qui est destinée au juste la circulaire de rentrée 2015 ? Bien sûr aux personnels de écoles et des établissements. Mais alors que les représentants des enseignants pour une fois demandaient unanimes le 3 juin, au Conseil supérieur de l’éducation, le report des différents « parcours » et de l’Enseignement moral et civique (EMC), la circulaire leur apporte, dès le 4, une réponse négative. Encore une fois ça ne traine pas… Vantant une école plus juste, plus inclusive, plus républicaine, la circulaire énumère des dispositifs qui défendent mollement ces principes.
Pour les enseignants du primaire
La circulaire débute par l’objectif d’une école « plus juste ». Pour cela elle rappelle la mise en place des nouveaux programmes de maternelle et promet des ressources pour la rentrée 2015. L’annonce de la carte des langues vivantes est la seconde annonce importante. » Présentée en décembre 2015, elle indiquera, pour chaque école et chaque collège, les langues offertes aux élèves et s’assurera de la continuité de l’offre du cours préparatoire jusqu’à la terminale, dans toutes les voies d’enseignement et séries… Le travail devra être finalisé à la fin du premier trimestre de l’année scolaire 2015-2016″.
Troisième élément important, le test de CE2 entrera en vigueur en 2015-2016. » Une évaluation du niveau des élèves en français et en mathématiques, à des fins diagnostiques, est mise en place au début de la classe de CE2 pour permettre aux équipes pédagogiques d’identifier les difficultés et de mettre en place une réponse adaptée aux besoins de chaque enfant ». Une banque d’outils d’aide à l’évaluation diagnostique en ligne sera publiée par le ministère durant le premier trimestre de l’année scolaire 2015-2016.
L’objectif de parcours plus personnalisé est marqué par la quasi interdiction du redoublement. » Le redoublement ne peut être proposé qu’à titre exceptionnel, à l’issue d’un dialogue avec l’élève et sa famille, et il est proscrit à l’école maternelle ».
L’Education morale et civique démarrera à la rentrée 2015 malgré la demande de report des syndicats. » Un livret dédié au parcours citoyen sera disponible dans toutes les écoles et les établissements du second degré. »
La réorganisation de l’accueil du handicap
« Les élèves dont les difficultés scolaires relèvent d’un trouble des apprentissages peuvent désormais bénéficier d’un plan d’accompagnement personnalisé (Pap). Un document type national est mis à disposition des équipes afin de les accompagner dans la prise en compte des besoins de l’élève », explique la circulaire. Elle rappelle les dispositifs rénovés : » Le projet personnalisé de scolarisation (PPS) et le guide d’évaluation des besoins de compensation en matière de scolarisation (Geva-Sco) favorisent un dialogue accru entre les familles, les équipes éducatives de suivi de la scolarisation et les maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) ; ils garantissent aussi l’harmonisation des procédures et des décisions au plan national ». Enfin elle annonce les nouveaux termes pour les clis : « S’agissant de la scolarisation des élèves en situation de handicap, pour favoriser la continuité des parcours et harmoniser les pratiques entre le premier et le second degrés, la nouvelle circulaire sur les unités localisées pour l’inclusion scolaire (Ulis) redéfinit les classes pour l’inclusion scolaire (Clis) qui deviennent des « Ulis école ». Désormais appelés « Ulis école », « Ulis collège » et « Ulis lycée » ».
Pour le second degré
L’annonce de la carte des langues vivantes a la fin du 1er trimestre 2015-2016 concerne aussi les collèges et lycées. Elle devrait donner aux latinistes et aux professeurs d’allemand des indications sur le devenir de leurs postes à la rentrée 2016. A noter qu’elle sera accompagnée du développement de l’enseignement à distance. » Pour favoriser la mutualisation de l’offre de formation en langues vivantes et ainsi l’attractivité d’un plus grand nombre d’établissements dans un souci de mixité sociale, le Cned proposera à titre expérimental, dans quelques académies, un dispositif de formation hybride (en présence et à distance), sur des langues rares ou peu enseignées, à la rentrée scolaire 2015″.
Mais la grande annonce c’est la mise en place à la rentrée 2015 des parcours d’éducation artistique et culturelle et du Parcours d’Avenir (PIIODMEP) qui doit aider l’orientation des élèves. Le 3 juin, les syndicats avaient demandé le report de ces deux parcours à la rentrée 2016 avec de solides arguments comme le fait que ces parcours renvoient au nouveau socle. Le ministère vient de leur répondre.. Autre point important : une application électronique permettra le suivi de l’élève. Elle devra donc être remplie par les enseignants. ..
