Les tables rondes du Café au salon de l’éducation
Mercredi 20 novembre à 11h30, hall 7/1, agora n°1
Conférence animée par Jacques Julien, rédacteur au Café pédagogique.
La table ronde Texte, image et TICE, organisée par le Café et animée par Jacques Julien, a réuni, dans l’ordre des interventions, – Françoise Juhel (responsable des éditions multimédias de la BNF), – André Hatala (Louvre.edu, PagesJaunes editions), – Véronique Drujon, professeur de grec à Riom, membre de Musagora et créatrice avec Mireille de Biasi du Manuel électronique de grec ancien conçu pour l’enseignement à distance en zone rurale – Etienne Martin, créateur de BD, illustrateur et animateur d’ateliers au niveau écoles, collèges et lycée – Olivier Williame, professeur de lettres en section cinéma audiovisuel (2de, 1ère, Terminale) à Savigny-sur-Orge – Christian Perrier, professeur de lettres à Bourges et animateur du site http://www.imageimaginaire.com
Françoise Juhel a présenté l’image comme « naturelle » pour l’enfant. Le principe de « tisser du texte » autour de l’image, conservant un aspect ludique, permet de motiver fortement les jeunes élèves. Elle a montré les dossiers pédagogiques proposés par le site de la BNF qui répondaient particulièrement à cette activité de tissage double : le Portrait (cadrage, appui visuel, caricature), Cartes, atlas et globes (cartographie, représentation de l’espace, travail à partir de Perec, Espèces d’Espaces), Contes de fées où il est possible d’être guidé dans la construction d’un conte tout en obtenant des pistes visuelles, et même d’écrire un conte à partir de points de couleurs proposés comme symboles par une artiste, c’est-à-dire raconter une histoire en images. André Hatala a montré en avant-première le cédérom sur les Métamorphoses d’Ovide, qui est dans le prolongement graphique du cédérom sur la Bible et poursuit ainsi la série des textes fondateurs. On dispose du texte complet des Métamorphoses en latin et en français (dans la traduction très compréhensible d’Actes Sud), qu’on peut écouter dans les deux langues (alternance vers à vers, blanc gris clair), d’une iconographie que l’on peut convoquer facilement, ainsi qu’un dictionnaire de mythologie et d’histoire de l’art (1000 entrées). De nombreuses oeuvres d’art (par exemple les tableaux de Poussin) sont l’objet d’un commentaire analytique sonore. Véronique Drujon a insisté sur le va-et-vient dans son enseignement, qu’il s’agisse d’enseigner le grec à distance, ou d’initier par exemple les élèves issus des gens du voyage à l’iconographie biblique, entre le questionnement sur ce que c’est qu’un texte ou une image dans son contexte de production (circonstances de la récitation ou de l’écriture, pour quel public, circonstances et geste de la fabrication pour le vase et la statue). Il s’agit d’enrichir le texte par l’iconographie en montrant bien la différence d’intention et de public. Etienne Martin, qui anime des ateliers BD composés au maximum de dix élèves, a montré comment se construit la mise en place de l’équipe et la répartition des tâches : la démarche est comparable à ce qu’a montré Françoise Juhel a propos du conte de fées : certains écrivent le scénario puis les dialogues, d’autres dessinent. Il a pris l’exemple de plusieurs BD, dont l’une était la transposition de Tintin dans l’univers quotidien d’élèves de banlieue menée en un an avec des classes d’adaptation linguistique. |
personnage et un univers dans la case 1, une péripétie suggérée par une onomatopée (Plouf, Patatras) dans la case 2, et le résultat occupe la case 3.
