« Enfumage ». « Embrouillie ». « Scandale » Les termes les plus vifs ont salué le 19 décembre la publication par le ministère de la répartition des postes dans les académies. Au lieu de présenter les créations ou suppressions de postes, le ministère a présenté des « moyens annoncés » incluant des heures supplémentaires pour camoufler les suppressions massives de postes. Une première qui empêche de connaitre la réalité jusqu’à l’arrivée des dotations horaires des établissements.
Camoufler les suppressions de postes
En 2017 déjà, le ministère avait présenté le budget en incluant « des postes non pourvus mais sans impact sur les postes devant élèves ». Pour la rentrée 2019, le ministère va beaucoup plus loin dans l’hétérodoxie comptable en inscrivant des « moyens annoncés » dans les académies à la place de postes. Ces moyens annoncés correspondent à des équivalents temps pleins qui seraient créés grâce à des heures supplémentaires. Cela permet de réduire énormément les suppressions de postes dans le second degré. De – 2600 on passe à seulement -365 que le ministère promet de compenser en récupérant des décharges rectorales.
On est là dans la communication politique et pas dans la gestion du système éducatif , objet du Comité technique ministériel. Les syndicats s’insurgent contre cette présentation d’éventuelles heures supplémentaires à la place de postes, comme si d’ailleurs ces heures pouvaient réellement compenser des adultes manquants.
La vie des établissements touchée
Pour la rue de Grenelle, « le ministère a présenté la répartition entre académies du schéma d’emploi prévu par le PLF 2019, avec le souci de consolider les moyens d’enseignement devant élèves à la prochaine rentrée scolaire. Cela se traduit, d’une part, par la transformation de 2 085 ETP en heures supplémentaires, ce qui contribuera à renforcer le pouvoir d’achat des professeurs et, d’autre part, par une diminution de 365 ETP portant sur des décharges d’enseignement non prioritaires ».
La réalité c’est que cet artifice nous empêche de donner une idée réelle du recul en postes dans les académies. Car rien n’indique que ces heures seront pourvues, même si le ministère applique sa volonté de doubler les heures supplémentaires obligatoires. Et elles ne remplacent pas des enseignants car le même enseignant ne peut pas être à deux endroits à la fois. Autrement dit ces milliers de faux postes vont rendre les emplois du temps encore plus délicats alors même que les chefs d’établissement ont déjà du mal avec la mise en place des spécialités.
Deux académies sur trois perdent des moyens
Si l’on se base sur les seuls « moyens » , un indicateur fallacieux, 18 académies perdent des moyens d’enseignement à la rentrée. Est-ce surprenant de retrouver souvent les mêmes académies maltraitées ? Lille voit sa situation se dégrader un peu plus. Mais Clermont-Ferrand et Limoges sont lourdement grevés, Versailles aura nettement moins de création de postes. Par contre la situation s’améliore relativement sur paris et Nancy-Metz.
Enfumage
« C’est de l’enfumage », nous a dit Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes Fsu. « On est incapable de dire combien d’emplois en moins il y a dans chaque académie. Les heures supplémentaires annoncées par le ministère représentent une hausse de 7%. Or on sait que beaucoup d’enseignants (72%) font déjà 2 heures supplémentaires. Et on sait aussi que c’est un vecteur d’inégalités ».
« Pour la première fois le ministère n’affiche pas la répartition des emplois promettant que grâce aux heures supplémentaires les suppressions de postes seraient indolores. Mais cela change la vie des professeurs et des élèves. Les enseignants du 2d degré ont déjà deux heures supplémentaires en moyenne. Le ministère promet de mettre encore un peu plus de pression sur les enseignants. Finalement il met sous tension le second degré alors que la démonstration a été faite que la tension est déjà là ».
François Jarraud
|
1er degré |
2d degré |
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|
Postes créés rentrée 2018 |
Postes créés rentrée 2019 |
Postes créés rentrée 2018 |
Moyens (et non postes) rentrée 2019 |
Aix Marseille |
261 |
110 |
31 |
39 |
Amiens |
103 |
15 |
-91 |
-95 |
Besançon |
0 |
0 |
-10 |
-22 |
Bordeaux |
121 |
94 |
114 |
50 |
Caen |
0 |
0 |
-87 |
-78 |
Clermont-F. |
0 |
0 |
0 |
-42 |
Corse |
44 |
48 |
0 |
-13 |
Créteil |
682 |
502 |
122 |
130 |
Dijon |
0 |
0 |
-71 |
-87 |
Grenoble |
88 |
31 |
69 |
1 |
Lille |
312 |
44 |
-136 |
-149 |
Limoges |
0 |
0 |
-7 |
-36 |
Lyon |
271 |
175 |
94 |
79 |
Montpellier |
121 |
49 |
25 |
28 |
Nancy-Metz |
36 |
0 |
-100 |
-47 |
Nantes |
34 |
0 |
36 |
4 |
Nice |
59 |
38 |
-10 |
8 |
Orléans Tours |
26 |
0 |
-12 |
-11 |
Paris |
107 |
40 |
-54 |
-42 |
Poitiers |
0 |
0 |
-32 |
-44 |
Reims |
20 |
0 |
-62 |
-58 |
Rennes |
0 |
0 |
0 |
-29 |
Rouen |
63 |
34 |
-77 |
-119 |
Strasbourg |
74 |
56 |
0 |
1 |
Toulouse |
89 |
55 |
51 |
37 |
Versailles |
609 |
462 |
206 |
141 |
Guadeloupe |
0 |
0 |
-44 |
-86 |
Guyane |
189 |
150 |
62 |
1 |
Réunion |
183 |
122 |
0 |
-13 |
Martinique |
8 |
0 |
-57 |
-96 |
Mayotte |
180 |
150 |
140 |
83 |
Total |
|
2175 |
|
-465 |
Réserve |
|
150 |
|
100 |
Total |
3680 |
2325 |
100 |
-365 |
|
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|
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