Sur la question de l’insertion professionnelle , la grande nouveauté c’est l’apparition d’une nouvelle catégorie d’élèves les « stagiaires de la formation initiale ». « Il concernera les jeunes à partir de 15 ans scolarisés dans un établissement du second degré ; les jeunes conserveront le statut scolaire et bénéficieront d’un parcours de formation « sur mesure » et d’un accompagnement personnalisé formalisés sous forme de contrat ». Ce dispositif est présenté comme un moyen de lutte contre le décrochage. Il a pourtant été testé à cette rentrée par l’académie de Versailles pour ne pas scolariser normalement des redoublants de terminale.
La circulaire annonce aussi des expérimentation apportant de la souplesse au cheminement des élèves. » Une plus grande diversité et souplesse des parcours seront encouragées, notamment avec la validation modulaire et progressive, dans un cadre réglementaire adapté à titre expérimental, de certaines spécialités de diplômes professionnels, la prise en compte des acquis et la conservation des notes au-dessus de 10 pour tous les candidats au baccalauréat ayant échoué à l’examen. Les académies poursuivront les expérimentations visant à organiser une période de détermination de quelques semaines en début de seconde professionnelle ou en première année de CAP, pour permettre aux jeunes de choisir au mieux leur spécialité. »
Le ministère insiste aussi sur les pôles de stages. » les pôles de stages constituent une traduction concrète de la relation entre école et entreprise en faveur de l’orientation et de la formation. Chaque pôle de stages devra être opérationnel dès la rentrée 2015, avec un objectif : faciliter l’accès des jeunes aux stages et aux périodes de formations en milieu professionnel (PFMP). » Dans de nombreuses académies ils existaient déjà sans forcément répondre aux besoins des élèves les plus discriminés.
La circulaire énumère les dispositifs concernant l’éducation prioritaire : le millier de réseaux rep et rep+, les postes surnuméraires. Elle rappelle le décret sur la nouvelle sectorisation des collèges sans fixer d’objectifs précis à son application.
La dernière partie consacre le lutte pour les valeurs de la République avec l’introduction de l’EMC dès la rentrée 2015 alors que les syndicats avaient demandé le report à la rentrée 2016. On voit pourtant mal comment les enseignants pourraient s’emparer des nouveaux programmes sans manuels, sans formation…
Et de l’espoir..
» Fédérer les efforts de tous, au sein de l’école et au-delà de l’école, vers un objectif partagé, celui de la réussite des élèves, en s’appuyant sur tous les leviers créés par la refondation : tel est bien l’enjeu de la rentrée 2015-2016″, conclue la circulaire. Cette année encore elle tient plus du discours politique que de l’organisation concrète de la rentrée. Peu de dispositifs sont accompagnés d’objectifs précis. Mais il n’y a pas de rentrée sans espoir et illusions…
François Jarraud
La circulaire
http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officiel.html?cid_bo=89301
Consensus. C’est le mot clé du discours ministériel sur le nouveau calendrier scolaire présenté le 2 avril par N. Vallaud-Belkacem. La ministre a clairement enterré la perspective d’une réduction des congés d’été comme le retour à une rentrée des enseignants en septembre au nom d’un consensus avec les très nombreux acteurs concernés. C’est la troisième information du jour : le calendrier scolaire doit bien tenir compte des intérêts économiques importants qui en dépendent.
« J’ai été étonnée du nombre de sujets accouchés aux forceps » , dit d’emblée N Vallaud-Belkacem en présentant le 2 avril le nouveau calendrier scolaire des années scolaires 2015 à 2018. Par opposition, la ministre présente un calendrier « associant tous les acteurs , avec des règles claires et stable ». Car ce calendrier « pensé dans le moindre de ses détails » prend en compte les intérêts de l’industrie touristique.
Un zonage pour l’industrie touristique
Le nouveau calendrier tranche la question du zonage pour préserver l’intérêt des stations de ski. Les parents de la Fcpe et de la Peep tout comme le Snuipp demandaient le passage à 2 zones pour mieux assurer le rythme 7 semaines travaillées, 2 semaines de repos et garantir un troisième trimestre normal. La ministre a préféré satisfaire l’association des maires de stations de montagne (ANMSM) et maintenir 3 zones. » Les professionnels et élus de la montagne font valoir la sensibilité particulière de l’activité économique des zones de montagne – la zone Montagne concentre 30 % des investissements touristiques nationaux – au positionnement des vacances de printemps. En particulier, il a été constaté, à partir de 2010, une forte diminution des journées skieurs des vacances de printemps qui s’explique notamment par le positionnement fin avril/début mai des vacances scolaires », écrit le ministère dans le dossier de presse. Il a donc décidé de maintenir les 3 zones de façon à assurer les flux touristiques. « Le regroupement en trois zones a été réalisé sur la base des flux constatés sur les dernières années, saison par saison, à partir des zones de départ des vacanciers, en particulier à partir de l’enquête « Suivi de la demande touristique des Français » (SDT) réalisée par le ministère en charge des transports ». Le ministère justifie le fait que les vacances de printemps soient avancées d’une semaine par la volonté de maintenir le rythme régulier classe / congé. Mais il est visible qu’il tient compte d’un autre impératif : allonger d’une semaine le temps en station, les stations fermant traditionnellement le 20 avril.