Olivier Williame a montré les obstacles à surmonter dans la lecture des images (analyse filmique) et dans la production d’un objet complexe (écriture de scénario) . L’idée que l’image est évidente est démentie par les faits : il faut décoder, articuler un discours sur l’image qui évite à la fois la paraphrase et le placage d’un jargon techniciste. L’écriture de scénario est un travail long et spécifique de compromis entre l’imaginaire personnel et l’adaptation aux contraintes du réel, qui doit tenir compte de la faisabilité (technique, financière) et de la visibilité par le spectateur (ex : « toutes les maisons de la rue explosent en même temps »). Christian Perrier, également professeur en lycée, intègre l’image dans la plupart de ses cours de lettres, conformément aux programmes, dans le cadre de l’étude d’un mouvement culturel (réalisme et naturalisme), de l’intertextualité (ex d’Ingres et de Manet, de Velasquez et de Bacon, entre autres), de l’éloge et du blâme (Napoléon III, portrait officiel et caricatures). Jacques Julien lance le débat sur la généralisation de ces apprentissages, qui ne sont pratiqués que par des pionniers. Il s’agit d’un enjeu de démocratisation de la culture et au fond d’intégration. Véronique Drujon : il s’agit moins de combler un savoir que de susciter curiosité et questions. Il faut mettre les élèves en situation de chercheurs. François Juhel : L’image suscite une position d’enquête, de recherche, de propositions à valider en commun ensuite. Véronique Drujon : Enquête certes, mais aussi émotion. Le silence est efftecivement important. Il est ausi important que l’élève choisisse un objet qui lui plaît. Christian Perrier : Il ne faut quand même pas laisser les élèves trop libres. A la fois pour des raisons de manque de temps et de trop grande inégalité de milieu social et familial. Faut-il former le goût ? Il faut surtout donner les outils langagiers, sans jargon, pour construire un discours sur l’image. Le risque d’être « scolaire » est moins grave qu’un flou qui maintiendrait l’inégalité sociale. Olivier Williame : La plupart des élèves souffrent de mutisme : il y a un apprentissage nécessaire du discours, ne serait-ce que pour les mener au bout d’une production concrète, évaluable, et susceptible de leur ouvrir les portes d’un métier. Jacques Julien conclut sur la nécessité de maintenir trois caps à la fois : faire le silence pour laisser éclore l’émotion et le désir, encourager et soutenir la curiosité de la recherche et l’exigence de la réécriture, et permettre enfin à l’élève une prise de distance qui est la condition de l’esprit critique et de la construction d’une objet achevé, qu’il s’agisse d’une image, d’un texte ou d’une combinaison des deux. |
– Enseigner la géographie avec les TICE
Mercredi 20 novembre à 16h30, hall 7.1, agora n°1
Appliquer les nouveaux programmes de géographie avec les TICE : études de cas des lycées.
Intervenants :
– Pascal François, Les cafés de géographie , IUFM de Créteil ;
– Marc Lohez, professeur d’histoire-géographie académie de Versailles ;
– Jean-Pierre Meyniac, AFDG, professeur d’histoire-géographie, formateur , académie de Grenoble.
Conférence animée par François Jarraud, rédacteur en chef du Café pédagogique.
Compte-rendu provisoire :
Les TICE peuvent-elles aider à la mise en place des nouvelles méthodes recommandées par les programmes, comme, par exemple l’étude de cas en seconde ? Marc Lohez a montré comment construire une étude de cas sur les risques industriels à Oakland grâce aux ressources Internet. Jean-Pierre Meyniac présentait la construction d’un véritable questionnement sur les localisations industrielles en s’appuyant là aussi sur les sites Internet. Enfin c’est le cédérom sur Paris qui a clos la table-ronde avec une analyse de Pascal François.
– Les échanges à distance, une nouvelle pratique pour l’enseignement des langues.
Jeudi 21 novembre à 10h00, hall 7.1, agora n°1
Du primaire au lycée se multiplient les expériences d’enseignement à distance des langues, utilisant les ressources de la correspondance électronique, du chat, de la visioconférence. Quelles retombées pédagogiques peut-on en attendre ?
Intervenants :
– Phil Benz, professeur, responsable du site Viv@, correspondance par un forum ;
– Maylis Peuchaud, professeur, correspondance en espagnol en lycée ;
– Jean Philippe Brousse, correspondance classe à classe avec Barcelone
Conférence animée par Christine Reymond, rédactrice au Café pédagogique.
Christine Reymond (du Café) avait choisi de réunir autour d’elle des enseignants de langues de terrain, qui, comme elle, utilisent les TIC dans leur enseignement. Ainsi, chacun représentait une façon différente de réaliser des échanges à distance et d’intégrer ce travail à leur enseignement.
