèle cette réforme.
Selon les évaluations CEDRE menées par la Direction des évaluations du ministère de l'éducation nationale (DEPP), publiées par Le Parisien le 17 mai, le niveau en mathématiques des collégiens a baissé depuis 2008. Selon le ministère, cela justifie la réforme du collège.
La décision de faire passer le 20 mai en force les textes de la réforme du collège contre laquelle manifestait une part importante des enseignants des collèges est lourde de sens. Elle interroge l'avenir même de la réforme.
Appel à manifester, mises en garde, invectives. La journée du 20 mai est celle des déclarations à droite où chaque leader veut trouver sa place dans la contestation de la réforme. L'Ump et l'Udi trouvent tout d'un coup de grandes qualités aux syndicats. Mais le modèle de collège vanté à droite réapparait quand Hervé Mariton demande le rétablissement du décret Chatel sur l'évaluation des professeurs par les chefs d'établissement...
Alors que la réforme du collège est soumise à de vives critiques, François Hollande est à nouveau intervenu en sa faveur le 7 mai. Mais il a aussi apporté des réponses aux critiques notamment sur l'enseignement de l'allemand et de l'histoire, imposant à la ministre de l'Éducation nationale de nouveaux efforts.
De l'art de réformer ou Comment le système éducatif plante ses réformes
Pourquoi les réformes ne marchent pas ? Peut-être parce qu'elles sont combattues par le système éducatif lui-même. La thèse que défendent Julie Blanc et Christian Germier, deux docteurs de l'Université de Toulouse, traite de l'accompagnement personnalisé mis en place dans le cadre de la réforme du lycée. Mais elle fait évidemment écho à la réforme du collège qui copie le même dispositif, destiné à tous les élèves. C'est au final la curieuse conception de la conduite du changement dans le système éducatif qui est interrogée.
La Suède est-elle allée trop loin dans la décentralisation de son système éducatif ? C'est la championne de la désétatisation de l'École qui est priée par l'OCDE le 4 mai à se réformer une nouvelle fois mais en marche arrière. L'organisation internationale invite la Suède à réformer en profondeur son système éducatif pour améliorer le niveau de compétences des élèves et réduire les inégalités. Un appel qui clôt la réforme éducative la plus libérale des pays de l'Ocde. Déjà un démenti pour nos futurs dirigeants ?
Alors que l'on attend toujours le rapport d'évaluation sur la réforme du lycée conduite par Luc Chatel, une nouvelle étude réalisée par l'enseignement catholique dresse un bilan de la réorganisation du lycée. Il est publié 5 ans après le lancement de la réforme. Mais aussi alors que la réforme du collège emprunte des éléments à celle du lycée, comme l'accompagnement personnalisé. Si la réforme du lycée semble ne pas avoir atteint les objectifs qui lui étaient assignés, ce bilan éclaire les difficultés que peut poser une réforme. Même quand elle part avec de bonnes idées...
Comment adapter l'École à la réforme territoriale ? C'est qu'en changeant le nombre des régions, le gouvernement modifie aussi le rapport de force local avec l'État. Il interroge ainsi la fonctionnement de tout le système et au final les procédures d'affectation des enseignants et des personnels d'établissements. Pressé par la réforme territoriale, le gouvernement a annoncé lors du conseil des ministres du 22 avril son intention de créer des "recteurs coordonnateurs" en charge des nouvelles régions. Une cotte mal taillée qui modifie l'existant mais laisse encore des questions sans réponses...
Annoncé depuis des mois, le plan numérique a été présenté le 7 mai par le président de la République. Il prévoit un milliard d'euros d'investissements pour l'État en 3 ans pour soutenir les efforts des collectivités locale, de la formation continue, des ressources et une généralisation de l'apprentissage du codage. Totalement piloté par l'Élysée, ce plan veut être une double réponse : aux difficultés des jeunes au collège, à celles du gouvernement sur la réforme du collège.
