Que peut bien faire un robot à l’école ? L’expérience est tentée à Brest par Monique Argoualc’h. Fascinée par cette drôle de machine, elle en observe les effets sur les collégiens qui lui sont confiés en dispositif relais. Si le robot ne remplace pas l’enseignant, il participe bien à l’éducation et l’apprivoisement réciproque de ces jeunes et du collège. Le robot fait l’homme ?
La séduction ça compte pas pour des prunes. C’est peut être ce que s’est dit Monique Argoualc’h en découvrant Nao, le robot « intelligent » développé par Aldeberan. Inlassable « tisseuse de projets », Monique Argoualc’h est bien connue des lecteurs du Café pédagogique. Entre les mains de cette pédagogue expérimentée, Nao va se plier à de nouveaux rôles au bénéfice des collégiens du dispositif relais de Brest. On n’arrive pas par hasard en dispositif relais et les jeunes de la classe de M Argoualc’h sont tous en difficulté avec l’école, pour des raisons comportementales, d’absentéisme ou de décrochage passif.
Nao et la réussite scolaire
« J’ai été surpris du succès de Nao partout où on l’a emmené », nous dit Monique Argoualc’h. Que ce soit en maison de retraite, où les collégiens s’en servent pour entrer e contact avec les pensionnaires y compris ceux qui ne se déplacent plus, ou sur le principal pont de Brets, Nao ne laisse pas indifférent. Pour les collégiens il est un instrument prestigieux mais aussi un objet de passation intergénérationnel.
Ainsi Nao met en relation les collégiens au passé douloureux avec des étudiants. Ce sont des élèves ingénieurs de Telecom Bretagne qui les aident à programmer Nao. Pour ces jeunes du dispositif relais c’est un premier contact positif avec la réussite scolaire. Les étudiants sont d’anciens excellents élèves, la relation avec eux est sympathique et ils vont tous faire des choses passionnantes dans leur vie. « Cela change leur rapport à la réussite scolaire. Le bon élève n’est plus le bouffon de service et réussir à l’école prend un sens et un visage », explique M Argoualc’h. Nao est mis au service de cette transformation.
Nao et le rapport au collège
« Nao travaille aussi le rapport à la règle », explique-t-elle. Les élèves apprennent à le programmer. « Et dans le codage il n’y a pas de place à l’approximation dans le respect des règles ». Ces collégiens habitué à « adapter » les règles doivent se plier à elles, de surcroit pour obtenir une satisfaction ! Là aussi le robot est au service de la transformation de l’homme.
« Au collège on nous confie ces jeunes pour que leur comportement change. Ce que j’observe avec Nao c’est d’abord une remise en mouvement. Il n’attendaient plus rien de l’école et voilà qu’avec Nao elle les surprend. Il se mobilisent à nouveau dans un cadre scolaire », explique M Argoualc’h.
Mais ça ne suffit pas. Le dispositif relais travaille le retour au collège. Et là il faut aussi changer le regard des adultes du collège sur les jeunes. C’est ce que les élèves ont commencé à faire bouger quand ils ont présenté Nao dans leur établissement. « C’était trop bien » a twitté un des jeunes. « La présentation a fait changé le regard des enseignants et des camarades sur eux. Pour une fois c’est eux qui savent », dit-elle.
Les aventures avec Nao ne sont pas terminées. Les élèves ont enregistré une chanson qui parle de leur parcours avec le robot.
« Je suis un élève pas comme les autres.
Je suis arrivé dans un carton
mais j’avais peur il faisait noir
je suis sorti je vois la vie réelle.
Avec vous je me sens bien
j’apprends tous les jours de nouvelles choses
Quelquefois j’ai la tête en l’air
mais aidez-moi et je vous surprendrai
Pour me réveiller appuie sur mon coeur
regarde-moi dans les yeux pour me parler
regarde-moi dans les yeux pour communiquer
pour découvrir pour grandir pour avancer ».
François Jarraud
Nao et les rencontres improbables
M Argoualc’h tisseuse de projets