Christine Reymond a présenté Tandem, une façon pour deux natifs de langues différentes d’apprendre la langue directement de leur partenaire, en autonomie, et en s’éduquant en même temps à la citoyenneté, la réciprocité, la tolérance et la solidarité. ( http://tandem.ac-rouen.fr ) Philip Benz, lui, ne crois pas à l’efficacité des échanges directs élèves à élèves, surtout lorsqu’il est difficile de trouver des partenaires pour chaque élève. Pour palier ce problème, il a créé, avec l’aide et le soutien du CDDP de l’Ardèche, un espace de forums, d’une ergonomie superbe, où les élèves peuvent tour à tour échanger avec d’autres élèves du monde entier sur des sujets imposés par leur professeur, ou choisir de visiter d’autres lieux de Viva , où ils pourront rencontrer des camarades d’autres nationalités, et discuter de musique ou des films à la mode. ( http://www.ardecol.ac-grenoble.fr/viva/index.htm ) Jean-Richard Brousse nous a présenté la correspondance qu’il organise entre ses élèves de collège et des espagnols de Barcelone, qui culmine en fin d’année par une rencontre des deux groupes à mi-chemin et une passionnante chasse au trésor bilingue. L’originalité de son travail est que les élèves ne communiquent pas à partir d’une salle info, mais pendant les heures de cours, en allant alternativement sur les ordinateurs pendant que le cours se poursuit. De plus, cette correspondance peut s’adresser à des individus, mais c’est la classe entière que les lit et y répond. Et les thèmes choisis étaient aussi originaux : « que dire aux parents pour présenter un mauvais carnet? » » imaginez un super-prof », etc…. […] |
Maylis Peuchaud nous a présenté un échange qu’elle fait entre ses élèves de lycée et des élèves mexicains. Après un intéressant travail autour des préjugés et des images caricaturales que chacun a du pays et de la vie de l’autre, les élèves ont échangé des renseignements sur leur pays, et se sont aussi envoyé de vrais cartes de Noël, des posters, affiches et dépliants montrant chaque pays, et ils se sont même envoyés de petits cadeaux en fin d’année. Des échanges très riches avec le public ont permis de préciser quelques points: |
– La technologie au collège : où en sommes nous ?
Vendredi 22 novembre à 10h00, hall 7.1, agora n°1
En 1984 naissait la technologie, en 1995 elle subissait sa première réforme. Nous sommes en 2002, nous ne devrions pas attendre 2005 pour une nouvelle opération. Chaque participant va, au travers de l’expérience de ses adhérents, essayer de dresser un portrait de l’état de la technologie en France, sans complaisance, avec réalisme et avec une réelle volonté de faire évoluer une discipline majeure. Nous devons répondre au défi que nous pose notre société fortement imprégnée de Technologie.
Intervenants :
– Jacques Ginestié, enseignant chercheur à l’IUFM d’Aix Marseille et Directeur d’IUFM, association Aeet ;
– Christian Houdre, professeur de technologie, association Aeat ;
– Patrick Richard, professeur de technologie, association Pagestec ;
– Claude Taddeï, professeur de technologie, association Assetec.
Conférence animée par Alexis Kauffmann, rédacteur au Café pédagogique.
Compte-rendu provisoire :
Sur invitation du Café pédagogique et de l’assocation Pagestec, Jacques Ginestié, professeur d’université, Claude Taddeï pour l’Assetec, Yves Lemal pour l’Aeat et Patrick Richard pour Pagestec ont ouvert vendredi 22 novembre, un débat sur le devenir de la technologie en collège. Après avoir dressé un état des lieux de la discipline, chacun s’est employé à donner une image valorisante et constructive de la discipline qui fêtera bientôt ses dix huit ans. Chaque conférencier a permis au public, venu nombreux, d’entrevoir ce qui permettrait de faire grandir en propositions la technologie. Finalement un consensus s’est fait autour de quelques idées comme le maintien de la technologie dans le tronc commun et la nécessité d’une pédagogie de projet pour cet enseignement. A l’heure où les projecteurs de nos institutions sont braqués sur la technologie, cette table-ronde qui réunissait trois associations d’enseignants avait toute son utilité. Le débat continue d’ailleurs sur le site de Pagestec.
