Bilan du quinquennat : Quel état des lieux pour les résultats ?
Peut-on juger de l'action des politiques menées depuis 2012 à partir des résultats des élèves ? C'est difficile. Car certaines réformes ont été lancées très tard, par exemple celle du collège, ou ont des effets à moyen terme pas encore observables. Il faudrait quelques années supplémentaires pour y voir clair. Mais l'exercice permet au moins de savoir dans quel état la majorité laisse l'Ecole.
Quel effet de la priorité au primaire ?
La priorité au primaire a été un mot d'ordre constant depuis la loi d'orientation de 2013. Concrètement il s'est traduit par des créations de postes, notamment là où c'est le plus nécessaire comme à Créteil, puis, très tardivement, de nouveaux programmes et une revalorisation des enseignants.
Que sait-on de l'évolution du niveau des écoliers ? L'enquête Cèdre sur les compétences en écrit, Timm's en maths, permettent de dresser le tableau. Cèdre a évalué environ 7 500 enfants de Cm2 sur leurs compétences en maitrise du français tous les 6 ans en 2003, 2009 et 2015.
L'enquête montre une certaine stabilité du niveau entre 2003 et 2009. Entre 2009 et 2015, le groupe des élèves faibles diminue fortement, il passe de 14 à 11%, celui des forts baisse légèrement, passant de 29 à 27%. On assiste à une montée des élèves moyens qui passent de 57 à 62%. Globalement c'est un glissement positif qui s'opère.
Socialement les résultats sont nuancés. Sur la même période 2009-2015 les écarts sociaux de réussite augmentent : on passe de 20 points d'écarts entre enfants de favorisés et défavorisés à 30 points. Mais les résultats s'améliorent nettement en éducation prioritaire qui a bénéficié d'une nouvelle politique. Alors que les résultats de 2009 montraient une aggravation de la situation en éducation prioritaire, ceux de 2015 marquent une nette amélioration. La part des élèves les plus faibles passe de 34% en 2003 à 21% en 2015. Celle des deux catégories les plus fortes de 12 à 13%.
C'est très différent en maths et sciences. L'enquête internationale Timms situe les jeunes français (CM1) nettement ne dessous du niveau de leurs camarades européens, avec 488 points en maths et 487 en sciences contre 528 et 527 pour la moyenne européenne. Seulement 23% des élèves français ont un bon niveau en maths contre 48% des européens et 42% des élèves des 48 pays participants. Nos élèves ont peu de connaissances et sont faibles ne raisonnement et en application. La ministre n'a pas manqué de mettre en cause les programmes de 2012 en rappelant que ces enfants étaient entrés en CP en 2011 alors que les nouveaux programmes sont arrivés en 2008 et que les suppressions de postes ont été nombreuses après 2007.
D'autres éléments jouent aussi comme le fait que les enseignants français se disent peu à l'aise en maths alors que la formation continue est insuffisante. Les suppressions de postes ont aggravé la lourdeur des classes particulièrement nette en France. A noter que la France consacre déjà nettement plus d'heures aux maths au primaire que les autres pays européens.
Les inégalités en fin de collège ?
L'enquête internationale PISA évalue le niveau des élèves à 15 ans, en fin de collège ou en seconde. La dernière livraison a évalué les élèves en 2015, donc avant l'application des nouveaux programmes et de la réforme du collège. Ce que montre Pisa c'est que la chute engagée depuis 2003 est enrayée. Mais ce n'est pas le cas dans toutes les disciplines. En compréhension de l'écrit la France est au dessus de la moyenne OCDE et son score s'est légèrement amélioré par rapport à 2012 passant de 497 à 499. En sciences, le niveau est stable et un peu au dessus de la moyenne OCDE (495 points, moyenne à 493). En maths, la chute continue depuis 2003. Par rapport à 2012 on a perdu 4 points en passant de 497 à 493.
Les écarts entre élèves favorisés et défavorisés en France sont les plus importants des 72 pays participants à Pisa. Ils atteignent 72 points soit pratiquement deux années de classe (le double de la moyenne OCDE). C'est pire pour l'écart entre élèves autochtones et immigrés : 87 points (moyenne OCDE à 53 points).
Une montée régulière vers le bac
La grande réussite du quinquennat se lit dans les statistiques du décrochage. Les sorties précoces du système éducatif ont connu une nette chute après 2012 Ils ont stagné à 12% entre 2007 et 2011. Sous le quinquennat Hollande ils passent sous les 10% et atteignent 9% en 2015. Parallèlement la proportion de bacheliers dans une génération après avoir stagné de 2000 à 2010 a connu un premier saut en 2011et une nette progression sous Hollande. On est passé de 71% en 2011 à 78% en 2015. En même temps le fossé entre les sexes s'ouvrait : l'écart est maintenant de plus de 10 points entre garçons et filles. Les écarts sociaux de réussite au bac sont toujours présents : 94% des enfants de cadre sont bacheliers contre 81% des inactifs. Evidemment ce n'est pas le même bac...
François Jarraud
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Par fjarraud , le mardi 18 avril 2017.