Orientation : le poids des préjugés
Par François Jarraud
Autocensure, fuite des carrières scientifiques : l'orientation des lycéens reste soumise aux représentations. En témoigne aussi une enquête sur le devenir des lycéens franciliens. ""En ile-de-France, être une femme diminue la probabilité d’occuper un emploi un an après la sortie du système éducatif…. L’origine géographique des parents peut être un facteur pénalisant".
Que deviennent les jeunes Franciliens ?
Deux publications permettent de suivre les jeunes Franciliens dans leur parcours vers l'emploi. Focale, la revue de l'Observatoire régional de l'emploi et de la formation, met en valeur l'importance du diplôme dans l'accès à l'emploi. " Les jeunes sortis du système éducatif en Ile-de-France ont accédé plus rapidement et durablement à l’emploi (67 % ont une trajectoire d’insertion durable et rapide contre 62 % en province). Néanmoins, il existe de fortes disparités selon les niveaux de diplôme et les spécialités suivies. Plus les jeunes sont diplômés, plus ils ont suivi ce type de trajectoire : 88 % des sortants de grandes écoles et 78 % des sortants de troisième cycle sont dans ce cas contre seulement 62 % des sortants non diplômés du supérieur. A niveau de diplôme égal, le fait d’avoir suivi une filière professionnelle est un avantage : 78 % des sortants de Bts et Dut ont eu une trajectoire d’accès rapide et durable à l’emploi contre 70 % des sortants de DeuG. Parmi les sortants du secondaire, seuls les diplômés de baccalauréats professionnels ou techniques rencontrent plus souvent qu’en moyenne cette trajectoire". Ce sont donc surtout les non qualifiés, les sortants non diplômés (venant d'un cap, bep ou première) , et les titulaires d'un cap et bep tertiaire qui doivent affronter chômage et postes précaires.
Mais les caractéristiques sociales ont aussi leur importance. "En ile-de-France, être une femme diminue la probabilité d’occuper un emploi un an après la sortie du système éducatif…. L’origine géographique des parents peut être un facteur pénalisant. le fait d’avoir des parents originaires d’Afrique Noire ou du Maghreb induit une diminution des chances d’emploi".
Une autre étude, l'enquête IVA 2006, permet de connaître les débouchés réels des différentes filières technologiques et professionnelles. Elle aussi montre l'impact du niveau de formation : " Un niveau de formation élevé reste le meilleur atout pour s’insérer dans la vie active. À niveau égal de formation, l’obtention du diplôme améliore encore l’insertion… La proportion de jeunes en emploi s'élève à 43 % pour les titulaires d’un CAP ou d’un BEP. Elle avoisine 60 % pour les détenteurs d’un baccalauréat technologique ou professionnel et atteint 70 % à l’issue d’un BTS."
Pour autant l'insertion se passe très différemment d'une spécialité à l'autre. "Parmi les ?lières relevant des services, cinq spécialités assurent des conditions d’insertion favorables avec un taux d’accès à l’emploi très supérieur à la moyenne : « la santé » (63 % de jeunes en emploi), « l’accueil, l’hôtellerie et le tourisme » (64 %), le « travail social » (66 %), « l’informatique et le traitement de l’information » (72 %) et surtout « les finances, la banque et les assurances » (79 %)". En secrétariat et compta-gestion, l'insertion varie selon le niveau de diplôme. Elle est dans la moyenne au niveau BTS alors qu'elle est faible en cap et bep. L'assainissement -nettoyage, les spécialités plurivalentes sanitaires et sociales connaissent une insertion difficile. Dans le secteur industriel,les technologies de commandes des transformations industrielles, le génie civil s'insèrent facilement. L'étude donne des taux précis filière par filière.
Focale
http://www.oref-idf.org/docs/pub_focale/focale_6-8.pdf
Enquête IVA
http://www.oref-idf.org/docs/etudes/synthese_iva-2006.pdf
Des parcours scolaires inégaux selon l'Insee
"La majorité des élèves entrés en 6e en 1995 poursuivent des études 10 ans plus tard. Cette situation est plus fréquente pour les filles, les enfants de cadres et surtout pour les élèves qui avaient effectué une bonne scolarité à l’école primaire, c’est-à-dire sans redoubler, ou ayant atteint un bon niveau de compétence en français et en mathématiques" affirme Insee Première n°1158.
L'étude de l'Insee met en évidence les inégalités sociales : le niveau de sortie final dépend fortement de celui atteint à la fin de l'école primaire. Un jeune sur 6 sortis de l'école 10 ans après leur entrée en 6ème n'a obtenu aucun diplôme d'enseignement secondaire.
L'étude
http://www.insee.fr/fr/ffc/ipweb/ip1158/ip1158.html
Classes prépas : Un rapport contre "l'autocensure" des lycéens
"30 % des bacheliers ayant obtenu une mention intègrent une classe prépa quand ils sont enfants d’enseignant ou de milieu supérieur, 12 % quand ils sont issus de milieu populaire ; 54 % des étudiants en classes préparatoires sont issus de milieu favorisé". Ces deux constats sont faits par les sénateurs Legendre et Bodin dans leur rapport sur les classes préparatoires.
