Sommaire : expédition au Groenland, une chaîne YouTube en sciences, un poulailler-pédagogique,
des robots programmables au service des SVT
Des collégiens en expédition au Groenland
Comment étudier la vie du renard polaire sur le terrain avec ses élèves ? Sandrine Jacquot, enseignante en histoire-géographie au collège François de la Grange à Liernais (21) et Rodolphe Pestel, enseignant de SVT au collège de François Pompon de Saulieu (21) mènent un projet ambitieux avec l’école Attuarfik Jørgen Brønlund d’Illulissat située au Groenland. Ce projet scientifique « Faune de demain » débuté en 2015 est basé sur l’étude des conséquences du réchauffement climatique sur la biodiversité et son environnement. Du Morvan au Groenland, le programme Erasmus permet des échanges entre établissements. Comment se concrétise et se finance un tel projet ? Quels sont les partenaires scientifiques impliqués dans « Faune de demain » ?
Comment résumer votre projet « Faune de demain » en quelques lignes ?
Nous avons choisi depuis plusieurs années de nous intéresser à la faune locale en travaillant avec le parc naturel régional du Morvan sur le projet « Faune d’ici, faune d’ailleurs ». Ce projet permettait à 3 classes de 6ème de travailler sur les mammifères et les amphibiens de Bourgogne. Cela nous a permis de sensibiliser les élèves aux activités scientifiques et à la notion de protection de la biodiversité locale.
Après notre présentation aux assises de la biodiversité à Dijon, l’idée d’aller plus loin a germé. Pourquoi ne pas tenter d’aller le plus loin possible afin de constater de visu les conséquences du réchauffement climatique global ? Nous avons choisi le Groenland, sous souveraineté danoise, car il est fortement impacté par ce réchauffement. Notre étude est abordée sous deux axes : la biodiversité menacée : étude des aires de répartition du renard roux et du renard polaire et la modification climatique et l’eau sur le globe
Qu’ont fait vos élèves en amont de l’expédition ? Quelles sont les sensibilisations et études proposées en classe ?
Pour répondre aux deux axes, les élèves ont participé en 4ème à une semaine de l’eau en alternant sorties, activités scientifiques et création d’un jeu autour de l’eau (la préservation et l’utilisation de la ressource). Les élèves en 3ème ont participé à des rencontres avec des scientifiques sous la forme de journées ou demi-journées balisées. Les objectifs étaient multiples : établir un inventaire faunistique (techniques d’inventaire, identification lors de sorties…), découvrir la faune locale et arctique (PNRM, scientifique et spécialistes du milieu polaire) et comprendre le fonctionnement de la banquise et des glaciers (circulation, réchauffement, fonte…). Les élèves de 3ème ont des activités dans toutes les disciplines en lien avec le Groenland.
Quels scientifiques vous accompagnent au cours du projet ? Pour quels apports ?
Le Parc naturel régional du Morvan et la Société d’histoire naturelle d’Autun nous accompagnent avec Colombe Beaucour, Damien Lerat, Daniel Sirugue pour des apports scientifiques sur la faune de Bourgogne (renard roux). Il y a aussi le laboratoire NINA (The Norwegian Institute for Nature Research) avec Anne Mathilde Thierry chercheur sur le renard arctique et l’entreprise Avunga avec Pascaline Bourgain, chercheur, climatologue et spécialisée dans l’approche du milieu arctique et fonctionnement des glaciers sous oublier l’aspect climatique.
Une partie du financement vient de l’Union Européenne. Quels conseils donneriez-vous pour rédiger un dossier Erasmus ? Des écueils à éviter ? Quels sont les autres sources de financement ?
Voici nos conseils pour ce type de projet : il faut se partager les tâches, garder un œil extérieur pour rester lucide et avoir une grosse capacité de synthèse et de travail. Il faut aussi s’adapter en permanence aux contraintes structurelles et humaines. Côté rédaction, il faut écrire en fonction des demandes et vocabulaires d’Erasmus, effectuer la première réunion transnationale le plus tôt possible pour se laisser du temps pour concevoir les mobilités et enfin concevoir des protocoles financiers.
Quelques écueils à éviter : ne pas argumenter toutes les prises de décision, ne pas avoir accepté l’idée qu’il faudra s’adapter en permanence et ne pas oublier l’aspect culturel et échange de pratiques pédagogiques.
Pour le financement, Erasmus ne couvre pas la totalité des besoins dans le cas de notre projet (billet d’avion coûteux). Nous avons aussi sollicité les familles (anticipation par vote au conseil d’administration de 400 euros par élève avec échelonnement des paiements). Enfin nous avons fait des recherches de fonds privés ou sponsors (implication importante du tissu économique local et des familles) et nous avons négocié les prix pour les équipements vestimentaires techniques et matériels audiovisuels
Quel sera le suivi scientifique réalisé par les élèves au cours des 2 années ? Quelles sont les productions envisagées ?