"Le numérique n'est pas une potion magique". Chercheur au LabSic de Paris 13, Alain Chaptal observe depuis des années la place des technologies dans les systèmes éducatifs en France et à l'étranger et spécialement dans le monde anglo-saxon. Il réagit à l'annonce du plan Hollande et annonce déjà des désillusions...
Voici un nouveau plan qui ne renouvelle pas grand-chose par rapport aux précédents si l'on s'en tient aux seules dimensions numériques : équipement, formation, ressources forment le triptyque traditionnel. Reprenant l'image d'Epinal des ordinateurs dans les placards de jadis, le président a tenté de nous présenter sa différence, mais on ne peut pas dire qu'il y ait beaucoup de nouveauté sur le cœur du projet. Les auditeurs du discours ont du être un peu surpris de la première partie du discours qui a surtout justifié l'ensemble de la politique éducative depuis trois ans. Mais cet exercice de contextualisation avait aussi pour objectif de mettre en évidence une cohérence dans la durée. Mais c'est au cœur du discours que sont apparues les variations les plus intéressantes et surtout les marques d'inflexions qui ont montré la prise en compte de la concertation qui s'est tenue et dont la première partie de l'après-midi rendait compte.
Métier enseignant : Une circulaire recadre les services des enseignants du second degré
Où s'arrête le service normal d'un enseignant en lycée et collège ? Prise en application des décrets Peillon, la circulaire sur les "missions et obligations réglementaires de service des enseignants" du second degré dessine la géographie précise des obligations de service des professeurs des collèges et lycées. Avec parfois des situations inattendues, fruits des longs arbitrages.
Décret le 29 avril, circulaire le 30, le ministère clôt rapidement le dossier des missions particulières des enseignants du second degré. C'est que ces textes touchent à la règle de la parité dans les établissements en officialisant des missions confiées par le chef d'établissement à certains enseignants. C'est aussi que le nouveau système n'est pas forcément très avantageux pour les intéressés. Ces nouvelles missions en établissement seront la plupart du temps à effectuer en plus d'un temps complet d'enseignement. Les rémunérations ne dépendant plus du corps, certains vont y perdre.
La publication des décret et circulaire sur les missions des enseignants clôt un cycle de redéfinition du métier d'enseignant entamé sous Vincent Peillon. C'est un nouveau système de gouvernance des établissements qui tente de prendre forme.
Comment évolue le "statut enseignant", cette place qu'ils se reconnaissent dans la société et qu'on leur accorde ? Géraldine Farges, de l'IREDU, présentait le 4 mai, dans le cadre du séminaire LIEPP Sciences Po, organisé par Denis Fougère et Agnès van Zanten, l'avancée de ses travaux sur le statut social et le style de vie des enseignants. Exploitant un demi siècle de données, elle a fait le portrait d'une catégorie de la population en perte de prestige et en fermeture.
Y a-t-il un lien entre la confiance dans ses capacités d'enseignant et la réussite des élèves ? C'est ce que pense l'OCDE qui appelle, dans un nouvel ouvrage, à rehausser le niveau de confiance des enseignants. Une recommandation qui semble adressée spécialement aux professeurs français nettement singularisés par un niveau de confiance abyssal. L'Ocde propose aussi des remèdes réalistes : faire face aux problèmes de disciplines, partager la direction, développer le sentiment d'appartenir à une équipe.
L'avenir des secondes carrières enseignantes est-ce l'entrepreneuriat ? C'est ce que pense Rémi Boyer, fondateur et président de l'association Aide aux profs. Depuis près de 10 ans, l'association milite pour une seconde carrière des enseignants, celle que l'on commence quand on veut changer de métier. Pour l'association, l'avenir des secondes carrières ne se joue plus dans un détachement ou une mise à disposition. Le 6 mai, Rémi Boyer invite les enseignants à rompre avec le monde de l'éducation et à opter pour le grand large.
Le Café pédagogique est un média associatif, imaginé et développé par des enseignants.
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