Comment éduquer les élèves à la question des traces numériques ? Au lycée de l’Iroise à Brest, les 1ères du projet i-voix ont créé des « i-tombeaux », des tombeaux numériques en hommage à des personnages de Racine et Mouawad : ils ont écrit et publié leurs oraisons funèbres, produit, éditorialisé, commenté leur présence post mortem sur internet. L’appropriation numérique de la littérature devient une approche littéraire du numérique pour réfléchir sur des questions essentielles : comment se transforme aujourd’hui notre relation à la mort ? peut-on considérer notre présence en ligne comme une écriture : celle de nos mémoires numériques d’outre-tombe ? A l’heure des Etats Généraux du Numérique pour l’Education, le projet invite à envisager à l’Ecole le numérique comme « un fait social total » (M. Mauss). En écho à toutes les commémorations actuelles, il interroge la façon dont au 21ème siècle nous construisons le souvenir des personnes disparues, donc aussi le nôtre…
Et si, en ces temps de distanciation sociale, voire pédagogique, le défi était plus que jamais de faire de la classe une communauté de travail et d’imaginaire ? Et si pour cela on osait l’aventure de l’écriture collective ? Aurélie de Mattéis montre la voie en 6ème au collège Pablo Picasso à Montesson. Les élèves ont été amenés à faire vivre leur expérience de lecture d’un roman de Jean-Claude Mourlevat : ils ont écrit des romans d’aventures, en interaction avec l’écrivain, en articulant activités individuelles et collaboratives, en conciliant créativité et réflexivité. Eclairages sur le cheminement, conseils de mise en place d’un travail de groupe et d’une écriture sur pad, bilan d’un projet motivant et fédérateur, au point de « libérer quelques élèves »… Au final, un autre défi est relevé : combattre les risques de distanciation avec l’écrit…
Echanger : une compétence sans cesse à travailler ? C’est la piste suivie par Aurore Delubriac en 4ème au collège Didier Daurat à Mirambeau. Après avoir étudié les déclarations d’amour dans la pièce « Cyrano de Bergerac », les élèves ont été invités à réaliser le profil imaginaire de Christian et Roxane sur Tinder, puis à créer sur pad leurs conversations SMS, à les publier enfin via des applications numériques adaptées. Le travail de réécriture suscite de féconds échanges entre les élèves sur les valeurs incarnées par chacun des personnages et la question de l’éloquence au cœur de la pièce. Le travail d’actualisation montre l’intérêt d’aller chercher les élèves là où ils se trouvent pour les amener à se déplacer, pour jouer avec les langages et réconcilier les cultures. Echanger : une compétence sans cesse à travailler, y compris de façon littéraire et numérique ?
En ces temps de confinement total ou partiel, pourquoi ne pas déconfiner la littérature elle-même en la faisant sortir des livres et de l’Ecole ? Au lycée Condorcet, à Saint-Maur, Marie-Pierre Verhille a invité ses 1ères à relever le défi suivant : choisir librement un poème, le placer dans un lieu assorti, envoyer une photo de cette composition. Elle a ensuite partagé les créations sur un compte Instagram pour favoriser de l’interactivité entre les élèves. Avec comme récompenses : les plaisirs des lectures partagées et de la créativité. Passe ton bac d’abord, objecteront certain.es ! Et si, avant tout, il s’agissait de libérer la poésie des supports qui l’enferment et des représentations qui l’étouffent ? Et si l’Ecole elle-même confinait les biens culturels ?
Peut-on, en ces temps de distanciation sociale et pédagogique, continuer à faire de la classe un collectif ? Comment en particulier en faire une communauté autour de la lecture ? Valérie Droin enseigne le français au lycée Marie Curie à Échirolles. Durant le confinement du printemps 2020, ses premières ont partagé dans des « boucles de lectures » leur point de vue sur une œuvre susceptible d’être présentée à l’oral de l’EAF. Le dispositif parait simple : réaliser une production audio ou vidéo, l’envoyer en pièce jointe de courriel dans la liste de diffusion de la classe, écouter et commenter le travail des autres élèves. Il s’avère aussi très profitable, tant il favorise une appropriation personnelle des œuvres, tant il renforce la proximité non seulement avec les autres, mais aussi avec la littérature elle-même.
