Que veut dire vivre au 21ème siècle ? Pour l’OCDE c’est être capable de vivre pleinement dans un monde interconnecté et changeant, des caractéristiques nouvelles pour des systèmes éducatifs anciens. Pisa 2018 tente d’évaluer ces compétences. Sur le plan théorique les jeunes français se classent bien. Il en est de même sur celui des connaissances. Mais ils se caractérisent aussi par une faible capacité à comprendre les points de vue des autres.
Que veut dire vivre dans un monde interconnecté ?
C’est un travail tout à fait nouveau qu’a fait l’OCDE dans Pisa 2018 en tenant d’évaluer les capacités des jeunes de 15 ans à s’adapter à un monde en mutation et en ouverture sur l’ensemble de la planète. Une recherche tellement nouvelles que la France s’est abstenue pour certaines questions. Par exemple on ne connaitra jamais l’opinion des jeunes français sur les immigrants la question n’ayant pas été posée en France.
Pour l’OCDE, vivre dans un monde changeant et interconnecté suppose 4 types de compétences. D’abord être capable de traiter des questions sous un angle global (et pas seulement national), pouvoir prendre en compte le point de vue de personnes différentes, s’engager dans des actions interculturelles et dans des actions collectives pour le développement durable.
Le rôle positif de l’apprentissage des langues
Dans ce monde interconnecté, les jeunes français ont des atouts. Par exemple ils déclarent un grand respect pour les autres cultures et prônent l’égalité entre les hommes dans une proportion qui dépasse la moyenne de l’OCDE (87% contre 82%). Il déclarent des contacts avec des personnes d’autres cultures dans la moyenne de l’OCDE, particulièrement dans le cercle familial, et les valorisent. Ils sont conscients de ce que veut dire la communication interculturelle. Par exemple ils disent qu’ils vérifient la compréhension des échanges, qu’ils écoutent avec attention, qu’ils observent les réactions, dans une proportion supérieure à la moyenne de l’OCDE.
Les jeunes français sont plus nombreux aussi à déclarer parler 2 langues (77% au lieu de 68%) et 87% déclarent apprendre deux langue sou plus (contre 50% dans l’OCDE). L erôle de l’école apparait donc important. Et l’OCDE montre un lien entre l’apprentissage de langues étrangères et l’ouverture aux autres.
Une certaine fermeture culturelle
Mais il y a des points noirs. D’abord dans la capacité à comprendre le point de vue d’autrui. Ainsi seulement 32% des jeunes français essaient de comprendre le point de vue de quelqu’un qui les énerve (contre 40% dans l’OCDE). Seulement 54% estiment qu’il y a toujours deux points de vue sur une question (63% dans l’OCDE). Ils sont conscients de ce manque et ont peu confiance dans leur capacité à coopérer. Seulement la moitié des jeunes français se disent capable d’interagir avec des personnes d’autres cultures par exemple dans un contexte stressé (contre 60% dans l’OCDE).
Les jeunes français sont aussi moins engagés dans les questions globales que les jeunes de l’OCDE. Une question leur demandait de citer des actions qu’ils mènent pour le développement durable ou le bien être collectif. Ce qui revient le plus souvent en France c’est faire des économies d’énergie, (66% contre 71% dans l’OCDE), se tenir au courant (59% contre 64), tenir compte du souci environnemental dans ses achats (44% contre 45%). Finalement les jeunes français déclarent en moyenne 3 actes d’engagement au quotidien contre 3.5 pour la moyenne OCDE. Les jeunes français sont particulièrement réticents quand il s’agit de promouvoir l’égalité entre les genres (22% contre 33%) ou de signer des pétitions pour l’environnement (20% contre 25%).
Que nous apprend cette étude ? Certainement que , contrairement à ce que dit le ministère, il y a fort à faire pour l’éducation au développement durable. Surtout quand il s’agit de passer d’une instruction livresque à la mise en pratique. Les jeunes français vivent dans un pays très intégré dans la culture mondiale et avec une population interculturelle. Le poids de la culture nationale, et un certain angle mort sur les autres cultures, marquent un manque d’ouverture culturelle. Mais on retrouve dans le manque d’assurance pour communiquer au delà des barrières le poids de la ségrégation et notamment de la ségrégation scolaire en France.
F Jarraud