Peut-on prolonger bien au-delà de la scolarité la communauté éducative et humaine qu’est la classe ? Ce rêve de pédagogie au long cours, Chloé Delaporte l’a réalisé au collège Jean-Jacques Rousseau du Pré-Saint-Gervais en Seine-Saint-Denis. En 2011-2012, autour du thème au programme « se raconter, se représenter », elle guide ses 3èmes dans un projet d’écriture jusqu’à leur proposer de rédiger un carnet intime. En juin 2012, les élèves qui le souhaitent déposent ce carnet dans un coffre immédiatement fermé à clef. Dix ans après, en juin 2022, tous et toutes se retrouvent pour une cérémonie d’ouverture du coffre … Ce beau partage de créations et d’émotions, de souvenirs et de devenirs, fait de l’écriture de soi bien plus qu’un simple objet d’étude : une pratique, une posture, une invitation à envisager et inventer tout à la fois « ma vie, mon œuvre ».
Et si Julien Sorel avait vécu au temps de Parcoursup ? Puisque le jeune et ambitieux héros du roman de Stendhal « Le Rouge et le Noir » est à la recherche de son chemin et de sa place dans la société, puisqu’il joue à la roulette de la réussite professionnelle et du déterminisme social, et si on lui faisait faire un voyage dans le temps pour le confronter aux modalités et difficultés de la recherche de formation et d’emploi dans le monde actuel ? Tel est le singulier et savoureux travail d’écriture d’appropriation qu’ont mené les lycéen.nes du lycée de l’Iroise à Brest dans le cadre de leur projet i-voix. Le projet « Parcoursorel » témoigne de défis à relever : comment le professeur de lettres peut-il se faire « designer » d’expériences de la littérature ? l’expérience de l’œuvre peut-elle devenir pour l’élève expérimentation de soi ?
« Tu es un Africain en 1780. Tu vaques à tes occupations. Un groupe d’individus t’encercle. Tu ne comprends pas. Tu es razzié. Mis dans un entrepôt. Puis dans une cale de navire...». Tel est le point de départ d’un beau projet d’écriture mené par les 4èmes d’Ophélie Jomat au collège des Acacias au Havre. Peut-on amener les élèves eux-mêmes à se faire passeurs d’Histoire, jusqu’à transmettre celle, si peu racontée, de l’esclavage ? En partenariat avec le Labo des histoires, l’écrivaine d’origine haïtienne Gerda Cadostin, les professeur.es d’histoire et de musique, les élèves se sont nourris de leurs recherches autour du passé enfoui de leur ville pour écrire des fictions historiques à la 1ère personne. Le travail mené montre combien le patient travail de l’écriture permet de dépasser la culture scolaire du premier jet, combien l’écriture à la 1ère personne permet de travailler le sens de l’altérité, combien l’écriture créative permet de mieux se documenter sur le monde.
"Pour remédier à ce constat amer s'imposait à moi une salutaire modification de posture. Laquelle ?" Professeure de français au collège Daniel Argote à Orthez (Pyrénées Atlantiques), Marie Soulié nous invite à voyage initiatique. A travers ses échecs, ses reculs, ses avancées, elle raconte comment elle a élaboré une pratique pédagogique qu'elle propose de façon très concrète dans un livre (Enseigner en classe inversée, ESF Sciences humaines) qui est un véritable guide pour l'enseignant. Le voyageur ne perd pas de vue sa boussole : le respect des programmes, le souci d'équité, la réussite de tous, la volonté de vivre et partager en classe. Un cheminement, des repères où les enseignants, du premier comme du second degrés, se retrouvent. Marie Soulié revient sur ce chemin et les valeurs d'enseignante qui l'habitent.