Plusieurs choses sont prévues pour le suivi scientifique :
– Rencontres avec chercheurs de l’université de Dijon
– Constat global du changement climatique (eau et biodiversité) lors d’activités scientifiques en classe ou avec chercheurs (études des milieux, pose de pièges photos dans le Morvan…)
– Découverte des milieux arctiques (faune, civilisation, géographie, géophysique…)
– 2 Mobilités de France vers le Groenland (pose de pièges photos, pose d’un Time Lapse, études des données collectées, recherches traces et indices pour l’inventaire faunistique)
– 2 Mobilités du Groenland vers la France (relevés des données, analyse et synthèse)
– Le traitement des données initié par les 3èmes sera poursuivi par les élèves des deux 6ème (1 classe par établissement)
Nous envisageons plusieurs productions comme la rédaction d’un numéro spécial de « Bourgogne Nature Junior », la création d’une BD ou d’un livre pour enfants, ou encore un film et une exposition.
Vos collégiens perçoivent-ils le côté exceptionnel du projet ? Et aussi votre engagement personnel ? Quels regards portent les familles sur l’expédition ?
Oui, les élèves perçoivent ce côté exceptionnel même s’il est difficile pour un collégien de mesurer réellement le travail effectué pour ce type de projet.
Les familles mesurent complètement le travail réalisé et à venir. Elles trouvent que la destination est exceptionnelle et que cela est une chance unique dans la vie d’un enfant. Nous avons eu l’agréable surprise d’être accueillis avec des applaudissements et un pot de remerciement à notre retour de la première mobilité. Tous ont félicité l’initiative et les enseignants porteurs du projet.
Que trouve-t-on sur le site internet dédié au projet ? Quels usages faites-vous des réseaux sociaux ?
Notre site internet présente sommairement le projet, les travaux, les mots des scientifiques sur des thématiques en lien avec le projet, des témoignages et productions, le presse book, les partenaires).
La page Facebook Faunededemain est un vecteur d’informations au quotidien pour les familles et le grand public. Il renforce la diffusion et l’interactivité du projet.
Un nouveau groupe se rendra au Groenland prochainement et vous accueillerez les groenlandais en novembre. Quel sera leur programme en France ?
Voici le programme du séjour des groenlandais : découverte de la région (sa culture, sa richesse architecturale, sa biodiversité) avec comme destinations Liernais, Saulieu, Vézelay, Dijon, Beaune, Châteauneuf, Aloxe Corton, Parc du Morvan (forêt, prairies para tourbeuses, tourbières, découvertes des Batraciens et du Renard roux).
Nos invités vont aussi travailler sur la gestion de la ressource en eau autour du barrage de Pannecière, de l’usine de production d’eau potable de Chamboux (SAUR). Enfin, nous aurons un temps en lien avec le programme Life sur la gestion des milieux aquatiques.
Enfin, des activités de découverte du système éducatif français seront aussi prévues avec insertion en classe, travaux communs, échanges de pratiques (comparaison des principes d’évaluation) sans oublier la vie dans les familles, les rencontres sportives et les repas communs.
Entretien par Julien Cabioch
Dans le Café
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Mathieu Rajchenbach : SVT : Des radisculteurs sur Youtube…
Comment inciter les collégiens à répondre à une problématique par l’expérience ? Comment un atelier scientifique peut-il faire l’objet d’une chaîne YouTube ? Mathieu Rajchenbach, enseignant de SVT à la cité scolaire Paul Valéry de Paris75 mène le projet « Radisculteurs » avec des élèves de 5ème. L’idée est de déterminer les conditions météorologiques favorables à la croissance végétale dans un contexte de développement durable. Comment ses collégiens gèrent-ils les 60 plantations mises en place ? Quel usage fait l’enseignant de la vidéo ? Entretien avec Mathieu Rajchenbach dont le projet est primé au concours C.Génial de Paris.
Comment est né le projet #Radisculteurs ?
Le projet #Radisculteurs est un projet mené par huit élèves de cinquième de la cité scolaire Paul Valéry de Paris. Ils participent depuis novembre 2016 à un atelier scientifique qui a lieu une heure par semaine, le mercredi après-midi. Dans ce projet, les élèves communiquent sur l’avancée de leur projet par leur chaîne YouTube. Ils essaient de répondre à la problématique : comment la météorologie peut-elle nous aider à produire des aliments tout en respectant les objectifs d’un développement durable ?
J’ai pris le parti de ne pas laisser les élèves intervenir dans le choix de la problématique. Le sujet étant complexe et souhaitant très fortement mêler les thématiques de la météorologie et de l’agriculture, les élèves ont donc été “contraints” sur ce point. L’atelier n’ayant lieu qu’une heure par semaine et les séances ayant commencé assez tard dans l’année, je ne souhaitais pas qu’un temps trop long soit pris pour le choix d’un sujet par les élèves. Hormis le choix de la problématique et le montage des vidéos pour la chaîne YouTube, les #Radisculteurs sont en autonomie presque totale pour avancer dans leur projet.
Lors des premières séances, les élèves ont échangé entre eux pour élaborer une stratégie qui permettrait de répondre à la problématique. Ils ont alors choisi de cultiver des plantes dans un potager. Après avoir défini les contraintes qui intervenaient dans le choix de la culture à réaliser, les élèves ont réalisé un travail de recherche documentaire pour sélectionner la plante à cultiver. Ils ont alors choisi de cultiver des radis de 18 jours.
