« Appréhender le soin dans les situations éducatives constitue un enjeu majeur ». Séverine Colinet présente un nouveau think tank qui veut articuler les univers du soin, du handicap et de l’éducation. Séverine Colinet, fondatrice, présente le think tank.
Qu’est-ce que le Think Tank Articulation Education, Soin et Situation de Handicap ?
Le think tank a pour principal objectif de rendre compte des études, des initiatives de recherches et de terrains professionnels oeuvrant au rapprochement des champs de l’éducation, du soin, des situations de handicap. De la condition physique des enseignants à celle de leurs élèves aux occasions d’apprendre parce que le soin est en jeu, ou plus spécifiquement au lien entre soin, éducation et sentiment de bien-être, les perspectives sont nombreuses. Appréhender le soin dans les situations éducatives constitue donc un enjeu majeur dont il faut continuer à se préoccuper.
L’éducation et le soin sont les deux piliers des sociétés modernes. En effet, dès lors que celles-ci peuvent consacrer une part importante de leurs moyens à autre chose qu’à leur subsistance et à leur sécurité, elles cherchent à augmenter à la fois leur niveau d’éducation et le niveau de soin des citoyens.
Si aujourd’hui les discours affichent une volonté de rapprochement entre ces deux piliers, rien ne se réalise instinctivement en la matière, ces secteurs ne coopérant pas nécessairement en raison de conceptions tubulaires héritées pour partie de différences culturelles. Pourtant, un traitement commun des besoins et des problèmes posés, s’affranchissant de politiques trop sectorielles et non coordonnées, passe par des rapprochements qui répondent à la nécessité posée par les politiques globales.
C’est pourquoi, ce Think tank s’inscrit dans le contexte politique de la prise en compte globale des conditions de bien-être et de santé des personnes, grâce à un décloisonnement des compétences au service des usagers et des acteurs. Il complète d’autres instances déjà existantes (observatoires, associations, …) qui, dans un certain nombre de cas, ne se consacrent qu’à l’éducation ou au soin ou à la santé ou encore aux situations de handicap, en valorisant des initiatives visant à faire converger les intérêts de ces secteurs.
Aussi, ses actions de repérage et de valorisation contribuent à rendre compte du maillage des initiatives en cours et à amplifier leur portée, qu’il s’agisse de projets, de partenariats ou de missions d’expertise et de formation.
On peut également observer qu’un enjeu fort et concret de la politique éducative repose sur une démarche participative pour rendre acteurs les élèves de leur propre soin et de celui de leurs camarades. C’est donc un axe qui a été retenu dans ce Think Tank. En effet, tous les acteurs sont face à une entreprise majeure, celle d’adapter les conditions de l’école pour produire un environnement scolaire favorable, et faire de celle-ci un lieu privilégié, salvateur pour le soin et le bien-être dans notre société. Aussi, nous faisons le pari d’initiatives prônant l’articulation de l’éducation, du soin et des situations de handicap pour y parvenir.
Pourquoi ce terme « articulation » ?
Nous avons souhaité mettre l’accent sur l’articulation dont les synonymes sont nombreux : hybridation, maillage, croisement, métissage. Ils reflètent l’ambition que nous souhaitons faire vivre à travers ce Think tank. L’articulation serait comme une qualité, une possibilité encore peu sollicitée ou méconnue. Notons que, quand on grandit, c’est souvent au niveau des articulations que c’est douloureux ; donc ce niveau est à travailler pour se grandir.
Un projet en cours ?
A titre illustratif, on peut citer un projet en cours que l’on mène en collaboration avec une enseignante, une orthophoniste sur l’invisibilité et la visibilité des déficiences. Nous avons proposé l’expérimentation par tous, élèves, enseignants, personnel d’éducation et parents, de parcours de déficiences telles que dyslexie, dyspraxie, dysorthographie, lenteur d’exécution, bégaiement, déficience visuelle, auditive, motrice et autres. L’idée est très simple : on retient mieux ce que l’on a ressenti et la non-visibilité, la non-perception ne sont pas synonymes d’une inexistence.
Propos recueillis par Béatrice Mabilon-Bonfils
Directrice du laboratoire BONHEURS (Bien-être, Organisations, Numérique, Habitabilité, Education, Universalité, Relation, Savoirs)
Université de Cergy-Pontoise