– Lire et écrire avec les TICE :
Quelle efficacité pour les logiciels de lecture et d’écriture ?
Vendredi 22 novembre à 15h30, hall 7.1, Agora n°1
Une offre éditoriale dont on pourra tenter d’estimer la variété, deux ou trois logiciels qui se distinguent très nettement des autres par leur utilisation massive dans les collèges, un nouveau paysage avec l’arrivée de nouveaux logiciels (Ideographix, Scripertexte), la disparition d’autres plus anciens (faut-il le déplorer ou s’en réjouir?) : qu’est-ce qui fait qu’un logiciel est efficace pour l’amélioration de la lecture ou de l’écriture ? Les logiciels qui ont le plus de succès auprès des enseignants sont-ils ceux qui sont les plus aptes à aider les élèves ?
Il ne s’agit pas de juger tel ou tel logiciel (et encore moins les enseignants!) mais plutôt d’essayer d’identifier les atouts des logiciels qui sont ou seraient efficaces pour aider nos élèves à l’heure de la lutte contre l’illettrisme, et de voir dans quelle mesure ceux-ci peuvent être adaptés aux attentes des enseignants.
Intervenants :
– Roger Berthet, CRDP de Grenoble ;
– Michel Bézard, CNDP, rédacteur en chef des Dossiers de l’ingénierie éducative ;
– Jacques Crinon, professeur des universités à l’IUFM de Créteil ;
– Jean-Pierre Gros, animateur TICE, bassin de Colombes (Académie de Versailles), spécialiste des élèves en difficulté ;
– Jacques Julien, formateur TICE (Académie de Versailles) et animateur du GEP Lettres.
Conférence animé par Caroline d’Atabekian, rédactrice au Café Pédagogique.
Les nouveaux logiciels
La conférence a commencé par une rapide présentation de deux nouveaux logiciels : Écrire en lisant, édité par le CRDP de Créteil, et Idéographix, le dernier logiciel de l’AFL.
La présentation d’Écrire en lisant a été faite par Jacques Crinon, professeur des universités à l’IUFM de Créteil, qui en est l’auteur ; le principe est un traitement de texte donnant accès à une importante base de données d’extraits littéraires appartenant tous au genre du récit de vie, dans laquelle les élèves, pour retravailler un récit qu’ils ont écrit, peuvent puiser. La base permet de nombreux types de requêtes, même si l’expérience montre que les élèves recherchent plutôt par thème. Ils peuvent ensuite s’inspirer d’un texte, d’une phrase, d’une situation pour enrichir leur propre texte. Mais, souligne J. Crinon, « à partir de là il y a de nombreuses utilisations possibles. Un logiciel est toujours fait pour être détourné, pour être utilisé autrement que ses concepteurs ne l’avaient prévu. Ce que nous avons expérimenté, c’est la mise à disposition de ces ressources au moment où les élèves sont en train de réécrire leurs textes et où l’on sait à quel point la réécriture est difficile quand ils sont laissés à eux-mêmes. » Idéographix a ensuite été évoqué par Roger Berthet, du CRDP de Grenoble ; non qu’il soit lié de quelque façon avec l’AFL, mais parce qu’il a été l’un des premiers à s’en servir dans le secondaire – alors que le logiciel se destinait plutôt au primaire, – et à en rendre compte : « je recherchais un logiciel qui permette de faire le dictionnaire d’un texte ; on m’a dit que cette option existait dans Idéographix. Il offre en fait aussi bien d’autres options, mais j’ai complètement détourné le logiciel de son utilisation et en particulier je n’utilise pas la base de textes qui est intégrée parce que elle est un peu simple, même si j’ai quand même surpris quelques-uns de mes secondes à aller jeter un coup d’œil de temps en temps, cela a dû leur rappeler quelque chose, bien sûr. » Pour R. Berthet, Idéographix est à la fois l’héritier d’ELSA et de Genèse du texte, un traitement de texte « qui gardait la trace de ses remords et de ses repentirs ». L’atout particulièrement intéressant d’Idéographix est un module de lexicologie qui permet de retrouver les occurrences d’un mot non seulement dans un texte, mais aussi dans deux