Pour économiser de l’eau potable, les #Radisculteurs ont décidé qu’ils installeraient des récupérateurs d’eau dans le potager. Pour arroser les plantes cultivées avec les eaux de pluie récupérées, les élèves ont compris qu’ils devraient connaître la quantité d’eau de pluie que les radis ont déjà reçu. Pour cela, ils utiliseront les données de la météorologie et des pluviomètres ont été construits. En connaissant, la quantité d’eau de pluie déjà reçue par les plantes cultivées, les élèves pourront arroser les radis avec uniquement la quantité d’eau qui leur manque pour répondre à leurs besoins. La première étape du projet a donc été de déterminer les besoins en eau des radis de 18 jours. Pour cela, les élèves ont réalisé différentes expériences permettant de déterminer ces besoins.
Comment s’organise une séance ? Que font les collégiens ? Quelles sont les stratégies mises en place ?
Généralement, les élèves échangent entre eux, en début de séance, pour se rappeler de l’état d’avancement du projet (qu’ont-ils fait lors de la dernière séance ? quels sont les actions en cours de réalisation ? que leur reste-t-il à faire ?). Le but de ce questionnement de début de séance est d’optimiser la gestion du temps. Par cet échange, les élèves définissent leurs priorités (qu’est-ce qu’il sera possible de réaliser en une heure ? Qu’est-ce qu’il est indispensable de faire maintenant ? Qu’est-ce qui peut être reporté à une prochaine séance ?).
Lorsqu’une vidéo doit être tournée, les élèves concernés (généralement deux élèves) restent avec moi pour le tournage, et les autres poursuivent les travaux en cours (recherches pour la construction de pluviomètres, proposition de stratégies pour récupérer les eaux de pluies, réflexion sur le matériel qui sera nécessaire pour la construction du potager…).
Très rapidement, des expériences ont été lancées par les élèves pour déterminer les besoins en eau des radis de 18 jours. Pour pouvoir se permettre d’interpréter les mesures et de tirer des conclusions “fiables” concernant les besoins en eau des radis, les élèves ont compris qu’il était important d’obtenir un maximum de résultats. Ils ont donc décidé de tester différents volumes d’eau dans un grand nombre de pots : un même volume d’eau était testé dans 6 pots différents (comme ils testaient 10 volumes d’eau différents, les élèves devaient arroser 60 pots chaque semaine avec des quantités d’eau très précises !).
Chaque semaine l’arrosage des 60 pots prenait beaucoup de temps, les premières semaines, l’arrosage durait l’heure entière, les élèves ne pouvaient plus avancer sur leur projet !
Forts de ce constat, les élèves ont tout d’abord optimisé leur organisation (répartition du travail, préparation des volumes d’eau, arrosage, rangement, nettoyage de la salle), de nombreuses minutes ont ainsi pu être gagnées. Puis, ils ont trouvé une nouvelle solution pour gagner du temps : certains d’entre eux prennent leur déjeuner rapidement pour arriver le plus tôt possible dans la salle. Comme je suis en cours avec des élèves de seconde pendant l’heure qui précède l’atelier, je ne peux pas accueillir les #Radisculteurs. Par conséquent, les élèves demandent l’accès à la salle au technicien de laboratoire, Benoît Charpentier. Ils s’organisent entre eux pour arroser les 60 pots contenant chacun les plants de radis ; quand l’atelier scientifique commence, l’arrosage est terminé et les élèves peuvent avancer sur les autres aspects de leur projet.
Vos productions vidéos relatent le parcours et les réflexions des élèves. Quels avantages voyez-vous à disposer d’une chaîne YouTube pour un atelier scientifique ? En quoi est-ce motivant pour les collégiens ?
Tout d’abord, il faut savoir que l’idée de communiquer sur le projet par le biais d’une chaîne YouTube n’est pas la mienne. Lors de la première séance, j’ai expliqué aux #Radisculteurs qu’il serait peut-être utile de noter ce qui était réalisé lors des différentes séances afin de pouvoir retrouver à tout moment une trace écrite du cheminement des élèves lors de la réalisation de ce projet scientifique (je pensais alors à la constitution d’un “carnet de bord” mais ne leur en ai pas parlé, ne souhaitant pas les orienter dans le choix d’une solution en particulier).
Lors de cette même séance, j’ai également évoqué l’importance de la communication autour d’un projet en sciences (domaine 4 du socle ; mener une démarche scientifique, résoudre un problème, communiquer sur ses démarches, ses résultats et ses choix, en argumentant ; extrait du document d’accompagnement pour l’évaluation des acquis du socle commun de connaissances, de compétences et de culture).
Certains #Radisculteurs ont proposé la conception d’un site au format “blog”. Ce site permettait à la fois de garder la trace du travail réalisé et de communiquer sur le projet. D’autres ont proposé la réalisation de vidéos de compte-rendu des séances. Certains élèves parlaient déjà de créer une chaîne YouTube.
Suite à l’excitation des #Radisculteurs pour le site internet ou pour la chaîne YouTube, l’idée de réaliser des comptes rendus écrits semblait déjà abandonnée. J’ai averti les élèves de la charge de travail supplémentaire que représenterait la réalisation de vidéos ou la conception d’un site. Il était fort probable que ce type de choix ralentisse l’avancement du projet. Les élèves ont alors décidé de procéder à un vote. La création d’une chaîne YouTube l’a remporté à l’unanimité.