A l’heure des achats et lectures dématérialisées, faut-il faire redécouvrir aux élèves le plaisir de la librairie, donc de l’objet-livre lui-même ? C’est le sens du dispositif « Jeunes en librairie » auquel Claire Tastet a participé avec ses 1ères au lycée Jacques Vaucanson à Tours. Par-delà la sortie scolaire, le projet aborde bien des thèmes : la parole d’autorité en matière culturelle, la vitalité de la littérature contemporaine, la « dormance » de livres à réveiller… Et il invite à à déployer bien des activités : rencontre avec l’écrivain québécois Michel Jean, visioconférence avec un éditeur, écriture créative sur l’importance du corps et du lieu de lecture… Et si on libérait le livre du pouvoir d’enfermement de l’Ecole ? Récit par Claire Tastet d’un projet singulier et inspirant …
De l’oral du bac aux concours médiatiques, la lecture à voix haute est à la mode. Plutôt que la performance et la compétition, peut-on choisir d’y travailler la voix, la justesse, la sensibilité, l’interprétation : la musique du texte avant toute chose ? Professeure de français au lycée Alexis Monteil à Rodez, Marie Sicre met en œuvre un tel travail, exploratoire et collaboratif : des ateliers permettent aux élèves de découvrir leurs voix, d’annoter le texte pour en faire une partition, d’en partager même une lecture slamée ou chantée. Par-delà l’exercice technique, le travail permet de « valoriser des élèves parfois en difficulté qui ont pu exprimer leurs qualités et leurs capacités au travers de prestations qui n’impliquaient pas d’écrit mais qui engageaient aussi leurs compétences de sujet lecteur interprète. »
Retisser les liens entre les élèves et les médias traditionnels : un objectif citoyen que l’Ecole doit se donner et que le numérique peut favoriser ? Professeur de français au collège André Boulloche à Bart dans le Doubs, Benjamin Aubry agit en ce sens avec ses 4èmes. Les élèves découvrent le genre journalistique qu’est la revue de presse, s’emparent ensuite de journaux divers pour réaliser les leurs, en créent enfin des versions vidéos sur tablettes numériques. Bien des compétences sont ainsi travaillées : s’informer de manière autonome, sélectionner, croiser les sources pour vérifier, hiérarchiser, confronter les points de vue pour construire sa propre opinion … Les tablettes permettent alors d’outiller les élèves dans leur relation au monde pour apprendre à construire une pensée composite et nuancée.
On connait la dynamique des « marchés de connaissances » : les élèves s’y déplacent de stand en stand pour apprendre de nouveaux savoirs et savoir-faire auprès d’autres élèves. Peut-on adapter à la lecture un tel dispositif de partages et d’échanges ? C’est la voie tracée en 5ème par Alexia Bonnet au collège Jean-Jacques Rousseau à Labastide Saint-Pierre dans le Tarn-et-Garonne. Les élèves sont ici amené.es à partager collectivement leur expérience d’une œuvre tout en travaillant compétences orales et sociales : chacun.e présente un livre à 5 autres élèves, puis assiste à 5 autres présentations d’ouvrages. Plutôt que les quarts d’heure ou concours de lecture, plutôt que la culture de l’injonction ou de la compétition, de l’individualisme ou de la performance, et si on choisissait de favoriser la socialisation des œuvres, de tisser des communautés de lecteurs, de faire de la lecture une culture commune ?
En 2022, l’écriture d’un conte, genre littéraire et scolaire traditionnel s’il en est, peut-elle s’adapter aux possibilités qu’offre la narration numérique ? Professeur de français au collège Louis Pasteur à Jussey en Haute-Saône, François Jacquemin a amené ses 6èmes et son groupe 6ème-5ème SEGPA à utiliser le logiciel Twine pour créer des histoires interactives à embranchements multiples. Le groupe classe propose la situation initiale, se divise pour travailler sur 2 éléments perturbateurs, se répartit ensuite en groupes de plus en plus réduits à chaque étape du récit. Des écueils sont à éviter : la gestion des groupes et « le risque que le numérique l’emporte sur le rédactionnel ». Mais les intérêts sont là : motiver l’écriture et fortifier les compétences collaboratives. Jusque chez les enseignant.es puisque dans cette activité « la co-animation est essentielle ».
Le Café pédagogique est un média associatif, imaginé et développé par des enseignants.
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