Un mème est un élément culturel qui, reproduit, imité ou détourné, se propage rapidement sur internet. Pendant le confinement, au collège Pithou classé REP à Troyes, Céline Quentin a amené ses 3èmes à en produire sur la pièce d’Anouilh « Antigone ». Sacrilège ? Ou détour pédagogique amusant pour favoriser des échanges à distance autour de la littérature, pour susciter le plaisir d’une appropriation et d’une actualisation de l’œuvre ? Le mème est ici accompagné d’un texte d’explicitation des choix. Et cette fusion de la culture légitime et de la culture illégitime apparait féconde : « Pouvoir rire d’un sujet implique de pouvoir prendre une certaine distance. Mais pour atteindre cette distance, il faut avoir bien compris l’œuvre. Certains élèves sont même parvenus à faire passer leur propre vision de la pièce à travers les mèmes, ce qui démontrait une solide assimilation. »
Automne-hiver 2020 : Enseigner le français par alternance
Les annonces ministérielles du 4 novembre ont changé la donne pour l’enseignement au lycée : possibilité de n’assurer que la moitié des cours en présentiel, suppression des épreuves communes, de l’épreuve de spécialité 1ère, de Pix, aménagement des épreuves de spé en terminale. Quid du français au lycée, en particulier en 1ère où, comme au printemps 2020, la lourdeur des programmes et le poids du bachotage viennent se fracasser contre l’allègement des horaires et la complexité des modalités de travail ? Devra-t-on à nouveau attendre la fin de l’année pour prendre en considération une réalité qui entraîne une rupture d’égalité entre les candidat.es dans leurs conditions de préparation à l’E.A.F. ? Des professeur.es de français témoignent ici de cette nouvelle discontinuité pédagogique et de la disparité d’un lycée à l’autre. Et lancent un appel : à la raison, à l’esprit d’anticipation et d’organisation, au respect des élèves et de leur discipline.
De très nombreux établissements ont mis en place de nouvelles organisations qui alternent groupes en classe et à la maison, d’une semaine, d’un jour ou d’une demi-journée à l’autre. Comment adapter l’enseignement du français à ce cadre, non anticipé et préparé, souvent plus alterné qu’ « hybride » ? La Page des lettres Versailles éclaire les principes susceptibles de structurer la progression, sans « doubler le travail » de l’enseignant.e, de façon à varier et équilibrer les activités, motiver et accompagner les élèves...
La littérature peut-elle aider les enfants à aller mieux dans leur vie ? C’est la question centrale d’un roman de Cindy Duhamel qui a orienté et inspiré le travail des 6èmes de Christelle Lacroix à Longuenesse dans le Pas-de-Calais.
« Réaliser un magazine en réalité augmentée pour rendre vivant L'Avare de Molière » : tel est le projet mis en œuvre par les 5èmes de Bastien Guillotte au collège Anatole France de Noeux-les-Mines. La production finale, réalisée avec Madmagz, rassemble des contenus variés : comptes rendus de recherches sur l’auteur, présentation des personnages, versions actualisées des scènes, lectures à voix haute, transpositions B.D., interviews de personnages, carte mentale sur les mots doux et les insultes au temps de Molière, jeux interactifs autour de la pièce …
A La Réunion, une publication régulière, « Le français autrement », propose aux élèves des activités ludiques pour travailler des compétences variées : lire, écrire, étudier la langue. Activité en famille : un « Dobble » autour des écrivains du 19ème siècle et des mots invariables. Activité en groupe : association d’hémistiches pour composer de nouveaux alexandrins. Activité individuelle : réécriture d’une phrase « schtroumpfienne ».
Au collège Vauguyon au Mans, Jean-François Gaulon amène ses classes à fabriquer chaque trimestre un jeu sur un point précis de grammaire, de conjugaison ou de littérature. Après que la classe a choisi un thème, les élèves créent 9 cartes au brouillon. Chacun reçoit une planche de cartes "vierges", à remplir avec les questions et les réponses prévues.
Ulysse serait-il le héros idéal de l’escape game ? Hypothèse validée par Estelle Plaisant-Soler, professeure de français à Dol-de-Bretagne, qui a confié à ses 6èmes une mission numérique : aider le héros de l’Odyssée à s’échapper de l’île du Cyclope Polyphème.
« Prendre en compte l’hétérogénéité pour rendre tous les élèves acteurs de leur lecture » : c’est le but que s’est donné Caroline Steinmetz dans une séquence sur « Yvain ou le chevalier au lion » menée dans une 5ème « très hétérogène » du collège Carnot à Lille.
"Au collège Georges-Desnos de la Ferté-Bernard (72), certaines séquences de français sont ponctuées de séances autonomes d’activités en groupes. Des tâches et des échéances sont données aux élèves qui, par équipes, organisent et planifient leur travail", explique le site académique de Nantes. É. Denos, professeure de lettres, explique que "au collège, beaucoup d’élèves sont passifs, ils écoutent, ils attendent, poursuit la professeure. Je souhaitais rendre mes élèves acteurs, mais aussi maîtres de ce qu’ils font, en leur laissant choisir le mode d’exécution".