Au début du projet, à chaque séance un binôme prenait des notes pour permettre l’écriture du script des vidéos. Mais assez rapidement, la quantité de travail augmentant fortement, surtout lorsque les premières expériences ont été lancées, j’ai pris la décision de me charger entièrement de la rédaction des scripts (leur projet étant avant tout un projet scientifique et non un projet de réalisation de vidéos).
Malgré les inconvénients liés à la charge de travail supplémentaire et aux aspects chronophages de cette tâche, je trouve que la publication de vidéos sur la chaîne YouTube des #Radisculteurs est très positive et ce pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, la première raison est simple : ça fait plaisir aux élèves ! Ils sont heureux de tourner les vidéos, ils suivent avec beaucoup de passion l’évolution du nombre de vues, du nombre d’abonnés… La réalisation d’une chaîne YouTube participe donc énormément à la motivation des élèves pour ce projet (même s’ils n’auraient pas manqué de motivation sans cette chaîne, c’est évident).
La réalisation de vidéos permet bien évidemment aux élèves de développer les compétences liées à l’expression orale. La chaîne YouTube, permet aux parents des élèves, aux personnels de l’établissement et aux camarades de classe de suivre l’avancement du projet. Lors de projets scientifiques, assez classiquement, la communication est réalisée à l’issue du projet et présente les résultats obtenus. La chaîne YouTube des #Radisculteurs, permet de faire découvrir au public le cheminement de ce type de projet ainsi que les difficultés qui peuvent être rencontrées.
Grâce aux vidéos les élèves gardent une trace de l’avancée de leur projet. Par exemple, avant la finale académique du concours C.Génial, à laquelle les #Radisculteurs ont participé, les vidéos ont permis aux élèves de mieux se préparer aux questions de l’entretien par les membres du jury. Les vidéos pourraient permettre également aux #Radisculteurs, de faire connaître leur projet à des partenaires potentiels (des magasins de jardinage par exemple). Je pense prochainement faire découvrir aux élèves l’intérêt de “l’horizontalité” du média YouTube. Lors de la prochaine vidéo, qui présentera les résultats (difficiles à interpréter) de la dernière expérience, j’inviterai les élèves à demander de l’aide aux internautes pour interpréter les résultats de l’expérience.
Comptez-vous reconduire l’atelier l’an prochain ? Des écueils à éviter ?
Je pense proposer à la direction de mon établissement le renouvellement de l’atelier scientifique l’an prochain. Cependant, il est possible que le format et/ou les objectifs changent. Après avoir testé cette année le travail d’un groupe entier sur un sujet commun, il est possible que l’année prochaine, je teste la répartition d’élèves en petits groupes sur plusieurs sujets différents. Concernant les thématiques, j’ai quelques pistes pour l’année prochaine.
Une des pistes pourrait être de poursuivre le projet #Radisculteurs en prolongeant avec les élèves le travail sur la robotisation du système d’arrosage, système qui intégrerait la mesure des données météorologiques. Pour un projet comme celui-ci, il serait fort utile que le groupe soit encadré par un ou plusieurs enseignant(s) supplémentaire(s) (professeur de technologie et/ou de physique-chimie).
Toujours avec les #Radisculteurs, il pourrait également être intéressant que les élèves apprennent à construire eux-mêmes leurs vidéos (script, tournage, montage, publication).
En dehors du projet #Radisculteurs, j’aimerais bien m’investir dans l’éducation aux médias, travailler avec les élèves sur l’analyse critique des informations circulant dans les médias, sur les “fake news”, la propagation de rumeurs et les thèses complotistes, sur les différences entre faits, savoirs, croyances, opinions… Je n’ai pour l’instant rien construit sur cette thématique et le travail préparatoire me semble assez conséquent. Il est possible que je m’inspire des travaux d’Hygiène Mentale et de Rose Marie Farinella sur le sujet.
Pour ce type de projet, l’idéal serait de ne pas être le seul enseignant à encadrer l’atelier scientifique (je pense qu’à deux enseignants l’apport pour les élèves serait vraiment enrichi). De plus, étendre la durée de l’atelier de une à deux heures pourrait être très profitable. Je suis bien évidemment conscient qu’il est compliqué pour un établissement de trouver les moyens d’ouvrir un atelier scientifique, encore plus d’en augmenter le nombre d’encadrants ainsi que le nombre d’heures.
Mais l’arrivée des EPI (Enseignements Pratiques Interdisciplinaires) nous offre directement cette possibilité de travailler sur la durée et avec plusieurs enseignants. À la différence, et non des moindres, qu’il s’agit là de travailler avec tous les élèves d’une classe et non un groupe restreint d’élèves très motivés. Je suis lucide sur le fait que la gestion du groupe est plus complexe qu’avec les élèves d’un “club de sciences” mais je suis persuadé que ce type de travail est tout à fait envisageable et trouve essentiel d’impliquer tous les élèves d’un établissement à ce type de projets scientifiques.