textes en parallèle. On peut ainsi comparer par exemple un poème des Fleurs du Mal et le même en prose dans Le Spleen de Paris. Un autre module permet de garder une trace au fur et a mesure de la lecture. Comme il a aussi l’avantage d’être un logiciel ouvert, on peut y rentrer ses propres textes y compris des textes d’élèves. Il est alors intéressant de travailler sur le vocabulaire : homonymes, synonymes… « Il faut faire travailler son imagination et il faut surtout – et tant pis pour les créateurs de logiciels – il faut détourner les logiciels, il faut en faire autre chose. » Les logiciels les plus utilisés : pourquoi ? Aux logiciels « ouverts » ou « fermés », Roger Berthet oppose une troisième catégorie, avec « les petits logiciels qui ne font qu’une chose », mais qu’on peut utiliser ponctuellement et facilement intégrer dans un cours : ainsi le Bordélisateur lexicographique. A partir d’une liste donnée de mots, il les mélange pour créer de nouveaux mots, dans lesquels on retrouve les mêmes sonorités. « A quoi ça sert, me direz-vous ? Eh bien, à ce que vous voulez ! Par exemple dans une classe de 6e, on peut faire un travail de recherche sur les noms de lutins : on lui donne une liste de noms de lutins, ça vous donne d’autres noms de lutins. On peut imaginer ce qu’on veut. Vous lui donnez des noms de ville, il en fabrique d’autres. Il y a un travail pédagogique à la clé. » Pour Jacques Julien, formateur TICE dans l’académie de Versailles, ce qui a séduit les enseignants dans Lirebel, par rapport à des logiciels uniquement consacrés a l’amélioration quantitative de la lecture telle que la concevait l’AFL, c’est la diversité, la possibilité de plonger sur une séance, un exercice, et de ne pas suivre nécessairement une progression dans laquelle on serait enfermé. Dans les conditions actuelles de travail en collège, où il n’y a plus de demi-groupes alors qu’il est difficile d’utiliser des logiciels comme ELSA en classe entière, on peut utiliser Lirebel de manière ponctuelle. Parmi les logiciels fermés, J. Julien recommande particulièrement J’ai vécu au XVIIIe siècle, qui permet d’enchaîner véritablement la lecture et l’écriture en se mettant dans la peau d’un personnage du 18e siècle. Cependant, ajoute-t-il, « je crois que l’avenir du logiciel, c’est le logiciel ouvert, qui permet non seulement à l’enseignant de choisir ses textes, mais aussi à l’élève de pouvoir écrire, de pouvoir communiquer par le biais d’Internet. » Parmi eux, il en signale deux particulièrement : Gammes d’écriture, qui a mis trop de temps à paraître et a donc été très vite démodé à cause de son interface, mais qui recèle plein de bonnes idées. Adapté à partir d’un logiciel italien de 1992 (Wordprof), il a été longuement commenté comme le produit idéal par François Mangenot. « Il permet à la fois de lire des textes illustrant des figures de langage, tel ou tel type d’argumentation… on peut y entrer n’importe quel texte. Il en faudrait peu pour que ce produit soit utilisable actuellement, il faudrait juste le rendre attrayant. » J. Julien insiste enfin sur le travail graphique de l’interface des logiciels, qui distingue « un logiciel qu’on achète de celui qu’on télécharge ». Il déplore que beaucoup de logiciels fort coûteux aient un graphisme qui n’est pas forcément adapté à l’âge des utilisateurs et remarque à titre d’exemple que « Lirebel, dans sa version future, aurait intérêt à diversifier les […] |
Martiens… » Le second logiciel ouvert qu’il recommande est Jeux d’écriture, paru il y a deux ans, et qui fonctionne sur le principe de l’Oulipo en proposant des exercices à contraintes, lipogrammes, antilipogrammes etc., où l’on peut rajouter ses textes, et qui aide l’élève qui n’a pas forcément un grand vocabulaire à sa disposition, avec notamment la possibilité d’accéder à toutes sortes de dictionnaires comme par exemple le dictionnaire des mots sans A ni O.
