« Durant les vingt-cinq dernières années, l’effort de la nation a été considérable et s’est traduit par une élévation spectaculaire du niveau de qualification, sans toutefois parvenir à diminuer les inégalités, en particulier celles liées à l’origine sociale ». Pour sa 25ème édition, « L’état de l’école », une publication de la DEPP, met en parallèle une trentaine d’indicateurs qui mettent en parallèle le coût du système éducatif, ses réussites et les inégalités.
Deux graphiques résument la question du coût. Avec 6920 $ par écolier, la FRance dépense nettement moins pour le primaire que la moyenne de l’OCDE (8300$). Les Etats-Unis dépensent plus de 10 000 $, les Anglais flirtent avec la barre des 10 000 et même les économes allemands sont à 7580. C’est le contraire quand il s’agit du secondaire. La France dépense 11 110 $ par collégien ou lycéen, quand les Allemands dépensent 10 20 et la moyenne de l’OCDE se situe à 9 280. Au total la France dépense 148 milliards pour l’éducation soit 6.8% de son PIB.
Malgré un effort collectif pour aider les élèves défavorisés, les inégalités restent bien présentes dans le système éducatif. « La corrélation entre la réussite aux items de l’évaluation et l’origine sociale se renforce », montre L’état de l’Ecole. » Les disparités sont importantes selon le milieu social en ce qui concerne l’obtention du baccalauréat, le baccalauréat obtenu et les études supérieures : ainsi 85 % des enfants de cadres obtiennent le bac contre 57 % des enfants d’employés ou d’ouvriers ; 76 % des enfants de cadres obtiennent un baccalauréat général contre 32 % des enfants d’ouvriers. À l’inverse, 32 % des enfants d’ouvriers obtiennent un baccalauréat professionnel contre 10 % des enfants de cadres ».
Les écarts se sont également creusés entre les filles et les garçons, note l’ouvrage. « Dans les années 1990, 33 % des filles et 32 % des garçons obtenaient un diplôme supérieur, alors que, dans les années 2010, 50 % des filles ont un diplôme de l’enseignement supérieur contre 39 % des garçons. Or si les femmes réussissent mieux dans le système scolaire et universitaire, leur rémunération, à diplôme équivalent, est inférieure à celle des hommes ; et la différence s’accroît sensiblement avec l’âge ». Encore faudrait-il ajouter les inégalités de genre selon les filières…
Même si le pays a fortement augmenté son taux de diplomation, la France reste en dessous de la moyenne de l’OCDE pour la part de la population jeune (25-34 ans) diplômé du secondaire. S’il y a beaucoup d’argent et que ls inégalités augmentent c’est bien que l’argent public va aux plus favorisés et non là où il devrait aller…
François Jarraud