Je participe d’ailleurs actuellement à deux EPI dans mon établissement. Avec une classe de 5ème, nous travaillons, avec les enseignants d’histoire géographie et de physique-chimie, sur le thème des ressources en eau. Il s’agit ici d’un travail assez classique de recherche documentaire. Avec une classe de 4ème, nous travaillons, avec l’enseignant de physique-chimie, sur la caractérisation de phénomènes météorologiques et climatiques par le traitement de données brutes (extraites du site www.meteoalecole.org).
Quelques mots sur votre participation au concours C-Génial …
En effet, les #Radisculteurs ont participé à la finale académique du Concours C.Génial de Paris. Leur projet a obtenu le 1er prix et ils participeront à la finale nationale du Concours C.Génial le vendredi 19 mai 2017.
Je n’étais initialement pas vraiment favorable à l’idée d’intégrer la notion de compétition dans mon enseignement mais j’ai pu, au cours des dernières années, assister à quelques finales de concours de projets scientifiques. Lors de ces événements, j’ai pu constater l’engouement des élèves lors de la présentation de leur projet et les explosions d’émotions essentiellement positives lors des proclamations de résultats. Il est évident que la participation des élèves à ce type de compétition les aide à développer des compétences liées à l’expression orale (domaine 1 du socle, s’exprimer à l’oral en continu et en interaction).
Je pense aussi que ce type de compétition permet un ancrage plus durable dans la mémoire des élèves, de l’expérience qu’ils ont vécue tout au long de l’année lors leur participation à ces projets scientifiques. La participation au concours C.Génial-collège, nous a permis d’obtenir un soutien financier de « Sciences à l’École » et de la Fondation C.Génial. Je tiens à les remercier pour cette aide.
Les #Radisculteurs présenteront également leur projet au Forum Faites de la Science, le 11 mai 2017 sur le campus d’Orsay. Je remercie donc également « Faites de la Science » pour le soutien qu’ils apportent au projet des #Radisculteurs.
Après avoir travaillé pour Sciences à l’école, vous réintégrez un établissement cette année pour enseigner. Quel regard portez-vous sur les nouveaux programmes du collège ?
Hormis la nouveauté que constituent les EPI, dont j’ai parlé plus haut, les nouveaux programmes de collège, en SVT notamment, me rendent très enthousiaste pour plusieurs raisons.
Je suis très satisfait de voir dans ces nouveaux programmes de SVT, une “liste de notions” beaucoup moins détaillées que dans les programmes antérieurs. Il me semble que cette orientation offre une plus grande liberté pédagogique aux enseignants (liberté que je ressens quotidiennement lors de la préparation des cours et qui participe à mon enthousiasme).
Je suis plutôt convaincu par l’enseignement spiralaire. Le fait de proposer un apprentissage sur un temps long, avec des répétitions et une complexification progressive aura des effets positifs, je pense, sur le développement des compétences des élèves.
Je suis également satisfait de voir arriver la météorologie et la climatologie en cycle 4. D’une part, parce que je pense que le travail autour de ces thématiques est essentiel pour la culture scientifique des futurs citoyens que sont nos élèves. D’autre part, parce que je pense que la météorologie est un domaine qui offre de nombreuses possibilités pédagogiques. Elle permet le travail en interdisciplinarité (avec les enseignants de technologie, de physique-chimie et de mathématiques essentiellement) et constitue ainsi un objet qui est parfaitement adapté aux EPI.
Entretien par Julien Cabioch
Léonard Ponteri : Un poulailler pédagogique au collège
Comment faire réfléchir des collégiens au défi de nourrir l’humanité ? Pour Léonard Ponteri, professeur de SVT au collège REP Frédéric Mistral à Avignon (84), en installant un poulailler pédagogique au collège. De la pesée des déchets collectés au nourrissage des volatiles, ses collégiens de 6ème s’impliquent fortement dans la démarche. Concerné également par la liaison école-collège, Léonard Pontéri responsabilise ses 6ème en créant des binômes écoliers-collégiens. Rencontre avec un enseignant aussi engagé dans un groupe de travail académique sur l’Education au développement durable (EDD).
Quelle est l’origine de ce poulailler pédagogique mis en place dans votre établissement ?
Le mot « origine » peut avoir ici une double signification. Du point de vue pratique toute la structure a été conçue par nos agents (anciens ATOSS, à présent Agents Régionaux des Lycées). J’avais initialement imaginé un mécénat, j’avais pour cela pris contact avec une grande enseigne de jardinerie afin de voir s’il y avait une possibilité qu’elle soit notre partenaire sur ce projet en nous offrant un poulailler. Malgré l’appui de l’antenne locale de cette enseigne, notre projet n’a pas été retenu à l’échelle nationale. Toutefois je pense que cette démarche n’est pas à écarter totalement.
Nos agents m’ont donc proposé de nous construire notre poulailler, et je dois dire qu’ils en ont été particulièrement fiers et ont acquis auprès des élèves qui désormais les identifient un grand capital de sympathie. Le coût total pour un poulailler en bois autoclavé, avec un toit étanche et un enclos grillagé d’environ 12m2 est d’approximativement 300 euros.