Le logiciel idéal ? Michel Bézard, rédacteur en chef des Dossiers de l’ingénierie éducative, attire ensuite l’attention sur les logiciels d’aide à l’écriture d’imagination, au-delà des activités pédagogiques fondées sur le traitement de textes ou des productions publiées sur les sites web d’établissements. Il rappelle l’existence d’un logiciel destiné à aider les écrivains apparu il y a longtemps aux États-Unis et d’un logiciel d’aide à l’écriture de scénarios distribué aujourd’hui en France, tous deux fondés sur l’idée que, « hors de l’école et de la relation pédagogique, à partir du moment où on se lance dans une activité d’écriture, on peut disposer d’une aide. » Au passage, Michel Bézard observe que la situation des logiciels pédagogiques de ce type n’a pas favorablement évolué et qu’il n’y a pas eu, à une ou deux tentatives près, de véritable synthèse des travaux réalisés par les auteurs et les éditeurs sur cette question : « Il y a une perte. Si certains logiciels anciens ne sont plus là, c’est parce que les machines et les systèmes d’exploitation ont changé, ce n’est certainement pas parce que les idées pédagogiques et les trésors d’imagination qui s’y trouvaient ne présentent plus d’intérêt maintenant. » À titre d’exemples, il cite deux logiciels. Narrativement vôtre permettait de déclencher un processus l’écriture chez l’élève, en lui proposant d’abord de saisir quelques informations simples le concernant (âge, sexe, lieu, date, activité en cours…) et en affichant ensuite sur l’écran, de façon tout à fait inattendue, un texte dans lequel l’élève retrouvait les informations données, mais sous une forme décalée et imprévisible, censée l’inciter à continuer la fiction ainsi mise en place. » Il s’agit de l’élève, lui-même mis en scène, selon des procédés de déplacement retenus pour que le texte de départ ne soit pas issu d’une œuvre déjà existante. C’est bien le cœur du problème, le moment où se crée une situation d’écriture. » Quant à Suites, il fonctionnait sur le système du récit à embranchements multiples et présentait diverses histoires selon une arborescence de plus en plus ramifiée, de sorte que la suite finirait inévitablement par manquer. Mais on avait pris soin d’annoncer à l’élève plusieurs continuations possibles, si bien qu’au moment où il s’attendait à découvrir ce qui se cachait sous le titre, il découvrait surtout que rien n’était rédigé, que c’était à lui d’écrire. « Or, en choisissant son titre, il anticipe la lecture et on fait l’hypothèse qu’il aura plus de facilité pour enclencher l’écriture sur un tel écran vide que sur une page blanche. » Avec de tels outils, il devient essentiel de savoir comment le texte de l’élève s’insère dans le texte du logiciel, quelle est sa part active dans la production et comment se produit le « déclic ». Cela pourrait intéresser autant l’enseignant qui se demande s’il va trouver une aide sérieuse de ce côté que l’écrivain qui intervient dans le cadre d’une classe à PAC, par exemple, et qui se pose la même question : « Devant la classe, à quel moment vais-je arriver à susciter chez eux un mouvement qui ressemble à une véritable activité, qui relève de l’imagination et qui produise du texte ? » Pour revenir sur l’utilisation de logiciels non pédagogiques susceptibles de favoriser l’écriture, Michel Bézard évoque enfin certains jeux en réseau sur Internet, dans lesquels celui qui a accepté d’y participer se trouve chaque matin repris par le scénario, par l’intermédiaire de sa messagerie électronique : « Toutes sortes d’interlocuteurs inconnus l’interrogent, le menacent, le replacent dans une histoire collective à suspense et produisent une inquiétude ludique qui l’aident à entrer dans l’univers proposé. » Même s’il s’agit là d’un cas extrême à réserver aux adultes, l’exemple montre que, sans logiciel particulier, sans que le professeur ait à maîtriser autre chose que la messagerie, les classes pourraient entrer dans des activités de cybercorrespondance fictive. Et de conclure : « Les logiciels de réécriture ne se trouvent certes pas en position