Le retrait de François Hollande de la course à la présidence obnubile tous les commentateurs. Pour nous, qui nous intéressons à l’éducation, c’est l’avenir de l’Ecole qui nous intéresse. François Hollande hors course, que reste-il ?
Quel bilan du quinquennat Hollande ?
« J’ai voulu que l’école dispose des moyens indispensables, ceux-là même qui lui avaient été ôtés dans la période précédente parce que l’école, c’est le pilier de la République ». Dans son discours bilan du 1er décembre, le président de la République a mis l’Ecole après les comptes de la nation, le modèle social et l’environnement. Une place d’honneur qui signe aussi un quinquennat qui a donné la priorité à l’Ecole.
Il est trop tôt pour faire un vrai bilan éducatif du quinquennat. Mais F Hollande a raison de dire qu’il a mené une politique opposée à celle du gouvernement Fillon. Il a effectivement créé les postes promis. L’objectif des 60 000 postes qui semblait impossible à atteindre sera tenu à quelques centaines près. Il a augmenté le budget de l’éducation de façon importante et le budget de 2017 apporte par exemple 3 milliards supplémentaires. Et il a lancé une revalorisation réelle des enseignants dont les effets vont clairement se voir avec le reclassement des enseignants en janvier 2017 et la hausse du point d’indice de février.
Toutes ces mesures mettent du temps à changer la donne dans la classe. C’est seulement à la rentrée 2017 que les créations de postes vont toutes aboutir à des moyens supplémentaires dans les écoles et les établissements et commencé à desserrer le poids des effectifs.
Mais F. Fillon avait fait juste le contraire.
Choisir un homme ou un programme ?
Mais les commentaires se focalisent, tout comme le président, sur l’homme. « Je suis conscient des risques que je ferai courir avec une démarche qui ne rassemblerait pas largement autour d’elle. Aussi, j’ai décidé de ne pas être candidat à l’élection présidentielle », dit F Hollande. Et les commentateurs vont bon train à peser les chances des uns et des autres.
La France a beau s’enfoncer de plus en plus loin dans la présidentialisation, le pays n’est pas devenu une monarchie. L’élection de 2017 ne doit pas se faire sur la bonne mine de chien battu de F Fillon, la blondeur aryenne de M Le Pen ou les beaux yeux d’un éventuel candidat socialiste.
Ce qui compte c’est le programme. Ce que le candidat peut apporter au pays, et singulièrement à l’Ecole.
L’Ecole menacée
Les programmes de M Le Pen et de F Fillon pour l’éducation sont connus. M Le Pen veut la grande revanche conservatrice, ce qui d’ailleurs ne suffit pas à faire un programme. Celui de F Fillon est nettement plus précis car il le porte depuis longtemps. On sait que c’est la suppression de 150 000 à 200 000 postes d’enseignants et l’augmentation de la durée du travail des enseignants d’un quart (devant des classes qui seront bien surchargées !) pour compenser cet effondrement. Pour les élèves qui auront du mal à suivre , F Fillon à trouver une solution : l’orientation dès la 5ème vers un enseignement professionnel qui ne dépendra plus de l’Education nationale. Pour les professeurs il en a une aussi : la toute puissance des chefs d’établissement et directeurs qui embaucheront et licencieront les enseignants.
Quel programme pour la gauche ?
Du programme du PS on ne sait que ce que N Vallaud-Belkacem en a dit. Elle promet le maintien des investissements et des créations de postes dans l’éducation. Elle a promis d’étendre l’éducation prioritaire aux lycées zep. Elle porte aussi une vision de l’école qui tranche avec les porteurs d’uniforme, les contenteurs du management autoritaire. Elle promet aussi l’application jusqu’en 2020 de la revalorisation liée aux accord PPCR.
Evidemment il y a tout le reste. Pour que l’effort financier ait lieu il faut une politique économique. Pour que l’éducation prioritaire porte des fruits, il faut une politique sociale. Pour que les enseignants puissent enseigner il faut que nos libertés soient défendues.
Evidemment N Vallaud-Belkacem n’apparait pas dans la liste des candidats de gauche à la présidentielle.
Il est donc urgent que la gauche arrive à proposer un programme pour l’Ecole qui s’appuie sur le bilan du quinquennat et en poursuive les efforts, notamment sur les créations de postes et l’application au delà de 2017 du PPCR.
En terminant son discours, François Hollande a dit : « Je ne veux pas que la France soit exposée à des aventures qui seraient coûteuses et même dangereuses ». C’est exactement ce qui menace l’Ecole.
François Jarraud