Du point de vue du cheminement intellectuel, les choses ont évolué plus lentement. Faisant partie du groupe de travail académique sur l’EDD, nous sommes régulièrement amenés à aborder les problématiques des déchets et celle de l’alimentation. Aussi, l’idée de lier fortement les deux a germé lentement. Le « déclic » est venu de l’appel à projet lancé par le ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer « 10000 coins nature dans les écoles et les collèges ». Dans le cadre de cette opération la possibilité de création d’un poulailler pédagogique est évoquée et ouvre droit à un financement. J’ajoute que dans le cadre de la mise en place de l’EIST en 6è, ce projet est particulièrement adapté puisque nous avons dans mon établissement choisi de lier les trois disciplines autour de la problématique suivante : « comment au regard des prévisions d’accroissement démographique d’ici à 2050 relever le défi de nourrir l’humanité ? ».
Concrètement, comment les poules sont-elles nourries ? Quels sont les relevés effectués ? Par qui et quand ?
Ce sont les élèves de 6è qui nourrissent les poules. Sur l’ensemble des classes la liste des élèves volontaires a été établie (ils sont quasiment tous volontaires). Nous avons préalablement, classe par classe, établi une liste des restes de plateaux repas qui pouvaient servir d’aliment. Chaque jour du lundi au vendredi un élève demi-pensionnaire (DP) accompagné d’un externe ou d’un autre DP collecte, après avoir fini son repas, des restes dans les plateaux d’autres collégiens. Pour cela ils récupèrent à la « plonge » de la cantine deux bidons, l’un dans lequel ils mettent des restes compostables et l’autre des restes consommables par les poules. Certains restes appartiennent aux deux catégories, d’autres pas (les poules peuvent avoir en petite quantité dans leur ration des déchets carnés). J’ai dans un premier temps accompagné les élèves au réfectoire lors de leur collecte afin de les guider et d’expliquer aux autres collégiens notre action.
Une fois quelques restes collectés, les élèves passent à l’accueil de l’établissement où se trouve une balance. Là ils pèsent leurs déchets et en font une brève description. Ces indications sont inscrites sur un tableau qui se trouve précisément à l’accueil et sur lequel figurent également le nom des élèves qui vont assurer ce nourrissage et la date.
Les élèves se rendent ensuite au poulailler (après être passés par le composteur), ils y déversent les restes de cantine, complètent le niveau d’eau de l’abreuvoir à l’aide d’un arrosoir et collectent les œufs tout en les datant. Ils rincent ensuite leurs deux bidons, repassent par l’accueil où ils déposent les œufs et notent sur le tableau le nombre d’œufs collectés, puis, enfin, ils ramènent les deux bidons à la cantine. Le vendredi des graines sont données en complément pour le week-end.
Pour les « petites » vacances, les poules restent au collège, un nourrissage étant organisé par différentes bonnes volontés tous les trois ou quatre jours. Pour les vacances d’été elles seront placées « en pension » et récupérées en septembre.
Votre idée est d’extrapoler ces données sur l’ensemble des déchets produits par l’établissement, et même au-delà de voir les villes comme des lieux de productions alimentaires. Pouvez-vous nous en dire davantage ?
Notre poulailler est un poulailler « pédagogique » parce qu’il constitue un objet d’étude, sinon il s’agirait d’un poulailler tout court. L’EDD est une éducation au choix, aussi l’intérêt de ce projet est de mener une réflexion autour de notre alimentation. La pesée des déchets collectés, mise en perspective avec le nombre de plateaux repas qui ont fourni ces déchets permet d’imaginer à l’échelle de l’établissement la masse totale de déchets produits quotidiennement. Cela permet au passage de parler de moyenne, d’extrapolation et de statistiques, donc de faire des mathématiques appliquées. Les observations réalisées au poulailler permettent de quantifier la ration moyenne dont une poule a besoin. Ainsi il est facile d’imaginer combien nous pourrions en nourrir si l’ensemble des déchets étaient collectés. Nous abordons aussi les difficultés qu’un tel élevage pourrait causer, les risques sanitaires, etc. Nous abordons la problématique dans sa globalité en tenant compte des avantages et inconvénients. Ensuite il est possible d’extrapoler à l’échelle d’une ville ou d’un ensemble d’établissements scolaires. Cet aspect du projet me semble particulièrement intéressant car il permet de sensibiliser à l’aspect prédictif des sciences et de comprendre comment l’extrapolation de données à partir d’un échantillon que l’on juge représentatif peut servir de base de réflexion pour aborder certains problèmes à une plus grande échelle.
Comme je l’ai dit précédemment nous avons choisi en 6è de travailler autour de la thématique de l’alimentation humaine et des enjeux de santé, d’économie, d’environnement, qui gravite autour de cette thématique. Parmi ces enjeux la question des surfaces allouées à l’agriculture est une dimension importante. Nous partons avec nos élèves du constat que plus de la moitié de la population humaine vit dans les villes, qui donc aujourd’hui, représentent des lieux de consommation. Nous essayons de voir dans quelle mesure et avec quelles contraintes les espaces urbanisés pourraient devenir des lieux de production. Le jardin pédagogique hors sol du collège participe également de cette réflexion. Je n’ai toujours pas « enterré » totalement si l’on peut le dire ainsi un projet de jardin sur les toits de l’établissement ; projet qui évidemment soulève des questions de sécurité mais qui permettrait de mener une réflexion intéressante sur l’occupation des toitures dans les agglomérations. Les œufs collectés représentent la production nette, les déchets la ressource.