dominante et une revue comme les Dossiers de l’ingénierie éducative devra revenir sur la question, afin que les enseignants ayant la mémoire de ces produits fassent retour sur eux et que, à côté des travaux actuellement pratiqués sur le Web, on propose aux enseignants et aux élèves de nouvelles situations d’écriture. » Reprenant l’exemple du traitement de texte, Jacques Crinon remarque que l’essentiel est qu’il y ait cohérence entre l’utilisation qu’en fait l’enseignant et ce qu’il souhaite développer dans sa classe. Il déplore l’idée longtemps admise que le traitement de texte allait permettre d’améliorer l’expression écrite des élèves et les inciter à reprendre et améliorer leurs textes :« les potentialités du traitement de texte n’impliquent pas nécessairement que les élèves vont améliorer leurs textes et leurs compétences, loin de là. En général ils arrivent à l’améliorer en surface, l’orthographe notamment, beaucoup moins sur le fond, et finalement, en l’absence d’un travail spécifique sur l’écriture, et d’une aide autre en classe, l’utilisation du traitement de texte peut même amener des élèves à croire que reprendre un texte, c’est seulement corriger l’orthographe. « C’est pourquoi l’une des idées de départ d’Écrire en lisant est de permettre un réel travail de réécriture. Une autre idée importante qui a présidé à l’élaboration de ce logiciel est l’identification de certaines difficultés chez les élèves. Ils ont souvent beaucoup de mal à écrire des textes développés, qui ne soient pas qu’un squelette, à mettre des passages descriptifs, des dialogues. Avec Écrire en lisant, grâce aux ressources à leur disposition dans la base de données, les élèves arrivaient à produire des scènes étoffées. Pour conclure, et insister sur la nécessité d’une cohérence entre l’utilisation d’un logiciel et son objectif pédagogique, Roger Berthet ajoute que « s’il n’y a pas de projet pédagogique avant, et de réinvestissement pédagogique après, ça ne sert à rien du tout. C’est d’ailleurs pour cela qu’on peut utiliser presque tout ce qui existe. » Ainsi par exemple des générateurs de textes, qui foisonnent sur Internet, comme celui qui en quelques secondes écrit une superbe dissertation de philosophie qui laisserait perplexe un professeur de philo, ou cet autre générateur beaucoup plus simple où, pour faire une farce à un ami, on propose au lecteur d’indiquer son nom et sa ville, puis il génère une page comme la une d’un journal, où l’ami est désigné quand le grand vainqueur d’un concours de gobeurs de Flamby. « Ca ne sert a rien évidemment, mais si vous vous en servez pour montrer de quelle manière peut être construit un article de journal, cela peut être très intéressant. Il y a plein de choses qu’on peut faire à partir de ces générateurs de textes. Un autre vous fournit un article dans lequel vous êtes censé avoir tué votre voisine de pallier ; on peut alors travailler sur le fait divers. On peut aller jusqu’à la simulation globale qui vous permet d’inventer tout et n’importe quoi. » |
Samedi 23 novembre à 10h00, hall 7.1, agora n°1
La spécificité du primaire : un exemple à suivre ?
Le développement des TIC semble se faire de façon beaucoup plus rapide dans le primaire qu’au collège ou au lycée. Tout du moins c’est ce que l’on peut observer pour ce qui concerne le B2i. Et pourtant, nombre d’établissements scolaires du premier degré sont peu équipés et ne doivent ce développement qu’à des initiatives personnelles. La visite du site Cartables.net illustre ce dynamisme.
Pour quelles raisons les TIC se déploient-elles plus rapidement dans le primaire ? Quels enseignements peut-on tirer de ce constat ? Quels sont les obstacles que rencontrent les équipes enseignantes sur le terrains ?
Intervenants :
– Jean- François Cerisier, Maître de conférences – UFR Lettres et Langues – Poitiers ;
– Bruno Devauchelle, CEPEC
– Christine Colomer, professeur des écoles, site Cartables.net ;
– André Giordan, Professeur, Laboratoire de Didactique et Epistémologie des Sciences, Université de Genève ;
– Patrick Picard, instituteur.