Un trimestre de 11 semaines en 2018
Du fait de l’avancée des vacances de printemps, la période de classe entre vacances de printemps et vacances d’été sera encore plus longue. Ainsi en 2017-2018 la zone A (moitié sud de la France sans Toulouse Montpellier) aura 11 semaines de cours entre la fin des vacances de printemps le 23 avril et la fin de l’année le 7 juillet. Mais le ministère met en avant l’existence de 3 jours fériés (les 8, 10 et 21 mai) pour atténuer ce long trimestre.
La rentrée en août
En 2015 les enseignants rentreront le 31 août au lieu du 28 août. En 2016 la date du 31 août est maintenue. En 2017 la rentrée aura lieu le 1er septembre. La ministre franchit donc le Rubicon symbolique d’août malgré le dépôt par le Snalc d’un préavis de grève pour cette date. Là aussi NVallaud Belkacem invoque le consensus : « on a écouté tous les acteurs. Il y a adhésion sur l’idée que les élèves entrent le 1er septembre et les enseignants un jour avant ». Sauf qu’en 2018 les élèves entrent un 4 septembre…
La réduction des vacances d’été définitivement écartée
Interrogée par le Café pédagogique sur la réduction des vacances d’été qui avait été envisagée sous Luc Chatel et durant la concertation sur la refondation, la ministre estime « qu’il ne s’agit pas de bouleverser la donne. Le cadre légal actuel (36 semaines de cours) est le bon. On est allé le plus loin possible dans ce que permet le consensus ». La ministre écarte donc définitivement une réduction longtemps présentée comme normale et alignant la France sur la norme européenne.
Il y a finalement peu de changements au calendrier prévu en 2016-2016 si ce n’est l’avancée des vacances de printemps. La rentrée est repoussée au 31 août au lieu du 28. Celle des élèves a lieu le 1er septembre au lieu du 31 août. En 2016, la sortie aura lieu le 5 juillet (au lieu du 2 juillet) et le 8 juillet en 2017. En 2016, le vendredi 6 mai et le samedi 7 mai seront fériés. En 2017 ce sera les 26 et 27 mai. Cela tranche une situation très variable selon les endroits.
Deux demi journées à disposition du recteur
Le nouveau calendrier prévoit que deux demi-journées prises hors des heures de cours pourront être mobilisées par les recteurs pour permettre des « temps de réflexion et de formation », par exemple sur les réformes. Ces deux demi journées remplacent la journée de pré rentrée supprimée car jugée « inutile » par la ministre. Des professeurs des écoles nous ont confié que cette journée qui permettait de caler les projets de l’année leur manqueront. Les deux demi journées de formation pourront être fixées un mercredi après –midi, a précisé la ministre .
Le nouveau découpage régional
Du fait des 3 zones, l’alternance 7 semaines travaillées – 2 semaines de vacances n’est pas exactement respectées. Ainsi en 2017-18, la dernière partie de l’année durera de 9 à 11 semaines selon les zones. Mais elle comprendra 3 jours fériés.
Les nouvelles zones tiennent compte des nouvelles régions. La zone A comprend la nouvelle Aquitaine, la région Auvergne – Rhone Alpes, et la Bourgogne – Franche Comté. La région B correspond à la moitié nord de la France : Nord – Picardie, est, Bretagne, Pays de la Loire, Val-de Loire Centre. La zone C comprend l’Ile-de-France et le Midi – Languedoc. Ce découpage vise aussi à limiter les embouteillages, selon le ministère.
Le calendrier doit maintenant passer devant le Conseil supérieur de l’éducation. Ce sera l’occasion de vérifier le « consensus ».
François Jarraud
Les calendriers scolaires 2015-2018
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Documents/docsjoints/calendrier15-17.pdf
« Dans les écoles et les établissements, la procédure d’élaboration de la liste des fournitures demandées aux élèves doit respecter les principes mentionnés dans la présente circulaire. Conformément aux préconisations du rapport « Grande pauvreté et réussite scolaire », remis par Jean-Paul Delahaye, inspecteur général de l’éducation nationale, il revient aux corps d’inspection, aux directeurs d’école et aux chefs d’établissement de veiller au respect de ces recommandations et à leur application effective sur le terrain ».
La nouvelle circulaire publiée au BO du 18 juin, demande notamment d’informer les associations de parents avant de publier la liste commune de fournitures. Elle confie dans le secondaire au conseil pédagogique de « proposer une liste de fournitures communes à plusieurs disciplines, dans le cadre de l’harmonisation des pratiques. Une fois la liste des fournitures arrêtée, selon le cas, par le conseil d’école ou le conseil d’administration, elle constitue un cadre de référence pour les demandes effectuées par les enseignants. »
Au BO
http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officiel.html?cid_bo=89611