Dans de nombreuses académies, les professeur.es de français ont reçu l’information suivante : suite à un arbitrage juridique, le candidat à l'oral de français au baccalauréat ne sera pas autorisé à apporter l'ouvrage qu'il a choisi de présenter dans la 2nde partie. La décision interroge. Dans l’EAF précédent, les élèves n’avaient-ils pas droit au manuel et à des éditions annotées ?
Quels ouvrages proposer aux élèves dans le prolongement des œuvres au programme de 1ère ? Menée auprès des enseignant.es de lettres de l'académie de Grenoble en novembre 2019, une enquête a permis d’établir une « biblio-liste mutualisée ». Les propositions de lectures cursives sont classées par objet d’étude et par œuvre au programme.
Comment concevoir pour les élèves un travail à distance qui soit tout à la fois formateur et motivant ? Caroline Harari en propose un exemple en 2nde au lycée Bourdelle de Montauban.
Au lycée Paul Cornu à Lisieux, avec leur enseignant Marc Lienafa, les 2ndes Communication visuelle ont mené un remarquable projet interdisciplinaire autour de l’esclavage.
Comment faire de la lecture un événement qui favorise le plaisir de l’appropriation et de l’immersion ? Au Lycée Pilote Innovant International de Poitiers, Hélène Paumier a organisé en 2nde une séance de partage de lectures, à voix haute, en musique, et dans le noir, de vers de Guillaume de Machaut et de Marie de France. Elle nous raconte cette étonnante séance de fin de séquence et de fin de trimestre, susceptible d’aider à mieux recevoir, en amitié et en mode D.J, la poésie de l’amour courtois…
Durant l’année 2019-2020, dans le cadre des TraAM, des enseignant.es de l’académie de Strasbourg ont expérimenté le journal de lecture numérique sous la forme d’une base de données intégrée à la plateforme Moodle.
En ces temps de distanciation, comment maintenir d’une part le lien avec les élèves, d’autre part le lien entre les élèves et les savoirs ? Avec un calendrier de l’Avent, numérique et littéraire, proposent Linda Romero et Laetitia Sarr.
Professeur de français à Montreuil au lycée d’arts appliqués Eugénie Cotton, Philippe Maurel a proposé un joli travail d’écriture visuelle d’appropriation en 2nde dans le cadre d'un parcours sur « Les Liaison dangereuses ». « Nous avons porté notre attention, explique l’enseignant, sur le caractère polyphonique du récit épistolaire. Ce travail a été précédé par une étude du "style" d'écriture de chacun des correspondants : simplicité de certain.es, ironie, complexité ou hypocrisie des autres.
« Ecrire la liberté, c’est affronter le couteau / Pour ne pas découdre les rêves plus brillants que le feu. » Enseignante au lycée Elie Vinet à Barbezieux près d Angoulême, Nadia Gilard propose une belle activité pour un hommage en poésie à « Samuel Paty et tous ceux qui meurent ou sont morts au nom de liberté de dire ».
Sur le site Lettres de l’académie de Nice, Anne Rossini et Nathalie Leblanc attirent l’attention des professeur.es de français sur les modifications notables qu’introduit la grammaire officielle du français parue en 2020
Dans un article de la « Revue de Recherches en LMM », Magali Brunel et Serge Bouchardon explorent des séquences menées par 7 enseignant.es autour d’œuvres numériques
Professeure de français à Villabé, Céline Thiery propose, sur la Page des lettres de l’académie de Versailles, une excellente synthèse sur les pratiques orales, les horizons qu’ouvre en ce sens le numérique, les pistes possibles dans le cadre d’un enseignement hybride.
L’atelier d’écriture peut-il inspirer des pratiques de classe ? David di Bella publie un ouvrage sur « L’écriture créative » pour éclairer ses expériences en la matière. Il en rappelle les différentes étapes : découverte d’un texte ou d’un support qui va servir de point d’appui, proposition et consignes d’écriture, échanges entre les participants, phase d’écriture individuelle, partage oral des créations.
Immanquable, voici incontestablement le livre cadeau de Noël pour les professeur.es de français ou leurs proches : « Le français n’existe pas », par Arnaud Hoedt et Jérôme Piron. Jubilatoire, ce recueil de chroniques radio, enrichies, s’attache à interroger les certitudes grammaticales et orthographiques, les discours normatifs et déclinistes, depuis l’accord du participe passé jusqu’au pseudo « génie de la langue française » en passant par la glottophobie.
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