Conférence animé par Bruno Devauchelle, rédacteur au Café pédagogique.
Prochainement : le compte-rendu
Les autres tables rondes auxquelles le Café pédagogique a participé
Avec ENEE, des ressources pour les enseignants
Jeudi 22 novembre
Compte-rendu provisoire
Annoncé fin 2001, l’Espace numérique d’éducation européen (ENEE) s’est dévoilé à l’occasion d’une table-ronde du Salon de l’éducation jeudi 22 novembre. Le programme entre maintenant dans la phase des réalisations. Le projet ENEE mettra à la disposition des enseignants, gratuitement, de nombreuses ressources électroniques fondamentales grâce à un pré-paiement des droits par l’Etat.
Ainsi l’INA prévoit de mettre en ligne 200 documents audio-visuels, tirés des archives de la télévision ou du film, ayant un intérêt pour l’enseignement de l’histoire, de l’éducation civique ou des sciences. Chacun pourra, en toute légalité, être repris dans un document pédagogique ou visualisé en classe.
Hachette annonce de son coté la mise à disposition aux mêmes conditions de son encyclopédie C’est le cas également du Robert ou de l’encyclopédie Tout l’univers. Les enseignants bénéficieront du « fil » de l’AFP, des archives de certains quotidiens, de cartes IGN, de statistiques de l’INSEE et d’oeuvres réunies par la Réunion des Musées nationaux.
Toutes ces ressources sont actuellement en expérimentation dans plusieurs établissements. Elles devraient influer sur l’évolution des pratiques pédagogiques pour peu qu’elles soient connues et acceptées par les enseignants. Le CNED propose également dans ce projet une base indexée de textes littéraires, le projet Basile, sans doute pratique, mais qui intervient dans un secteur où les publications spontanées sont déjà très nombreuses.
Car, pour le Café, si ENEE apporte un extraordinaire enrichissement de la salle de classe, le projet devrait également tenir compte des nombreuses publications faites par les enseignants ou les sites de mutualisation. Ce sont eux qui sont capables d’entraîner les enseignants à suivre Enée..
Comment accompagner l’évolution des aides et des pratiques pédagogiques ?
Mercredi 21 novembre
Compte-rendu provisoire
Une table-ronde très institutionnelle où la présence du Café détonait un peu. C’est pourtant François Jarraud qui ouvre le débat en soulignant l’importance de la formation par les pairs, l’opposition entre la culture hiérarchique du monde de l’Education et la culture horizontale du net et la nécessité de rendre visible le web francophone.
Claude Mollard, directeur du CNDP, évoque le décalage entre les concepteurs de produits pédagogiques et les enseignants,. Jean-Louis Billouet, directeur général adjoint du CNED, insiste sur l’industrialisation des contenus pédagogiques et leur labellisation.
Pour Alain Costes, directeur de la technologie au Ministère, le défi d’aujourd’hui est d’initialiser des projets à l’échelle européenne.
Jean-Paul de Gaudemar, directeur de la DESCO, a mentionné un plan de formation virtuel en relation avec les Ecoles Normales Supérieures.
Des comptes-rendus en ligne :
Sur le site d’Educnet, les tables-rondes organisées par le Ministère
Des comptes-rendus complets à :
http://www.educnet.education.fr/salon02/tables.htm
Sur le site du Salon de l’Education, les tables-rondes organisées par la Ligue de l’Enseignement
Des comptes-rendus prochainement en ligne
Sur le site de Noe-Education
Les comptes-rendus de Jean-Michel Pargamin :
– Comment le service public d’éducation doit-il accompagner l’évolution des aides et des pratiques pédagogiques dans un contexte de changement technologique ?
– Langues : les échanges à distance, une nouvelle pratique pour l’enseignement des langues.
– Comment faire évoluer les programmes face au défi de la construction européenne et de la mondialisation ?
– La technologie au collège : où en sommes-nous ?
– Comment faire face au développement de la concurrence scolaire au sein du service public d’éducation ?
A lire à : http://www.noe-education.org/PB8.php3