Ils soulignent "un phénomène d’autocensure, d’ordre à la fois socioculturel et psychologique, qui renvoie notamment aux défaillances de notre système d’information et d’orientation ; des handicaps financiers (logement, frais d’inscription aux concours, coût des études, travail salarié peu compatible…)" et signalent des inégalités territoriales d’accès aux classes prépas.
Ils proposent d'améliorer l'information des lycéens sur les classes prépas pour "lever l'autocensure" et développer des contacts directs entre professeurs de lycée et de classe préparatoire. Ils souhaitent aussi la généralisation du tutorat en seconde.
Le rapport
http://www.senat.fr/noticerap/2006/r06-441-notice.html
Une BD pour attirer les lycéens vers les sciences
Le constat n’est pas nouveau : trop peu de bacheliers, et surtout trop peu de bachelières, s’orientent vers les premiers cycles scientifiques universitaires. Plusieurs rapports le montrent et le Café en a parlé à plusieurs reprises. La décroissance des effectifs est importante, notamment en physique et sciences de la nature et de la vie (respectivement - 47 et - 27 % en 5 ans). Or, il parait essentiel pour les universités, si elles veulent maintenir une activité de recherche innovante et performante, de disposer, dans leurs filières fondamentales, d’un vivier important d’étudiants issus de tous les horizons, auxquels elles peuvent offrir, sans doute plus qu’ailleurs, un enseignement favorisant le développement de leur curiosité, de leur esprit critique et de leur capacité à mener un projet de recherche.
Pour mener une campagne d’information et de séduction, auprès des lycéens, de leurs parents et de leurs enseignants, huit universités franciliennes et le Conseil régional se sont associés pour créer la bande dessinée « Objectif sciences : A la découverte des métiers scientifiques ». Tirée à 130 000 exemplaires, elle sera bientôt distribuée dans les lycées.
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http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/260[...]
Une enquête met en évidence la discrimination ethnique dans l'accès aux stages
Réalisée pour la Fédération Léo Lagrange dans le cadre du projet européen Equal, cette enquête collecte les informations fournies par 4 000 jeunes lycéens (Bep, Cap, bac pro et Bts) et apprentis.
Ses résultats sont sans ambiguïté. "Les difficultés (pour trouver un stage en entreprise ) sont quasiment deux fois plus élevées pour les enfants d’un parent né au Maghreb ou dans un autre pays africain (39 %) que pour les enfants dont les parents sont nés en France métropolitaine. La recherche est toujours plus difficile pour les garçons que pour les filles. Ainsi, 45 % des garçons d’origine maghrébine et 53 % des garçons d’origine africaine hors Maghreb ont eu des difficultés".
Cette situation pèse sur le vécu du stage. Un jeune sur deux d'origine étrangère est victime de remarques discriminatoires.
L'étude
http://www.leolagrange-fnll.org/00act_alaune.[...]
Paris a son Ecole de la seconde chance
Aider les jeunes de 18 à 25 ans, sortis sans qualifications du système scolaire et en recherche d’emploi infructueuse, à déboucher sur une intégration professionnelle réussie, tel est l’objectif premier du dispositif européen des « Ecoles de la Deuxième Chance », E2C. Créé en 1997 par Edith Cresson, alors commissaire européenne, ce dispositif reconnu réglementairement, implanté dans 11 pays d’Europe, compte aujourd’hui 17 écoles en France. Toutes sont bâties sur le même modèle. Une association support regroupe des collectivités (Ville de Paris pour l’E2C Paris), des institutions (Chambre de commerce et d’industrie de Paris) et un solide panel d’entreprises (ici Veolia environnement, Accor, Vinci). L'école est subventionnée par les collectivités, parfois, l'Etat, le FSE, la taxe d'apprentissage.
Le programme de formation de 8 à 12 mois en alternance (moitié du temps en entreprise) conçoit « l’innovation pédagogique comme une nécessité » et fixe, au-delà du niveau général de formation (de VI à IV), un objectif d’ouverture et d’apprentissage de la vie sociale et citoyenne. Les entreprises s’avèrent demandeuses de tels partenariats, qui leur fournissent un vivier de candidats à l’emploi déjà connus et qui sont susceptibles de promouvoir des métiers mal connus ou à image négative.
Le reportage de F Solliec
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/25092[...]
Orientation et formation :le regard québécois de Vie pédagogique
Le numéro d'octobre de la revue québécoise Vie pédagogique est totalement dédié à l'orientation. Au Québec comme en France, l'enseignement professionnel est mal perçu. La revue montre comment il peut être délicat d'y entrer alors que tout le monde pousse vers les filières "nobles"…
Alors les enseignants québécois ont développé de nouveaux outils. Le Projet personnel d'orientation (PPO) est proposé dès la 4ème. Les enseignants travaillent maintenant à un "carnet de réflexion" mis à la disposition de chaque élève.
Le sommaire
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Par fjarraud , le lundi 15 octobre 2007.