Quelles sont les recommandations données par les services vétérinaires vis-à-vis du poulailler ? Par votre hiérarchie ?
Ma hiérarchie m’a encouragé et épaulé dans ce projet. La seule crainte formulée l’a été par le chef cuisinier qui a craint au départ que la collecte des déchets soit problématique. Cette crainte a été rapidement dissipée car cette collecte est effectuée par les élèves, en autonomie totale. En outre, elle représente de faibles quantités et ne génère donc aucun désagrément ni ralentissement à la demi-pension.
Les services vétérinaires nous ont simplement demandé de couvrir notre poulailler à l’aide d’un filet de volière afin d’éviter les contacts, directs ou indirects, entre oiseaux sauvages et domestiques. Evidemment si des cas avérés de grippe aviaire étaient signalés dans la région il se pourrait que des mesures plus contraignantes soient à appliquer. Pour l’heure ce n’est pas le cas et si cela arrivait cela deviendrait également un objet d’étude et de réflexion.
Quels retours avez-vous ce projet ? Quel premier bilan tirez-vous cette innovation ?
Ce projet suscite un vif intérêt dans l’établissement et en dehors. Je suis surpris de l’enthousiasme des élèves à l’idée que leur tour vienne d’aller nourrir les poules, collecter les œufs et simplement les regarder. L’appétence scolaire est un élément difficile à quantifier mais il me semble que chez des enfants pour qui parfois l’école est synonyme d’échec et de conflits, c’est une dimension essentielle, celle qui permet ensuite à certains de devenir élèves. Il ne se passe pas une journée sans que la demande de se rendre au poulailler me soit exprimée.
Sur le fond, la diversité des remarques et questions émanant des élèves montre qu’un tel projet permet d’aborder le concept de Développement Durable dans sa globalité et sa complexité, d’en cerner les enjeux majeurs et donc de former à l’écocitoyenneté. Le recul nous manque pour en faire un bilan plus poussé mais déjà les portes ouvertes sont nombreuses et permettent à de nombreuses disciplines de s’agréger autour de ce projet.
En quoi contribuez-vous à la liaison école-collège ?
Notre collège est classé REP ; aussi, et même avant qu’il obtienne cette qualification, nous avons travaillé de concert avec les enseignants du premier degré afin de mettre en place une liaison école-collège. J’insiste sur le fait qu’il s’agisse d’une liaison école-collège et non pas CM2/6è. Si cette dernière possibilité existe, elle n’est pas la seule, loin de là. J’ai choisi après l’avoir expérimentée de ne plus mettre en place de liaison CM2/6è mais d’augmenter l’écart d’âge. Ainsi, j’ai conduit en collaboration avec les professeurs des écoles des liaisons CM2/4è, CE2 ou CM1/6è, maternelle/6è et cette année maternelle/CE2/6è.
Au regard du profil de nos élèves, creuser l’écart d’âge s’est avéré plus judicieux en terme de qualité des actions entreprises, l’écart ainsi créé permettant notamment de fonctionner selon un principe de tutorat des plus jeunes par leurs aînés. Ainsi, l’idée est de placer les élèves de 6è en responsabilité. Pour cela nous faisons des binômes constitués d’un collégien et d’un écolier. Le collégien doit utiliser les compétences qu’il a acquises afin de permettre à l’écolier dont il a la «responsabilité » de mener à bien l’activité proposée sans l’effectuer à sa place !
Les bénéfices de cette modalité de liaison sont multiples et différents selon que l’on se place du côté du collégien « passeur de savoirs/savoirs-être/faire » ou bien de l’écolier. Notons que pour ces derniers le fait de multiplier les actions de liaison au cours de leur cursus à l’intérieur du premier degré permet « d’apprivoiser » progressivement l’entrée au collège puisqu’aussi bien les locaux que certains visages d’adultes référents leur deviennent ainsi familiers.
La mise en place d’un conseil école/collège et la tenue de trois réunions de travail annuelles regroupant professeurs des écoles et de collège permettent d’assurer la préparation, le suivi et la pérennité de ces actions de liaison.
Je suis cette année engagé dans deux actions de liaison, l’une impliquant trois niveaux (moyenne section de maternelle/CE2/6è) et l’autre deux (CM1/6è). Les modalités sont celles que j’ai décrites plus haut, seuls les contenus diffèrent.
Entretien par Julien Cabioch
Dans le Café
Des coins nature dans les écoles et établissements
Frédéric Tomatis : Des robots programmables au service des SVT
Quelles sont les plus-values pédagogiques des Ozobots ? Comment modéliser les échanges placentaires avec un robot ? Frédéric Tomatis, enseignant de SVT au collège Jean Zay à Chambon sur Voueize (23) utilise les robots Ozobot en classe. Faisant lien avec les mathématiques et la technologie, l’utilisation de ces outils facilite la modélisation des fonctionnements biologiques à l’école et au collège. 270 robots sont déjà déployés dans l’académie de Limoges. Bien moins coûteux que leurs cousins Nao et Poppy, ces ozobots permettent une variété d’usages pédagogiques.
