« Les programmes sont devenus ingérables ». C’est la première des demandes de l’Association française des enseignants de français (AFEF), une association qui représente des professeurs de français du primaire au lycée. Viviane Youx, sa présidente fait le point sur les attentes de l’association au moment du changement de ministre.
Quelle demande urgente auriez vous à transmettre à Benoît Hamon ?
Depuis longtemps on fixe des programmes très larges sans prendre le temps d’avoir des niveaux de compétences accessibles. Les enseignants ne veulent pas qu’on donne un cadre vaste. Il s veulent un cadre plus précis et qu’on fasse attention de penser les objectifs et le programme en fonction du volume horaire. Il a diminué de moitié au collège au primaire d’un bon tiers or les programmes ont continué à s’étoffer avec un public plus hétérogène. C’est devenu ingérable. Soit les enseignants décident de tenir le programme et laissent des élèves au bord de la route soit ils ne terminent pas le programme et c’est dramatique pour les élèves. C’est comme cela qu’on arrive à 20% d’élèves qui sont en difficultés au collège. Il faut fixer des niveaux de compétences accessibles. Mettre un niveau qui cadre avec le volume horaire.
C’est un peu le socle commun ?
Actuellement la socle n’a pas résolu cela. Il y a un grand décalage entre le socle et les programmes de français . Au primaire, les programmes de 2008 ont été faits de manière pléthorique. Au collège ils sont aussi intenables.
Il y aussi la question de la « maitrise de la langue ». Il nous semble qu’il faudrait la renommer. D’ailleurs entre nous on parle « d’étude de la langue ». Le mot est à chnager car il laiss epenser qu’à un moment donné l’élève doit l’avoir maitrisé. Or l’apprentissage de la langue est quelque chose de continu. Derrière il y a l’idée d’un idéal inatteignable. On préférerait que soit définie une compétence linguistique orale ou écrite, en compréhension, expression. En LP depuis longtemps on a défini cette approche par ces compétences. On se pose aussi la question des spécificités de l’apprentissage de la langue en cours de français. On devrait travailler davantage sur ce point.
Sur l’évaluation on a eu des approches avec l’évaluation positive du brevet et l’évaluation prévue dans le livret du bac. Cette évaluation par compétences est à encourager.
Qu’attendez vous de la rénovation des programmes ?
Il y a un point essentiel c’est donner du temps pour cette rénovation. Il faut que le Conseil supérieur des programmes (CSP) puisse réfléchir et penser ces programmes et leur application. Ce serait dommage que cette dynamique lente soit perturbée. Il faut aussi encourager la recherche action chez les enseignants et pour cela avoir une vraie reconnaissance institutionnelle pour les enseignants qui s’y engagent.
Dans ce que vous me dites , ce qui me frappe c’est que je ne vois pas de remise en cause des exercices évalués en français alors qu’ils mes emblent très éloignés des exigences de la vie professionnelle ou de la vie sociale.
Je ne sais pas si on peut demander de changer cela à un ministre. Les programmes de français sont littéraires. La démarche entreprise a une époque de faire entrer différents types de textes, de faire des analyses de discours a été gommée au profit d’un texte littéraire central. On est revenu à des programmes tournés vers une connaissance livresque de la littérature.
Quel est le prochain événement de l’AFEF ?
C’est notre université d’automne qui aura lieu à la Toussaint sur le thème du français langue des disciplines.
Propos recueillis par François Jarraud