Quels objectifs pour ces mini-robots ozobot?
Ce projet s’inscrit dans le cadre d’une équipe de recherche et de réflexion (ERR). Il consiste à utiliser de petits robots programmables (Ozobot) dans diverses disciplines (ici les SVT) où la programmation n’est pas un objectif notionnel mais où leur utilisation peut apporter une plus-value.
Avec Arnaud Carricart, mon collègue de technologie, nous voulions permettre aux élèves de réinvestir les compétences acquises dans une autre discipline (technologie) et modéliser un fonctionnement biologique à l’aide d’un outil technologique.
Nous avons élaboré une séquence de travail en cycle 4 avec des élèves de 4ème. L’objectif pour les élèves était de modéliser les échanges placentaires entre la mère et le fœtus en utilisant les Ozobots.
Lors d’une séance de technologie, en amont de la séance de SVT, les élèves se sont appropriés l’utilisation des robots et la notion de boucle (si…. alors… sinon). Puis en SVT, les élèves ont programmé ces Ozobots à l’aide du site Ozoblockly afin de matérialiser les échanges placentaires. Ces derniers jouaient le rôle de globules rouges transportant le dioxygène et le CO2.
Pour vous, quelles sont les potentialités de ces robots pour l’enseignement ?
L’utilisation de ces petits robots revêt à la fois un caractère ludique et concret pour les élèves. L’appropriation de la programmation par bloc est finalement assez rapide que ce soit pour les élèves comme pour les professeurs non spécialistes. Mon collègue m’a initié à leur utilisation en une dizaine de minutes. Le transfert des compétences acquises sur la programmation en mathématiques et en technologie ne pose aucun problème et permet ainsi aux élèves de s’investir pleinement dans l’activité de SVT.
Quels usages précis peut-on en faire en SVT ? Et dans d’autres disciplines ?
Concernant les SVT, deux exemples de réalisations faites dans l’académie sont disponibles sur le site académique. D’autres activités comme celle que nous avons menée sont envisageables. En mathématiques, la programmation est abordée avec le logiciel Scratch. Mais il est tout-à-fait envisageable d’utiliser ces robots d’autant que la programmation dans Scratch se fait aussi par bloc.
Côté rectorat, comment se coordonne le projet ? Pour quels moyens ?
Le projet est coordonné par la DANE qui a créé une ERR composée d’une quinzaine de personnes. Elle regroupe des enseignants et des formateurs du premier et du second degré, des personnels de Canopé et de l’Espé. Cette diversité des profils est tout-à-fait intéressante et permet l’élaboration d’une grande variété d’activités.
C’est aussi la DANE qui a acheté les 270 robots qui sont déployés dans l’académie. Pour ce qui est de l’utilisation en SVT, l’IA-IPR a été associé au suivi de l’expérimentation, il donne d’ailleurs son point de vue dans un article sur le site disciplinaire académique.
Comment sont formés les enseignants de l’académie à l’utilisation de ces robots en classe ? Et au codage ?
Des stages ont été programmés au PAF (second degré) et aux PDF (premier degré), afin de faire découvrir ces robots et leurs potentialités, ainsi que la logique de leur programmation. Cependant la programmation par blocs étant très intuitives, ces formations sont surtout l’occasion de présenter des exemples d’utilisations pertinentes de ces robots, pour lesquelles ils apportent une plus-value intéressante.
Quels retours avez-vous des établissements ayant mis en place ce projet ? Où peut-on trouver des exemples de production ?
L’année n’est pas encore finie, donc c’est encore un peu tôt pour avoir des retours complets. Mais pour l’instant, tous les retours sont positifs. Les collègues apprécient particulièrement la facilité de mise en œuvre de ces robots et le fait d’en avoir suffisamment pour faire travailler les élèves par 2 ou même de façon individuelle. Ils notent également la grande variété d’activités possibles, depuis la programmation par codes couleurs avec de simples feutres, jusqu’à la programmation par blocs avec 4 niveaux de difficultés via l’application en ligne ozoblockly. En découvrant ces robots, des collègues ont également eu envie de réfléchir à des EPI, qui devraient se concrétiser l’année prochaine.
Les productions du groupe de travail académique, y compris les exemples d’activités et les modules de formation sont publiées sur le site robotcode. Au collège, je peux signaler le formidable projet mené en français, dans la classe de troisième de Cyril Mistrorigo (IAN de lettres) au collège d’Égletons.
Entretien par Julien Cabioch
Dans le Café
Cyril Mistrorigo : Ciel ! Des robots en cours de français !
Amélie Fleury : Raconter avec des robots ?
Un collège pilote La Main à la pâte à Sartrouville
« J’aimerais qu’il y ait davantage de vocations vers les carrières scientifiques ». Le 13 juin le collège Rep L Paulhan de Sartrouville a inauguré sa qualité de « collège pilote La main à la pâte ». Djamila Gadouche, professeure de SVT revient sur ce partenariat avec La Main à la pâte qui ne concerne encore qu’une poignée d’établissements.